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Actualités - REPORTAGE

LIBAN-SUD - Des soldats médecins et ingénieurs, et des militaires qui dispensent des cours de langue aux habitants La mission du contingent espagnol au Liban-Sud: l’aide sociale et la surveillance de la frontière Patricia KHODER

Une patrouille le long de la ligne bleue dans le secteur est. Deux véhicules blindés aux couleurs de la Finul (Forces intérimaires des Nations unies pour le Liban-Sud) longent la porte de Fatmé puis l’entrée de Ghajar. La patrouille croise également en chemin, au niveau de divers points proches de la frontière, des positions de l’armée libanaise. Il y a six mois ou un an, on aurait eu du mal à imaginer une telle scène. Dans l’ancienne zone de sécurité, avant juillet 2006, les forces armées libanaises se chiffraient à 1500 hommes et la Finul à environ 2000 soldats. Aujourd’hui, les trois brigades de l’armée libanaise sont déployées le long de la ligne bleue et travaillent en coopération avec la Finul renforcée qui compte désormais plus de 11000 soldats. Dans le secteur est qui comprend notamment les cazas de Marjeyoun et de Hasbaya, c’est le contingent espagnol qui assure le commandement, travaillant conjointement avec l’armée, mais surtout avec d’autres soldats de la Finul déployés dans la zone, notamment les Indonésiens, les Indiens, les Népalais et les Malaisiens. Durant le mois, toujours dans ce même secteur, des soldats d’autres nationalités s’ajouteront aux troupes déjà présentes; les Chinois seront chargés d’un hôpital et une unité polonaise sera également déployée. Pour le contingent espagnol, dirigé actuellement par le brigadier général Juan-Bautista Garcia Sanchez, la mission de paix qui a commencé en septembre dernier au Liban-Sud est, jusqu’à présent, un succès. Dans le secteur est, le nombre de Casques bleus s’élève à 3000 hommes et femmes, les plus nombreux étant les Espagnols avec 1100 soldats. Blatt est un village situé non loin de Ibl es-Saki, dans le caza de Marjeyoun. La base Cervantès, du nom du «père» de Don Quichotte, abrite le quartier général du contingent espagnol. L’espace est immense, divisé en deux parties: le campement provisoire où sont dressées des centaines de tentes (chauffées pour la plupart et aux tissus conçus pour protéger de la rigueur du climat) et le nouveau campement en préfabriqué, toujours en cours de construction. Le gouvernement espagnol a payé jusqu’à présent cinq millions d’euros pour que ses soldats soient bien logés. La base de Blatt, qui devrait être entièrement achevée dans quelques semaines, comprend des chambres en préfabriqué (pouvant contenir chacune deux lits, une armoire et deux chaises), plusieurs espaces qui seront transformés en bureaux et un immense gymnase. Cela sans compter les cuisines, les espaces communs, les abris équipés et les dépôts. Ce sont les ingénieurs du contingent espagnol de la Finul qui ont entamé la construction de cette immense base donnant sur le mont Hermon. Ces ingénieurs sont rentrés en Espagne la semaine dernière. Aujourd’hui, ce sont une centaine d’ouvriers libanais qui achèvent le travail. 39 millions de dollars d’aide «Le matériel nécessaire à la construction, notamment des préfabriqués, a été acheté auprès d’entreprises libanaises», souligne le commandant Pedro Herrero, responsable de la communication auprès des médias. Il indique également que tous les produits alimentaires du contingent sont achetés au Liban, mis à part les laitages et les poissons. Le contingent espagnol était l’un des premiers à arriver au Liban-Sud après l’adoption de la 1701. Aujourd’hui, c’est la légion espagnole qui est déployée dans le secteur est. Elle devrait être remplacée plus tard, à la mi-mars, par la brigade des parachutistes. Quand l’Espagne entame une mission de paix dans un pays donné, elle envoie la légion, c’est-à-dire les officiers et les soldats de l’infanterie, pour baliser le terrain. Ces soldats sont entraînés pour les missions difficiles. La légion espagnole a déjà servi au Congo, en Afghanistan, en Irak, au Kosovo, en Macédoine et en Albanie. Le commandant Herrero et la lieutenant Sara de Miguel, cette dernière également chargée des relations avec la presse, racontent à deux voix, sous une tente équipée des moyens de communication les plus modernes, les activités entreprises sur le terrain par le contingent espagnol. Un brin de fierté dans la voix, ils soulignent que Madrid a consacré 39 millions de dollars pour la reconstruction au Liban. Cette somme sera notamment consacrée à des projets de développement, que ce soit sur