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Courrier Stanley Kubrick, cinéaste et démiurge

Stanley Kubrick était un géant du 7e art. Il a certainement laissé une empreinte indélébile dans l’histoire universelle du cinéma pour toutes les catégories de cinéphiles, brassant toutes les générations, toutes les classes socioculturelles, au-delà de toutes barrières linguistiques, nationales ou supranationales. Or Stanley Kubrick n’était pas un « auteur » à proprement parler, comme on pourrait dire de Stendhal ou de Charles Dickens. Il n’écrivait pas ses scénarios, qui n’étaient donc forcément pas originaux, mais adaptés de romans d’auteurs aussi divers que Nabokov, Anthony Burgess ou William Thackeray. Il m’a fallu longtemps pour comprendre la singularité de la vision de Stanley Kubrick qui, tout en empruntant la trame narrative de ses films, les rendait personnels et immanquablement « kubrickiens ». Cette singularité était celle du cinéaste-démiurge qui posait son regard sur les êtres humains du haut de sa vision cosmique et planétaire. De Docteur Folamour à Eyes Wide Shut (qui n’est certainement pas son meilleur film) et de façon déjà très apparente dans Spartacus (même s’il a toujours à tort désavoué ce film) et Les sentiers de la gloire, sa vision des choses était multipolaire, hautaine, froide, « nitszchéenne », large dans tous les sens du terme. C’est à la première vision de 2001 l’Odyssée de l’Espace que l’art de Kubrick prend sa plénitude cosmique et démiurgique. 2001 est certainement le film qui a le plus fait pour la carrière de Stanley Kubrick, le propulsant pratiquement du jour au lendemain parmi les icônes majeures de l’art contemporain des années 60 et de la fin du XXe siècle. Expérience non verbale, pratiquement unique en son genre, pour un film commercial «hollywoodien » à gros budget (à l’exception de quelques films muets de haute stature comme l’Aurore de Murnau ou Nosferatu) ; premier film « métaphysique » couvrant près de 10 000 ans de l’histoire de l’humanité (avec un raccourci stupéfiant de moins de 30 secondes liant, à travers un os-fusée, l’homo sapiens à l’homme du XXe siècle), Stanley Kubrick réalisait « le film-culte », vu et revu plus de dix fois par des fanatiques (dont je faisais partie). Plus tard, sa réputation n’était plus à faire : avec Orange Mécanique et son autre chef-d’œuvre Barry Lyndon, qu’il est bon de revoir pour ses qualités esthétiques et narratives épurées, Stanley Kubrick réalisait ses films majeurs. Axel NACCACHE
Stanley Kubrick était un géant du 7e art. Il a certainement laissé une empreinte indélébile dans l’histoire universelle du cinéma pour toutes les catégories de cinéphiles, brassant toutes les générations, toutes les classes socioculturelles, au-delà de toutes barrières linguistiques, nationales ou supranationales. Or Stanley Kubrick n’était pas un « auteur » à...