Sida : plus de 200 enfants irakiens infectés par du sang contaminé importé de France dans les années 80

Au moins 238 enfants irakiens, âgés entre 6 mois et 12 ans, ont été infectés par le VIH/sida dans les années 80 par la transfusion de sang contaminé importé par l’ancien régime de Saddam Hussein d’une société pharmaceutique française. Au moins 199 des enfants contaminés sont aujourd’hui décédés alors que les autres sont toujours dans l’attente du traitement nécessaire, a affirmé hier à l’AFP le Comité du Croissant-Rouge irakien. « Les négociations avec la compagnie se sont arrêtées en 2004 sans parvenir à un accord convenable pour les victimes », a affirmé le président du Comité, Saïd Ismaïl Hakki. Selon lui, la compagnie a proposé une indemnisation allant de 5 000 à 25 000 dollars américains. « Cette somme ne couvre absolument pas les coûts du traitement (...) Est-ce que la vie d’un Irakien ne vaut pas plus de 5 000 dollars ? » a-t-il déploré, tout en indiquant que le Comité réclame aujourd’hui 238 millions de dollars, ce qui équivaut à un million par victime. « Nous avons déposé une plainte judiciaire contre les sociétés Sanofi-Aventis et Baxter à Paris et à Washington », a affirmé M. Hakki. Selon lui, la société française a distribué le sang contaminé en Irak, en Libye, en Tunisie, en Algérie et même en France, malgré les avertissements de l’Administration américaine des denrées et médicaments (Food and Drug Administration). Toujours selon M. Hakki, le sang importé de France au début des années 80 devait servir au traitement des enfants atteints d’hémophilie. La date du procès a été fixée au 8 avril. « Le ministère irakien de la Santé envisage d’inclure ces sociétés sur sa liste noire et d’interdire l’importation de leurs produits pharmaceutiques », a assuré M. Hakki. Il a par ailleurs précisé que l’ancien ambassadeur français à Bagdad, Bernard Bajolet, a mené des négociations avec les compagnies sans parvenir à un accord. « Ces compagnies refusent toujours d’offrir le médicament nécessaire pour le traitement des personnes infectées par le sida », a souligné M. Hakki.