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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - C’est sous sa houlette que s’ouvre demain, mercredi, le Festival al-Bustan édition 2007 Une musique pour pacifier les cœurs avec maestro Guerassim Voronkov

Pianiste, violoniste et chef d’orchestre, Guerassim Voronkov donne, pour les deux soirées d’ouverture, les premières mesures du Festival al-Bustan cru 2007, placé cette saison sous la lumière et les vivats de l’Espagne. Contre toute attente, ce maestro, qui dirige depuis plus de dix ans l’Orchestre de l’Opéra de Barcelone, est, comme son nom l’indique, originaire non pas du pays de Cervantès, mais de la Russie profonde. Discussion à bâtons rompus avec un musicien de souche moscovite, féru autant de Chostakovitch que de Mozart, Sibelius et Mahler, et qui fera chanter les premières soirées d’un festival qui comble les attentes les plus secrètes des mélomanes. Par-delà un ciel plombé par les nuages gris, une pluie diluvienne, les fils de fer en barbelé et les barrages de sécurité de l’armée avant le Grand Sérail, Guerassim Voronkov, dans un monde tissé de notes bleues, d’éclats ensoleillés, de mélodies heureuses, de passion ibérique et de majesté « beethovenienne », fait répéter à portes fermées, dans la grande salle du Conservatoire de Beyrouth, l’Orchestre symphonique national libanais (invité d’honneur pour la septième fois au Festival al-Bustan) placé sous sa direction. Traits presque juvéniles, yeux intensément bleus, silhouette fine, Voronkov s’exprime en toute amicale bonhomie, avec sérénité (sans ce légendaire accent roulant les « r » à la russe !) dans un franc-parler fait de simplicité et de transparence. « Non, ce n’est pas mon premier voyage au Liban, dit-il d’emblée. Il y a presque dix ans, en 1997, j’ai donné un concert de musique de chambre avec le quartette Glinka dans la grotte de Jeita. J’en garde une impression magnifique, non seulement à cause du cadre féerique, mais aussi à cause du public qui vibrait parfaitement aux partitions proposées… C’était mon premier contact avec le public libanais qui m’a conquis par sa remarquable qualité d’écoute… » Né en 1960 à Moscou et après des études au Conservatoire Tchaïkovsky, Guerassim Voronkov, formé par S. Bezrodnaia à l’art de manier l’archet, a entamé une brillante carrière de violoniste. S’il aime interpréter sur la « boîte magique » le premier Concerto de Chostakovitch ou les œuvres de Brahms, Tchaïkovski ou Sibelius (œuvres qu’il juge déjà en saturation d’écoute), il n’en pince pas moins pour les compositions d’une redoutable technicité et d’une belle modernité de Janacek ou de Benjamin Britten… Fondateur et directeur de l’Orchestre de chambre du Bolchoï, détenteur du prix Karajan, à Berlin, maestro Voronkov a donné la réplique, entre autres célébrités du monde de la scène, à Montserrat Caballé et Carlos Alvarez. S’il défend la musique de chambre au violon, le piano n’en a pas moins ouvertement ses faveurs… Mais il fait en toute candide impudence des infidélités aux deux instruments et c’est derrière un pupitre qu’il rêve d’être. Rêve concrétisé avec brio puisqu’il occupe, depuis une bonne décade, la direction de l’orchestre de l’Opéra de Barcelone. Pour le Festival al-Bustan, les mélomanes auront deux soirées d’ouverture, aux menus bien différents. Tout d’abord les couleurs de l’Espagne avec des pages de Gioachino Rossini, Enrique Granados, Manuel de Falla, Jeronimo Jimenez et Edouard Lalo, ainsi que les vibrants trémolos du violon de Kai Gleusteen et les lumineux chromatismes au clavier de Catherine Ordronneau, invités en solistes vedettes de la première soirée… Le second soir, place à Beethoven, en toute exclusivité, avec un Triple concerto (ajoutez au duo déjà cité, la présence du violoncelliste Lluis Claret), Leonor n°3 et une Fantaisie. « En tant que chef d’orchestre, confie Guerassim Voronkov, j’aimerais surtout jouer du Mahler, plutôt la Quatrième symphonie, mais aussi du Tchaïkovsky et du Chostakovitch. Si je n’aime pas une partition, c’est difficile d’en donner toute l’amplitude… Je suis par ailleurs impressionné par la vie au Liban, que j’ai visité depuis dix ans… La vie a repris et tout se reconstruit... Même si pour arriver au Conservatoire (de Zokak el-Blat) aujourd’hui, sans voiture, n’est pas une chose simple… J’espère que ma musique pacifie les cœurs et surtout qu’elle dispense la joie. Car c’est impossible d’en faire en état de guerre. On a surtout besoin de paix pour faire de la musique. » Edgar DAVIDIAN Programme de la soirée d’inauguration Ouverture du Barbier de Seville de G. Rossini. Symphonie espagnole op 21 d’E. Lalo. Los Noches en los Jardines de Espana de M. de Falla. El Baile de Luis Alfonso de J. Jimenez. Intermezzo, Goyescas d’E Granados. Joto, sombrero de tres Picos de M. de Falla.
Pianiste, violoniste et chef d’orchestre, Guerassim Voronkov donne, pour les deux soirées d’ouverture, les premières mesures du Festival al-Bustan cru 2007, placé cette saison sous la lumière et les vivats de l’Espagne. Contre toute attente, ce maestro, qui dirige depuis plus de dix ans l’Orchestre de l’Opéra de Barcelone, est, comme son nom l’indique, originaire non pas du pays...