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Actualités - OPINION

Pourquoi un aéroport à Tripoli Guy Prosper GAY-PARA

Lors d’une récente conférence de presse (Voir L’Orient-Le Jour du 6 mars), le ministre du Tourisme, M. Joe Sarkis, a parlé de l’ouverture de l’aéroport de Tripoli-Kléiate au transport de passagers et à l’aviation privée. Qu’il en soit ici respectueusement remercié : il s’agit là, en effet, de l’une des mesures les plus souhaitables à prendre pour relancer non seulement le tourisme libanais, mais l’économie nationale dans son ensemble. Juridiquement et techniquement, la chose est facile : il suffit de vouloir. L’aéroport est là, son emprise au sol, sa piste et le bâti aussi, son statut d’aéroport « de dégagement » pour Khaldé, certifié depuis les années 50, et ses fonctionnaires (douanes et sûreté) déjà titularisés, donc disponibles. Et les quelques avions qui, de là, desserviraient Paris ou Londres, auraient une profitabilité remarquable, du fait de la proportion particulière de passagers à bord poursuivant ensuite leur voyage sur un « prolongement de trafic » (vers l’Amérique, l’Afrique ou ailleurs). Questions : chaque matin, combien de passagers habitant le nord du pays prennent-ils l’avion à Khaldé ? À quelle heure se réveillent-ils ? Dans quel état d’esprit font-ils la route ? Et aussi : au regard des standards internationaux, Tripoli et sa région ne composent-elles pas une « zone de chalandise » (géographique, démographique, etc.) justifiant d’être desservies en aérien, avec le très classique équipement aéroportuaire qui en constitue une digne porte d’entrée ? On ne le sait que trop, l’ouverture de l’aéroport de Kléiate au trafic de passagers bouleverserait les conditions de voyage des voyageurs habitant au nord de Ras-Chekka (hasard de l’histoire : l’ancienne limite du pays de Canaan). Gageons même que, jusqu’au Casino du Liban, nombre de clients en partance considéreraient cet aéroport comme une facilité hautement appréciable. Et sans embouteillages (donc plus rapide d’accès). Imaginons alors aussi : quelques comptoirs de compagnies aériennes sur le boulevard de Tripoli, des équipages étrangers (pilotes, hôtesses de l’air…) logeant certains soirs dans des hôtels de la région, ou même les boutiques hors taxes de cet aéroport (avec les douceurs bel achta dégustées encore fraîches). Je continue ? Imaginons aussi, et surtout, l’extraordinaire coup de fouet – impensable aujourd’hui – dont bénéficieraient Tripoli et Chekka avec leurs arrières-pays, le Akkar et sa façade maritime (qui serait alors urbanisée à des fins d’activités – professionnelles, résidentielles et récréatives – en rapport avec le bord de mer. Quoi encore ? Le Visage de Dieu (Wej al-Hajar, à Hamat) devenu attraction internationale, le tombeau de Moïse (à Qorhaïya sur le Nahr el-Bared) et celui de Josué juste à côté (à Nabi-Youchaa justement) enfin retrouvés, la mode des sports d’hiver aux Cèdres enfin relancée, la corniche d’el-Mina dotée d’un bel hôtel, le foul mdammas de Dannoun honoré par la presse internationale, la mafrouqué de Kahil mondialement connue, etc. Et même : un hydravion se posant un jour sur l’île aux lapins, juste pour honorer le souvenir des appareils d’Air Orient (son logo, l’hippocampe, fut repris par Air France) qui durant des années relièrent l’étang de Marignane au Mékong et la Saïgon River, et amerrissaient là car les eaux y sont toujours calmes du côté opposé à celui d’où viennent les vagues (nota : les Phéniciens savaient déjà*). Citons-les, car ils le méritent : leurs pilotes avaient pour nom Saint-Éxupéry, Mermoz, Marchandise, Filaché. Il y avait même l’autre, là, celui qui, après s’être perdu dans les Andes, avait dit que ce qu’il avait fait, « aucune bête au monde ne l’aurait fait ! » Eh oui ! On peut aussi se souvenir que Tripoli a une longue, et belle, histoire dans le domaine du transport aérien. Merci donc, Monsieur le ministre ! Et surtout, poursuivez le dossier ! Guy Prosper GAY-PARA Docteur en économie du tourisme Conseiller – Fédération des syndicats touristiques (*) D’où les noms de rivages en Mars… signifiant la possibilité d’y faire halte [M stipule l’idée de lieu, et RS l’acte de jeter l’ancre] : Marsala, Marsa-Matrouh, Mersine, La Marsa (Tunis), Marsa-Klokh (Malte), Marsa-Gulbul (Érythrée). J’oubliais : Aïn-Mraissé ! Article paru le Lundi 19 mars 2007
Lors d’une récente conférence de presse (Voir L’Orient-Le Jour du 6 mars), le ministre du Tourisme, M. Joe Sarkis, a parlé de l’ouverture de l’aéroport de Tripoli-Kléiate au transport de passagers et à l’aviation privée. Qu’il en soit ici respectueusement remercié : il s’agit là, en effet, de l’une des mesures les plus souhaitables à prendre pour relancer non seulement...