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Actualités - CHRONOLOGIE

Au Palais de Tokyo, le monde cul par-dessus tête

Les notions de temps, d’espace, de mémoire et de réalité sont mises cul par-dessus tête dans le nouveau cycle d’expositions du Palais de Tokyo à Paris, qui associe les univers de plusieurs artistes contemporains sous le symbole de l’antimatière (un M barré), sous-titré «nouvelles du monde renversé». Trois expositions personnelles et deux «projets spéciaux» sont ainsi présentés autour de l’idée de «points de basculement du réel». Dans l’espace, à l’atmosphère douceâtre, dévolu à Post Patman (jusqu’au 6 mai), les œuvres du Français Michel Blazy qui intègrent des matières comestibles et jouent sur les transformations incontrôlées de micro-organismes, prolifèrent littéralement. Sur une chaise, une chocopoule (en fil de fer, coton et crème dessert) se recouvre d’un fin duvet de moisissure. Au mur, la purée de betterave et pomme de terre qui dessine les contours d’un cerveau commence à se moucheter de bleu. Au centre, d’improbables vertèbres (faites de croquettes pour chien) reposent sur une flaque de purée en flocons soumise à un lent goutte-à-goutte. Par nature, chaque œuvre est unique – car impossible à reproduire à l’identique – et multiple, puisqu’en perpétuelle mutation. «Ce qui compte, c’est le temps partagé avec l’œuvre», a souligné à l’AFP Michel Blazy, qui décrit son projet comme «une sorte de jardin de phénomènes, où l’on vit les choses en direct. Chaque œuvre a son propre cycle de vie, et j’aime l’idée que le spectateur soit pris dans ces différents espaces-temps», ajoute-t-il. Dans l’installation Double Bind (jusqu’au 11 mars), où l’on pénètre par des portes lilliputiennes, Tatiana Trouvé entraîne le spectateur dans un espace à l’échelle réduite où l’apparence du quotidien cache une inquiétante étrangeté: rochers cadenassés, rallonges électriques raidies, meubles suintants... dans cet univers qui rappelle celui de David Lynch, les objets familiers sont reconfigurés ou semblent dépasser les limites de leur matérialité. «C’est une histoire d’espace, de matériau et de densité qui se confondent», dont «le fil conducteur est un va-et-vient entre l’objet et l’architecture», a résumé l’artiste d’origine italienne, qui vit à Paris. L’exposition «Joe Coleman» (jusqu’au 11 mars) réunit une vingtaine de toiles de cette figure de l’«underground» new-yorkais, artiste, performeur, musicien et acteur, dont l’univers pictural oscille entre enluminure et «trash», jouant de la fascination pour la violence et le morbide. Dans ces tableaux luxuriants, Coleman brosse le portrait des «icônes» de la culture populaire et d’une société surmédiatisée, agrémenté de saynètes relatant les épisodes-clés de leur vie (Charles Manson, Jane Mansfield ou Johnny Eck, le célèbre homme-tronc de Freaks de Tod Browning...). Pour prolonger la thématique du renversement, le New-Yorkais Peter Coffin présente deux projets collectifs: une serre où des musiciens sont invités à «jouer pour les plantes» (jusqu’au 11 mars) et le fascinant États (faites-le vous-même), qui présente (jusqu’au 6 mai) un panorama des «micronations» à travers le monde. Cette exposition rassemble drapeaux, passeports, monnaies, documents «historiques» et uniformes «officiels» de ces territoires sécessionnistes ou nations conceptuelles, fondés par des mécontents politiques, des excentriques ou des artistes. Muriel BRACHET (AFP)
Les notions de temps, d’espace, de mémoire et de réalité sont mises cul par-dessus tête dans le nouveau cycle d’expositions du Palais de Tokyo à Paris, qui associe les univers de plusieurs artistes contemporains sous le symbole de l’antimatière (un M barré), sous-titré «nouvelles du monde renversé».
Trois expositions personnelles et deux «projets spéciaux» sont ainsi...