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Le G7 appelle à la « vigilance » Les hedge funds, des spéculateurs de l’ombre pesant sur la finance mondiale

Vecteurs d’une future crise financière ou acteurs de la croissance mondiale ? Les fonds spéculatifs (hedge funds), face auxquels le G7 a appelé à la « vigilance » ce week-end, inquiètent car leur influence est à la hauteur de l’opacité entourant leurs activités. Les données précises manquent, car la majorité des hedge funds est basée légalement dans des paradis fiscaux et ils échappent à tout contrôle. Selon diverses sources compilées par le ministère allemand des Finances, hôte de la réunion du G7 vendredi et samedi, ils sont environ 9 400 dans le monde, et gèrent entre 1 300 et 1 400 milliards de dollars, avec 65 % de l’argent aux mains des 100 premiers. Leur spécialité : faire des profits rapides avec des paris très risqués sur les marchés. Ils spéculent sur de futures fusions d’entreprises, les cours des devises, les prix des matières premières, empruntent des titres pour les vendre en pariant sur une baisse du prix quand il faudra les racheter pour les rendre, etc. Les bénéfices sont souvent énormes. Du coup, les hedge funds séduisent. L’entrée en Bourse, cette semaine à New York, du fond Fortress, alliant des activités spéculatives à des investissements dans des sociétés non cotées (private equity), a été un franc succès. Mais le réveil est parfois rude. L’été dernier, l’américain Amaranth Advisors a fait s’évanouir en fumée plus de 5 milliards de dollars en quelques jours avec de mauvais paris sur les cours du gaz naturel. En septembre 1998, un autre fonds américain avait même frôlé la faillite. LTCM (Long Term Capital Management), pris de court par un moratoire de la Russie sur sa dette, ne pouvait plus rembourser ses créditeurs. Seule l’intervention de la Banque centrale américaine l’avait sauvé. Craignant une contagion à tout le système financier américain, elle avait poussé de grandes banques à ouvrir leur portefeuille. Le spectre d’un « effet domino » débouchant sur une crise financière mondiale « si un fonds calcule mal et entraîne plusieurs banques » a encore été agité ce week-end par le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, hôte du forum du G7-Finances à Essen. Car les hedge funds ne jouent pas avec leur propre argent. Ils l’empruntent aux banques ou effectuent des placements pour des clients alléchés par la promesse de rendements élevés. Ils seraient ainsi financés à 15 % par des fonds de pension, faisant peser des risques sur les retraites de millions de personnes. Après l’affaire Amaranth, les États-Unis ont pris conscience qu’il fallait protéger les investisseurs, un infléchissement déterminant pour la prise de position du G7. Le pays a longtemps été réticent à agir, car les hedge funds y sont nés et y réalisent toujours une part importante de leur activité. Leur croissance est toutefois aujourd’hui plus rapide en Europe. La Grande-Bretagne est leur place de prédilection, avec 80 % des liquidités gérées sur le continent. La France suit loin derrière (5 %) puis la Suède (3 %). Faute de consensus, le G7 a pour l’instant opté pour une méthode douce : un dialogue avec les hedge funds pour les inciter à élaborer des règles de bonne conduite. Les Britanniques refusent de toute façon une régulation, craignant de nuire aux aspects positifs des hedge funds. Car même si leurs investissements sont à court terme, ils peuvent apporter de l’argent bienvenu à des entreprises en situation précaire. Leurs paris à contre-tendance peuvent aussi compenser de trop fortes fluctuations des marchés, dont ils participent à la liquidité : en 2005, ils avaient assuré 40 % à 50 % des volumes d’échanges sur les places londonienne et new-yorkaise.
Vecteurs d’une future crise financière ou acteurs de la croissance mondiale ? Les fonds spéculatifs (hedge funds), face auxquels le G7 a appelé à la « vigilance » ce week-end, inquiètent car leur influence est à la hauteur de l’opacité entourant leurs activités.
Les données précises manquent, car la majorité des hedge funds est basée légalement dans des paradis...