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Actualités - REPORTAGE

Un effort physique intense par des froids oscillant entre -20°C et -40°C La rude traversée antarctique pour ravitailler la station Concordia

Telles des chenilles processionnaires grignotant les kilomètres, les six tracteurs du raid de ravitaillement de la station Concordia et leurs attelages de traîneaux ont regagné en huit jours la côte de la terre Adélie. Dans cette traversée de 1145 km, suivie par un journaliste de l’AFP, les tracteurs à chenilles (300 chevaux, 6 litres au kilomètre) ont roulé à des moyennes de 12 à 17 km/h selon l’état du terrain, confrontés à des conditions extrêmes qui multiplient les risques de panne. Deux jours après le départ de Concordia vers la station logistique franco-italienne de Cap Prud’homme, sur la côte, 321 kilomètres ont été couverts: «C’est bon», laisse tomber laconique le chef du raid, Patrice Godon, responsable de la logistique pour l’Institut polaire français Paul-Emile Victor (Ipev). «L’immensité est une sorte d’éternité», écrivait Jules Verne. Les membres du raid – huit hommes et une femme pour cette dernière rotation de l’été austral – ont de quoi méditer cette phrase au cours de leur lente reptation sur un océan de glace blanc totalement désert. Pendant la traversée, l’équipe suit un emploi du temps très précis. Réveil à 7h00, petit déjeuner et toilette, «embauche»: les conducteurs font démarrer les moteurs, tenus au chaud durant la nuit par une résistance électrique, puis ils font quelques tours sur la glace pour assouplir les chenilles en caoutchouc. Enfin, peu après 8h00, le convoi s’ébranle. Si tout se passe bien, le premier arrêt de la journée est à 13h30, et seulement pour une heure: le temps de manger des repas préparés à l’avance et réchauffés par le «médecin-cuisinier». Puis la niveleuse de tête reprend la piste, suivie par la «caravane», attelage formé par les modules «habitation» (deux cabines de 4 couchettes, un local médical/radio, une pièce cuisine/salle à manger), «énergie» (générateur, équipement de production de l’eau, salle de douche), «magasin» (nourriture, pièces détachées)... Les cinq autres attelages sont chargés des conteneurs rapportés de Concordia (déchets, carottes de glace...) et de la réserve de fuel. Le soir, arrêt vers 20h30 après 11 heures de conduite sur une piste irrégulière où engins et conducteurs bringuebalés sur leurs sièges ont été mis à mal. Les traîneaux sont détachés, les tracteurs regroupés sur la zone parking, toujours située à la droite des modules d’habitation qui les protègent des vents dominants. Les conducteurs font ensuite le plein (500 litres par tracteur), les mécaniciens vérifient l’état du matériel et de la cargaison, le médecin prépare le dîner, qui est pris vers 21h30. Pour ces hommes, qui font l’aller-retour Dumont d’Urville-Concordia en 19 à 25 jours, avec un arrêt de deux jours seulement à Concordia pour décharger le ravitaillement et fréter à nouveau les traîneaux, l’effort physique est intense par des froids oscillant entre - 20°C et - 40°C. Trois heures avant l’arrivée à la station de Cap Prud’homme, des signes ont prévenu l’équipage qu’il quittait le désert antarctique: l’océan, sur l’horizon, avec ses icebergs éclairés par le soleil couchant, des vols d’oiseaux, les champs de glace bleue du glacier de l’Astrolabe... Dès le lendemain du retour, les hommes du raid s’affairent de nouveau pour réviser et réparer les véhicules. Puis les tracteurs seront garés à l’abri dans un souterrain de 90 m de long. Les rigueurs de l’hiver austral peuvent alors s’abattre sur la terre Adélie: le raid sera au rendez-vous en novembre prochain pour une nouvelle mission de ravitaillement de Concordia. Guy CLAVEL

Telles des chenilles processionnaires grignotant les kilomètres, les six tracteurs du raid de ravitaillement de la station Concordia et leurs attelages de traîneaux ont regagné en huit jours la côte de la terre Adélie.
Dans cette traversée de 1145 km, suivie par un journaliste de l’AFP, les tracteurs à chenilles (300 chevaux, 6 litres au kilomètre) ont roulé à des...