le plan hospitalier ou sur le plan éducatif au Liban-Sud. Depuis leur arrivée dans la bande frontalière, les Casques bleus espagnols aident les habitants au quotidien, dans différents domaines. Une mission de paix implique certes le maintien de la sécurité, mais aussi l’assistance à la population. Ainsi, le contingent espagnol a déjà nettoyé 558000 mètres carrés de terrains infestés de mines antipersonnel et de bombes à sous-munitions laissées par l’armée israélienne après la guerre de juillet. Trois fois par semaine, les médecins du contingent espagnol, qui sont au nombre de douze, vont dans les villages pour examiner les malades, notamment à Adayssé, Taïbé, Bourj el-Moulouk et Kfarkila. Jusqu’à présent, environ 500 personnes ont bénéficié de l’aide médicale espagnole. Le contingent espagnol a, dès son arrivée au Liban-Sud, aidé la population à nettoyer les décombres. Il a aussi assuré l’eau et l’électricité à certains villages. L’unité des ingénieurs a notamment construit, avant de rentrer en Espagne, une route à Deir Mimass, une passerelle au-dessus de Wazzani, non loin de Ghajar, pour aider les habitants des villages voisins à se déplacer, ainsi que des aqueducs à Debbine. Pour Noël et pour al-Adha, les soldats ont distribué des cadeaux aux enfants. Des cours de langue En janvier dernier, un projet très original a été lancé au Liban-Sud par le contingent espagnol; c’est un programme conjoint du ministère espagnol de la Défense et l’institut Cervantès à Beyrouth. Depuis le 16 janvier donc, 35 officiers et soldats espagnols, formés par l’institut Cervantès, assurent des cours de langue aux habitants de la bande frontalière. Au bout de trente heures de cours, les étudiants, qui sont actuellement au nombre de 280, des enfants et des adultes, reçoivent un diplôme en langue espagnole, délivré par l’institut Cervantès. «Nous avons lancé un appel à tous les habitants du secteur est, notamment par le biais des municipalités, pour voir s’ils seraient intéressés et s’ils peuvent assurer un local pour que nos soldats et officiers dispensent ces cours dans les villages», indique le commandant Herrero. Ce sont les localités de Klaya, Marjeyoun, Bourj el-Moulouk, Wazzani et Deir Mimass, à majorité chrétienne, qui ont accueilli positivement le projet. Enfin, sur le plan militaire, tout s’effectue en coopération avec l’armée libanaise qui a des officiers de liaison dans les quartiers généraux de chaque contingent. Sur le plan de la sécurité, toutes les 24 heures, dans le secteur est, soixante-dix patrouilles sont effectuées à la frontière par les Casques bleus. Quarante d’entre elles, trente durant la journée et dix la nuit, sont assurées par les soldats espagnols, qui tiennent également plusieurs points d’observation fixes à proximité de la ligne bleue. C’est dans des véhicules blindés tout-terrain blancs, arborant les couleurs des Nations unies, que les patrouilles sont effectuées. Deux à deux, les véhicules longent la frontière, Blatt, Marjeyoun, Klaya… Dans ces villages, des enfants font des signes de la main aux soldats qui leur sourient… Puis Khiam… La patrouille laisse les habitants indifférents. Puis Kfarkila et la porte de Fatmé. C’est à partir d’ici que les militants du Hezbollah jetaient des pierres sur Israël. En 2000, les soldats de l’État hébreux avaient riposté à plusieurs reprises, blessant par balles des Libanais. Israël avait ensuite érigé des fils barbelés électrifiés. Jusqu’en juillet 2006, les miliciens du Hezbollah interdisaient par intermittence l’accès à cette route qui longe la ligne bleue. Que de choses ont changé aujourd’hui: c’est en face des barbelés électrifiés que les soldats espagnols de la Finul descendent de leurs véhicules, effectuent une patrouille à pied, remontent dans les blindés. Ils font un signe de la main à d’autres soldats qui conduisent, eux, des véhicules verts: non loin de là se dresse un poste de l’armée libanaise, qui a déployé 15000 soldats au sud du Litani presque après l’adoption en Conseil de sécurité de la 1701. Une résolution qui a changé la donne au Liban-Sud, permettant à l’État libanais – grâce au renforcement de la Finul et au déploiement de l’armée – de se réapproprier son propre territoire…
Une patrouille le long de la ligne bleue dans le secteur est. Deux véhicules blindés aux couleurs de la Finul (Forces intérimaires des Nations unies pour le Liban-Sud) longent la porte de Fatmé puis l’entrée de Ghajar. La patrouille croise également en chemin, au niveau de divers points proches de la frontière, des positions de l’armée libanaise. Il y a six mois ou un an,...