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Actualités

L’espoir malgré tout…

Je n’avais pas mis le son. Ces derniers jours, la télévision ne nous donnait aucune bonne nouvelle. Je vaquais à mes occupations et regardais les images de temps à autre. Je voyais des jeunes qui se lançaient des pierres, qui s’injuriaient, les traits déformés par la colère. Dans ma tête, je blâmais l’idée de nous montrer de nouveau, en ces jours de grande tension, ces images de la guerre du Liban. Et là, j’ai réalisé que la scène était du pur reportage en direct. Pour me calmer, je suis sortie au balcon et j’ai commencé à prier, seule arme qui me restait dans ce monde de plus en plus fou. Je priais pour mon pays meurtri encore une fois et surtout pour que mes enfants continuent à l’aimer. – « Calme-toi. » Je savais que j’étais seule mais quelqu’un m’avait parlé, j’en étais sûre. – « Tu n’as pas rêvé. C’est Dieu qui t’adresse la parole. » – « Comme cela me fait plaisir, vraiment. Je pourrais Vous demander ce que je veux, là de suite ? » – « Parle, ma fille. » – « Pourriez-Vous me promettre de Vous occuper un peu plus du Liban ? Ne remarquez-Vous pas combien on Vous implore à longueur de journée ? » – « Écoute-moi bien. Je réponds toujours, mais le problème est que vous n’écoutez pas si cela ne vous arrange pas. La communion à la messe perd tout son sens si vous ne communiquez pas avec votre prochain. Les cinq prières quotidiennes ne sont efficaces que si vous appliquez ce que vous récitez si bien. Arrêtez de bâtir des églises et des mosquées, la pierre n’a jamais été pour la gloire de Dieu, c’est l’homme qui doit l’être. Le problème est en vous tous, ma fille. » – « Je savais qu’on en arriverait là. On a voulu nous faire croire que la guerre emporterait avec elle nos douloureux souvenirs. Le soldat, qui a risqué sa vie plus d’une fois, devait du jour au lendemain bénir son ennemi de la veille. La mère éplorée, la veuve inconsolable, l’orphelin livré à la vie, le torturé, le voleur, le profiteur, le bourreau... Allez, on les met tous ensemble, on mélange bien et on a un peuple heureux de vivre sereinement en pleine unité nationale et surtout, surtout que rien ne leur rappelle la guerre, spécialement aux malheureux. Regardez comme le Liban est beau avec son aéroport retapé, ses routes, ses hôtels. Oui, mais voilà, quand on éteint un feu, il ne faut pas oublier que les cendres restent vives et qu’elles guettent le moindre coup de vent attisé par les mauvaises intentions. » – « Qu’attends-tu de Moi ? » – « Je veux pour mon Liban une nouvelle équipe dirigeante, une nouvelle classe politique, formée de personnes aux noms inconnus pour ne raviver aucun souvenir, aux noms chantants. J’aimerais que tous les médias soient privés du droit de donner la moindre information politique, que les citoyens connaissent leurs droits mais surtout leurs devoirs. Je veux que les gens continuent à prier mais qu’ils le fassent discrètement, que leurs croyances bercent et guident leur vie sans noircir et gâcher celle des autres. J’en demande trop, non ? » – « Je pense vous envoyer une de mes collaboratrices pour vous aider à réaliser vos rêves. » – « Une collaboratrice ? Une femme ? » – « Vous êtes drôle, vous ! Cela vous semble tout naturel d’entamer une conversation avec Dieu et vous vous étonnez du fait que je vous envoie une femme ! » – « Excusez-moi, mon Dieu, mais quand on vit au Liban, on devient blasé et l’on ne s’étonne souvent plus de rien ! Qui est cette femme, je vous prie ? » – « C’est ma douce amie, sainte Rita, la sainte des cas impossibles et désespérés. » La conversation était terminée. Dieu ne m’a plus parlé, mais ce papillon sur ma plante, ces rayons de soleil sur la mer, cet oiseau sur l’arbre, ces montagnes enneigées, je suis sûre qu’ils étaient des clins d’œil de Sa part pour m’assurer qu’Il ne nous abandonnera pas. Léna NJEIM Mère au foyer
Je n’avais pas mis le son. Ces derniers jours, la télévision ne nous donnait aucune bonne nouvelle. Je vaquais à mes occupations et regardais les images de temps à autre. Je voyais des jeunes qui se lançaient des pierres, qui s’injuriaient, les traits déformés par la colère. Dans ma tête, je blâmais l’idée de nous montrer de nouveau, en ces jours de grande tension, ces images de...