Rechercher
Rechercher

Actualités

États-Unis - Le pamphlet a suscité un tollé dans tout le pays Un éditorial réveille le malaise entre communautés noire et asiatique américaines

La publication d’un éditorial violemment hostile aux Noirs dans un journal destiné aux Américains d’origine asiatique a réveillé, cette semaine, le malaise entre deux communautés qui partagent une histoire récente douloureuse. Dans son numéro du 23 février, AsianWeek, un hebdomadaire anglophone basé à San Francisco (Californie) et qui se présente comme « la voix des Asiatiques en Amérique » a publié un texte intitulé « Pourquoi je déteste les Noirs ». « Contrairement aux descriptions des médias, j’affirme que les Noirs sont faibles de caractère. C’est la seule race qui a été soumise à l’esclavage pendant 300 ans », écrivait notamment Kenneth Eng, contributeur de ce journal titrant à 48 000 exemplaires et fondé en 1979. La publication de ce pamphlet a été dénoncée de tous bords, aussi bien par des associations de la communauté asiatique que par des responsables politiques. Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants et élue de San Francisco, ville dont près du tiers de la population est d’origine asiatique, a affirmé que « la décision d’AsianWeek de publier (ce texte) était irresponsable ». Le journal a présenté ses excuses : « AsianWeek rejette les préjugés de M. Eng sur une partie essentielle de la société américaine, les Africains-Américains », a indiqué la rédaction mercredi sur son site Internet. « La publication de ce texte était une erreur qui n’aurait jamais dû avoir lieu », a ajouté AsianWeek, qualifiant cet incident « d’échec de notre processus éditorial » et promettant que M. Eng n’écrirait plus dans le journal. Earl Ofari Hutchinson, éditorialiste et analyste politique noir basé à Los Angeles, a du mal à croire à la sincérité des excuses. « Auraient-elles été présentées s’il n’y avait pas eu ce concert de protestations ? Je ne le pense pas », a-t-il déclaré à l’AFP. « Ce serait un défi à l’imagination de penser qu’un tel texte pourrait échapper aux responsables de la rédaction » avant l’impression. « Que la rédaction en chef ait été d’accord ou pas (avec l’éditorial), elle a accepté de le publier », a-t-il estimé. Bruce Gordon, le président de la NAACP, la principale organisation américaine de défense de la communauté noire, a déclaré pour sa part que « les écrits de M. Eng (mettaient) en évidence les tensions raciales, souvent cachées, mais toujours très présentes, entre les communautés aux États-Unis ». Les Noirs représentent 13,4 % de la population américaine, les Asiatiques 5 %, selon les statistiques de 2005. Le salaire moyen d’un ménage asiatique est de 61 000 dollars annuels, mais seulement 30 000 dollars pour un ménage noir. Un quart des Noirs vivent sous le seul de pauvreté, contre 11 % des Asiatiques. Cette affaire éclate 15 ans après les émeutes raciales de Los Angeles, provoquées par l’acquittement de policiers blancs accusés d’avoir battu un conducteur noir. Mais les violences avaient surtout touché la communauté coréenne et son quartier de « Koreatown », épicentre des émeutes. « Ils n’allaient pas attaquer Beverly Hills, qui était bouclé par la police », s’est souvenu un épicier coréen catholique, expliquant à l’AFP qu’en 1992, il a monté la garde près de son église de Koreatown pour que les émeutiers n’y mettent pas le feu et que, depuis, les épiciers coréens ont acheté des fusils. Depuis, les tensions se sont calmées, grâce à un travail de conciliation des dirigeants des deux communautés, « mais ça ne veut pas dire qu’elles ne sont plus là », affirme M. Hutchinson.
La publication d’un éditorial violemment hostile aux Noirs dans un journal destiné aux Américains d’origine asiatique a réveillé, cette semaine, le malaise entre deux communautés qui partagent une histoire récente douloureuse.
Dans son numéro du 23 février, AsianWeek, un hebdomadaire anglophone basé à San Francisco (Californie) et qui se présente comme « la voix des Asiatiques...