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L’opposition fait la loi

«Sous quelle loi vis-tu?» Vieille maxime romaine Il fut jadis un temps, sous l’Empire romain, où Beyrouth était réputée pour ses écoles de droit. Hélas, l’histoire est cruelle. Au sein d’un régime démocratique existent des règles implicites et explicites que l’on ne peut transgresser sous peine de sanction morale de la part de l’ensemble de la population ou de mesures coercitives de la part du pouvoir étatique. Dans une société où règne la primauté du droit, on ne saurait instaurer sa propre loi. De la prétention à vouloir exprimer son désaccord par l’entremise d’une manifestation pacifique et démocratique, l’opposition – manifestement épuisée – est passée à l’insurrection, au désordre social et à la violence tout en dépassant le seuil de tolérance de toute société démocratique, quelle qu’elle soit. Les libertés d’expression et d’association pacifique – libertés fondamentales, particulièrement la liberté d’expression si chère et inhérente au peuple libanais – furent malmenées, voire avilies. Peuple assiégé, rues barrées, la violence était au rendez-vous; 3 morts et 130 blessés, le monde entier fut témoin de la scène fratricide dans les rues de la capitale libanaise. Nous pouvons tirer une conclusion objective: l’opposition est non seulement antigouvernementale, mais surtout, dans ce cas-ci, antidémocratique. Le Hezbollah et son allié, le courant du général Aoun, en voulant contraindre le gouvernement Siniora à accepter la formation d’un gouvernement d’union – et, de surcroît, des élections anticipées – portent atteinte au respect de la volonté de la majorité des citoyens. Les Libanais n’ont pas à subir un tel affront de la part de la dissidence, car n’en déplaise à l’opposition, le gouvernement en place est un gouvernement légitime, fruit d’élections légitimes. Conséquemment, ce gouvernement, élu par le peuple libanais, représente le peuple, personnifie la volonté même de la majorité et est le seul à pouvoir parler au nom de la population. En somme, ce gouvernement possède indubitablement – que l’on soit d’accord ou non avec ses positions – l’autorité morale pour gouverner. La dissidence est ce qu’il y a de plus sain en démocratie, car cette dissidence est l’expression de la diversité des opinions qui est propre aux peuples libres. Cependant, elle ne doit pas se muer au despotisme acharné qui, paradoxalement, ne supporte pas l’opinion contraire. La pensée unique n’existe point ; quel que soit le gouvernement, quelle que soit l’autorité en place, il y aura inlassablement des dissidents, des mécontents et des gens qui contesteront les décisions gouvernementales. C’est un exercice sain qui doit se faire dans le respect des valeurs démocratiques, dans l’intérêt du peuple et non sous la menace, l’intimidation et la violence. Fils de la diaspora, je regarde impuissant, de l’autre côté de l’Atlantique, les rues de ma patrie brûlées et le sang qui se déverse encore et toujours. Après 15 ans de guerre civile, le Liban s’essouffle ; le pays du Cèdre, le pays de la longévité, ce pays si riche d’histoire et de culture, est fatigué. Mon père me parlait si souvent du Liban de naguère, de cette perle de l’Orient, de cette «Suisse du monde arabe»... J’espère qu’un jour, on pourra redonner ce pays à nos enfants qui ne l’ont jamais connu et à ceux, nostalgiques, qui l’ont vécu. Nous avons un droit naturel à ce pays, à ce qu’il était, à ce qu’il représente toujours. Il est fatigué, certes, mon pays. Mais pas abandonné. Tous pour la patrie! Marc DAHER Diplômé en sciences juridiques du Collège Ahuntsic, étudiant en droit à l’Université de Montréal
«Sous quelle loi vis-tu?»
Vieille maxime romaine

Il fut jadis un temps, sous l’Empire romain, où Beyrouth était réputée pour ses écoles de droit. Hélas, l’histoire est cruelle. Au sein d’un régime démocratique existent des règles implicites et explicites que l’on ne peut transgresser sous peine de sanction morale de la part de l’ensemble de la population ou de...