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Le partenariat Euromed s’est transformé au fil des ans pour aboutir actuellement à la politique européenne de voisinage Les relations euro-méditerranéennes entre conflits et coopération Antoine AJOURY

Le partenariat Euromed entre le Liban et l’UE «est bien plus qu’un simple accord de libre-échange (…). Il a une vocation commerciale, certes, mais il est avant toute autre chose un outil politique qui peut aider à répondre aux défis auxquels le Liban est confronté». C’est en ces termes que l’ancien chef de la Délégation de la commission européenne à Beyrouth, Patrick Renauld, a défini cet accord d’association bilatéral lors de son entrée en vigueur en avril 2006. En effet, bien que les crises qui secouent le Liban se succèdent depuis quelques années, l’UE a toujours été présente aux côtés du pays du Cèdre afin d’aider le gouvernement et la population. Des dons, prêts et assistances ont été fournis dans le cadre de cette association pour secourir le Liban après les différentes crises et guerres qu’il a connues, mais également pour chapeauter les réformes économiques et administratives exigées par les différentes conférences internationales sur le Liban, telles que Paris I, II et III. Euromed a, en fait, été lancé dans la foulée des accords de Madrid et d’Oslo sur le Proche-Orient, lors de la conférence de Barcelone en 1995, visant à former une zone de libre-échange euro-méditerranéenne. Il concerne l’UE et dix autres pays du bassin méditerranéen. Pour la première fois dans l’histoire de la «Mare Nostrum», une forme d’unité apparaît, fondée sur la coopération et non sur la conquête et les invasions, pratiques privilégiées sous les Empires romain, byzantin ou ottoman, ainsi que lors des croisades. Aujourd’hui, cette région centrale du globe est toujours riche en conflits: du différend entre le Maroc et l’Algérie, entre la Grèce et la Turquie, sans oublier le conflit israélo-palestinien. Les relations entre le Proche-Orient, qui se débat toujours dans une crise d’identité, et l’Europe restent conflictuelles, en raison du poids de l’héritage colonial. C’est dans ce contexte tendu qu’évolue le processus de Barcelone par tâtonnement tentant, bon gré, mal gré, de rapprocher les peuples des pays des deux rives. Débutant avec le partenariat Euromed, il s’est transformé au fil des ans pour aboutir actuellement à la politique européenne de voisinage (PEV). Mais les embûches et les défis restent énormes, d’autant que chaque partie voit ces accords d’un œil différent et parfois opposé. Alors que les pays européens riverains plaident en faveur d’un rapprochement avec les pays du sud du bassin méditerranéen, les pays nordiques s’intéressent plus à l’élargissement de l’UE vers l’Est. Cette politique suscite ainsi la méfiance de certains pays qui y voient une forme de néocolonialisme. Une peur renforcée par le fait que le déséquilibre des forces entre les deux parties est aberrant. En effet, sur le terrain, ce partenariat se traduit essentiellement par un soutien et des contributions de la part des pays riches aux pays pauvres qui la perçoivent comme une nouvelle forme de domination. La suspicion est relayée en Europe, qui craint le flux de l’immigration ainsi que la menace terroriste venant des pays du Sud. Le risque devient ainsi de plus en plus élevé de voir cette coopération prendre un biais sécuritaire après les résultats mitigés de l’approche politique et économique pour unir les différents pays méditerranéens. Une perspective qui peut annoncer une répétition de l’histoire…
Le partenariat Euromed entre le Liban et l’UE «est bien plus qu’un simple accord de libre-échange (…). Il a une vocation commerciale, certes, mais il est avant toute autre chose un outil politique qui peut aider à répondre aux défis auxquels le Liban est confronté». C’est en ces termes que l’ancien chef de la Délégation de la commission européenne à Beyrouth, Patrick Renauld,...