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Anorexie, le nouveau combat Les marques de mode s’engagent contre «la maigreur excessive»

Zara et les principales marques de mode espagnoles ont pris mardi 23 janvier l’engagement inédit de promouvoir par des mesures concrètes des «canons de beauté» qui correspondent davantage au physique des Espagnoles et n’incitent pas à la «maigreur excessive». Cet accord en douze points signé avec le ministère de la Santé prévoit notamment que les mannequins placés en vitrines aient une taille d’au moins 38 pour les femmes et que les vêtements de taille 46 ne soient pas marginalisés dans les rayons, sous l’appellation par exemple de « grandes tailles ». Les groupes de prêt-à-porter espagnols se sont également engagés à homogénéiser leurs tailles, qui ne se correspondent pas toujours d’une marque à l’autre et peuvent «induire en erreur les consommateurs», selon le communiqué. Les signataires (Inditex, Zara, Cortefiel, Mango, Corte Inglès) sont pour la plupart présents dans le monde avec des milliers de boutiques. Cet accord vise à lutter contre des modèles de beauté «impossibles à atteindre par la majorité des personnes» et «pouvant contribuer à provoquer de graves désordres de santé» comme l’anorexie, selon un communiqué du ministère de la Santé. Ces nouvelles mesures, qui seront progressivement mises en place, se baseront sur une étude biométrique de la population féminine espagnole, réalisée à partir de cette année auprès de 8 500 femmes de 12 à 70 ans, a précisé le ministère de la Santé. L’Amérique aussi… L’Association des couturiers américains a, pour sa part, mis en place un comité chargé de s’attaquer au problème de la maigreur excessive des mannequins dès la première semaine de l’année. Le groupe devait publier une série de recommandations destinées à tous les acteurs concernés – créateurs de mode, agences de mannequins, sociétés de production – avant que ne démarrent les castings pour la semaine des défilés de New York prévue à partir d’aujourd’hui, vendredi 2, jusqu’au 9 février, a indiqué le Conseil des créateurs de mode d’Amérique (CFDA). Le comité, qui s’est réuni en présence de la nouvelle présidente du CFDA, la styliste Diane von Furstenberg, regroupe une nutritionniste, Joy Bauer, une psychiatre, le Dr Susan Ice, un entraîneur, David Kirsch, et la directrice artistique de la maison de production KCD, Nian Fish. La rédactrice en chef de Vogue USA, Anna Wintour, et un représentant de l’agence de mannequins DNA étaient également présents. Le débat sur le poids des mannequins agite le monde de la mode depuis la décision des autorités madrilènes en septembre d’exclure des défilés les jeunes femmes trop maigres, accusées de donner le mauvais exemple à la jeunesse. La polémique s’est intensifiée avec la mort d’un mannequin brésilien, Ana Carolina Reston, décédée en novembre d’anorexie. Depuis, la Fashion Week de Sao Paulo a annoncé le lancement d’une campagne d’information sur l’anorexie pour son édition de janvier. Gouvernement et couturiers italiens ont en décembre adopté un «code éthique» interdisant de défilés les modèles dont l’indice de masse corporelle est inférieur à 18 (correspondant par exemple à une femme mesurant 1,72 m et pesant 53 kilos). Ainsi que le Brésil Le Fashion Rio, premier événement de la saison de la mode au Brésil, a mis en lumière le problème de l’anorexie, après l’émoi suscité par le décès d’un mannequin des suites de cette maladie, sans apporter de changements visibles dans les défilés. La top-modèle Ana Carolina Reston est morte à 21 ans à Sao Paulo, alors qu’elle ne pesait plus que 40 kilos pour 1,74 m, la veille de son départ à Paris où elle devait poser pour des photos de mode. Son décès survenu en novembre a relancé la polémique au Brésil sur l’obsession de la maigreur. Refusant de faire de la mode un bouc-émissaire, les responsables de la 10e édition du Fashion Rio ont organisé un débat sur l’anorexie avec des médecins, des responsables d’agences de top-modèles et un ancien mannequin anorexique. «Les défilés ne sont qu’un reflet de la société. Si les mannequins sont maigres sur les podiums, c’est qu’il existe un modèle dans la société qui demande aux femmes d’être de plus en plus maigres. À partir du moment où la société changera de modèle, les défilés suivront», a déclaré l’organisatrice du Fashion Rio, Eloysa Simao. Les défilés se sont succédé à la Marina da Gloria, située en face du célèbre Pain de Sucre, mais il n’y a pas eu de changement visible par rapport aux années précédentes. Un certificat médical est exigé des mineures, mais ce n’est pas une nouveauté. «Le certificat médical a toujours été obligatoire dans le Fashion Rio pour les moins de 18 ans. La seule différence cette année est que nous avons décidé de ne pas prendre les moins de 16 ans», a dit Mme Simao. Mais cette mesure découle d’une nouvelle loi qui veut «que les moins de 16 ans ne travaillent que comme apprentis dans tous les domaines, chose impossible pour les mannequins», souligne Mme Simao. Juste après le décès d’Ana Carolina, prenant exemple sur l’Espagne et l’Italie, elle avait pourtant dit à la presse qu’au Fashion Rio on refuserait les mannequins squelettiques: «Ce ne sera pas une restriction officielle comme à Madrid, mais on donnera la préférence aux moins maigres.» Aujourd’hui, la responsable du Fashion Rio affirme que «maigreur n’a jamais été synonyme de maladie ni d’anorexie». Joana de Vilhena Novaes, psychiatre et auteur du livre L’intolérable poids de la laideur, est d’accord sur ce point, mais avertit que «la graisse est devenue une véritable phobie sociale». « Le gros est vu comme une personne sans caractère; les entreprises n’embauchent pas les gros » et il faut discuter non seulement de la mode «mais aussi de la réglementation des médicaments pour maigrir, de l’industrie des académies de gymnastique, de toute l’industrie du bien-être», souligne-t-elle. La société devrait, selon elle, s’interroger sur les causes de ces troubles alimentaires (anorexie ou boulimie) chez les jeunes. Luisa Pontes a connu ce problème et apporté son témoignage. Mannequin à 15 ans, elle est devenue anorexique par peur de grossir et de ne plus pouvoir continuer son métier. «J’en connais beaucoup qui ont eu ce problème, parce que toute jeune fille qui rêve de devenir top-modèle – et ce n’est pas rare dans notre société –, si on lui dit qu’elle est belle à 46 kilos, elle va le croire. La question n’est pas de savoir qui est victime ou coupable, il y a une part de responsabilité des médias et du monde de la mode», dit Luisa Pontes, aujourd’hui guérie à l’âge de 26 ans et étudiante en journalisme.

Zara et les principales marques de mode espagnoles ont pris mardi 23 janvier l’engagement inédit de promouvoir par des mesures concrètes des «canons de beauté» qui correspondent davantage au physique des Espagnoles et n’incitent pas à la «maigreur excessive».
Cet accord en douze points signé avec le ministère de la Santé prévoit notamment que les mannequins placés...