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CONFERENCE - « Le Liban n’est pas un pays à coups de tête et à coups d’État », disait le père de la Constitution libanaise Les leçons inoxydables de Michel Chiha, par Jamil Jabre

Il est important de tirer les leçons du passé, mais il est tout aussi crucial d’écouter la voix de la raison. Pour Jamil Jabre, c’est la voix du « grand sage » Michel Chiha et les recommandations du père de la Constitution libanaise qui devraient servir de bréviaire à tous nos hommes politiques soucieux de l’avenir du Liban. C’est au cours d’une conférence intitulée « Chiha et le Liban », donnée au Kulturzentrum, que Jabre, auteur et traducteur fin lettré, président du Pen Club, a expliqué l’importance de l’œuvre du politologue, essayiste, économiste et poète, qui a « traité des problèmes concernant l’homme en général et les Libanais en particulier dont la liberté, la justice, l’élévation spirituelle, l’attachement au patrimoine national, en tant que partie intégrante du patrimoine universel ». Des écrits prémonitoires qui gardent intacte leur brûlante actualité. « La population du Liban est libanaise, tout simplement… Elle n’est pas plus phénicienne qu’égyptienne, assyrienne, grecque, romaine, byzantine, arabe… Elle a son visage à elle et nul autre. » C’est dans Liban d’aujourd’hui, que Chiha, apôtre du libanisme intégral, définit ainsi l’identité du Liban, ses caractéristiques et ses réalités. Pour Chiha, indique Jabre, le Liban est un creuset des civilisations d’Europe et du Moyen-Orient. Si le Liban perdait ces marques distinctives, il perdrait sa raison d’être. À propos du cas particulier du Liban par rapport à la Suisse, Chiha disait : « Il appelle, à tout prix, des solutions de modération et de sagesse comportant d’abord une patiente initiation des Libanais à la compréhension de l’intérêt général. Il exclut comme un péril de mort la tyrannie, la domination des uns par les autres, les convulsions de toute nature. » « Malheureusement, ajoute Jamil Jabre, les intérêts sordides de la plupart de nos dirigeants politiques, de toutes les confessions, en plus de leur médiocrité, surtout durant la dernière décade, ont défiguré le vrai visage du Liban et compromis son destin. » Pour le président du Pen club, si Michel Chiha, élu député de Beyrouth en 1925, n’a pas participé durant longtemps à la vie politique libanaise, « cela ne signifie pas qu’il s’était désintéressé des problèmes fondamentaux du Liban, mais bien au contraire, c’était lui qui avait joué le rôle principal dans la rédaction de la Constitution libanaise, et qu’il critiquait régulièrement et sans ambages les dérogations injustifiées aux lois en vigueur ainsi que le mauvais comportement des responsables dans les divers organismes politiques. En outre, il n’a pas cessé dans ses conférences au Cénacle libanais et les universités d’inviter les Libanais à se pénétrer de la loi organique réglant les rapports des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire entre eux ». Déjà en 1942, Chiha avait écrit que la démocratie est la seule forme de gouvernement qui convienne au Liban : « Avec une Assemblée qui soit le lieu de rencontre et d’union des communautés en vue du contrôle commun de la vie politique de la nation. Quand vous supprimez l’Assemblée, vous transportez inévitablement le débat dans le sanctuaire ou à son ombre… Le Liban n’est pas un pays à coups de tête et à coups d’État…. Il doit éviter la tyrannie, la domination des uns par les autres et les convulsions de toute nature. » « Nous avons vécu, nous sommes condamnés à vivre dangereusement. Il faudra toujours que nous endiguions le torrent d’où qu’il vienne si nous ne voulons pas qu’il nous emporte », disait également celui qui s’était proposé – depuis sa prime jeunesse et dans ses divers écrits, notamment les éditoriaux de son journal Le Jour et de ses ouvrages Visage et présence du Liban, Le Liban d’aujourd’hui, Les Essais, Politique intérieure » – d’entraîner ses concitoyens à recouvrer leur véritable identité déformée ou méconnue. Des leçons inoxydables . À retenir.
Il est important de tirer les leçons du passé, mais il est tout aussi crucial d’écouter la voix de la raison. Pour Jamil Jabre, c’est la voix du « grand sage » Michel Chiha et les recommandations du père de la Constitution libanaise qui devraient servir de bréviaire à tous nos hommes politiques soucieux de l’avenir du Liban.
C’est au cours d’une conférence intitulée « Chiha...