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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - Précision et sécurité : les deux mots d’ordre du Magnum Club de Baabda Le tir au pistolet, un sport de plus en plus... féminin !

La curiosité est un vilain défaut, et pourtant… Comment résister à la tentation de s’essayer, pacifiste convaincue, au tir au pistolet ? Retrouver le plaisir dont parlent certains de fixer un point, retenir son souffle, viser et puis tirer?… Sport ou loisir, cette activité très machiste, surtout dans notre pays, se conjugue de plus en plus au féminin pluriel. À l’entrée du club, des photos de Miss et autres demoiselles « en joue » sont fièrement affichées. Première surprise, et confirmation : « Notre clientèle, explique Antoine Abou Jaoudé, directeur du club, est à 50 % féminine ! » Depuis quelques années, elles sont, semble-t-il, de plus en plus nombreuses à exprimer l’envie de tâter du pistolet, découvrir ce sport que l’on dit noble. « Elles sont d’ailleurs plus appliquées et plus sérieuses que les hommes, plutôt impatients de montrer leurs muscles et de se défouler. » Le Magnum Club, seul club de tir au pistolet au Liban, appartient à Joseph Tayar. Il a été inauguré en 1995, après des années de guerre pendant lesquelles tirer était devenu une activité quasi quotidienne puis prohibée. « Nous avons pensé créer un lieu légal et officiel, et refaire de cette activité un sport, jusqu’à entraîner de futurs champions qui pourront participer à des tournois internationaux et aux Jeux olympiques. Le champion du Liban, Paul Saïkali, est d’ailleurs un membre de notre club. » Affilié à la Fédération libanaise de tir et chasse, le Magnum Club répond à toutes les normes de sécurité internationales. Il est soumis à des contrôles réguliers de la part des ministères de la Défense et de l’Intérieur : vérification de la quantité de munitions, conditions de stockage, état des pistolets. L’équipement ultramoderne doit également être conforme aux spécifications imposées par l’Union internationale de tir et aux directives de l’Association nationale américaine de tir. Un des paradoxes de ce pays où la vente d’armes se fait aisément au marché noir. Ici, rien n’est laissé au hasard, car, comme le souligne Antoine Abou Jaoudé, « rien ne peut être laissé au hasard ». Entraîneurs et responsables sont attentifs à chaque détail. Ils passent au crible, c’est le cas de le dire, toute personne qui se présente pour la première fois, avant de lui donner l’autorisation d’y accéder. « Le club est ouvert à tous, à condition de respecter les règles. » Interdit de parler pendant la cession de tir, de manipuler l’arme chargée. « Même les enfants et les adolescents peuvent venir, accompagnés d’adultes bien évidemment. En général, les parents sont là pour leur apprendre, surtout, le meilleur moyen de se protéger contre les mauvaises utilisations des armes à feu. Nous accueillons également le personnel de sécurité des chancelleries qui vient se perfectionner, ainsi que quelques touristes saoudiens qui n’ont pas chez eux ce genre de club. » Passé le premier examen et lorsqu’on vous sent équilibré, calme et intéressé, le moniteur vous attend dans une des trois salles de tir. Exercices Au deuxième sous-sol, le futur tireur peut lire l’avertissement d’usage: « Prière de se conformer aux règles et instructions de sécurité ». Sur un panneau, la panoplie idéale du tireur s’affiche comme autant de références à des polars américains : les CZ 6 et 9 mm tchèques, le fameux Beretta, le Sauer, le Smith & Wesson, le Magnum, sanctifié par un Clint Eastwood très Dirty Harry, le Sig ou encore le Glock, qui est, nous confie Antoine Abou Jaoudé, « l’arme préférée des gardes du corps du président américain. Elle est très légère, précise-t-il, dotée d’options intéressantes : 30 tirs au lieu de 15, laser infrarouge, possibilité de passer en automatique. Elle peut enfin être portée en bandoulière ». Nous voilà donc informés... Les armes ont le calibre de leurs munitions, et varient du 6 au 357 mm, en passant par les 9, 38 et 45 mm. « Il est vrai que le tir au pistolet est un sport, mais nous ne sommes pas sur un terrain de basket-ball ! » rappelle Louis Raïdy, entraîneur du champion du Liban. Nous voilà prévenus. Le terrain, ce sont huit couloirs séparés, à occuper individuellement. Derrière le champ de tir, protégé par une vitre sécurisée, deux personnes, en contact permanent avec le moniteur via un interphone, veillent à la bonne marche de la séance. Louis explique alors les règles de sécurité, indique la manière de saisir l’arme, de la pointer, de fixer la cible. La manière de se tenir, jambes écartées à largeur d’épaule. Exécution immédiate. Puis il vous donne un casque qui isole du bruit, vous introduit votre cible, une silhouette dégradée verte dessinée sur papier. La main se place alors autour de l’arme, le doigt ferme sur la gâchette. La seconde main sur la première. Concentration. « Le plus important est de rester calme, focalisé sur le point à viser. Le bruit du revolver va vous dominer, vous devez dominer le revolver, dit-il devant une élève pacifique qui angoisse secrètement. Vous avez dix secondes de concentration, sinon, il faut baisser l’arme et recommencer. » En joue, trois, deux, un, le coup part, non loin du cœur de la silhouette en dégradé vert de la cible qui frémit. Léger écho dans le silence, odeur de poudre brûlée, la douille tombe par terre... « Vous pouvez recommencer... » Vingt minutes et une boîte de munitions plus tard, l’élève repart, légèrement sonnée mais fière, son trophée, la feuille de la fameuse silhouette, sous le bras. Mais toujours, dans sa tête, l’image d’une fleur au bout du fusil, ou du revolver, c’est égal... Carla HENOUD
La curiosité est un vilain défaut, et pourtant… Comment résister à la tentation de s’essayer, pacifiste convaincue, au tir au pistolet ? Retrouver le plaisir dont parlent certains de fixer un point, retenir son souffle, viser et puis tirer?… Sport ou loisir, cette activité très machiste, surtout dans notre pays, se conjugue de plus en plus au féminin pluriel.
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