Près de trois années ont été nécessaires pour terminer les travaux au château de Versailles La restauration de la galerie des Glaces enfin achevée

Près de trois ans après son lancement, le chantier de la galerie des Glaces du célèbre château de Versailles érigé sous Louis XIV près de Paris touche à sa fin, l’équipe de restauration avouant une certaine émotion au moment de quitter ce cadre magique. Quelques jours encore et les restaurateurs vont ranger leurs pinceaux, avec le sentiment du travail accompli, mais aussi une certaine mélancolie à l’idée de quitter un cadre unique. L’inauguration de la galerie des Glaces ainsi rénovée est prévue en mai. « Je suis un peu triste que ce chantier se termine. La galerie des Glaces est un lieu tellement prestigieux. Cela va être difficile de passer à autre chose », confie la restauratrice Cinzia Pasquali. La quadragénaire dirige une équipe d’une soixantaine de personnes en charge de la restauration des peintures, sculptures et dorures qui ornent la voûte de l’édifice. « La galerie des Glaces est un lieu d’une richesse inestimable tant sur un plan artistique qu’historique puisque Louis XIV a voulu en faire sa galerie d’apparat », poursuit Mme Pasquali. Le monument a été restauré en deux phases, la première du printemps 2004 à l’automne 2005, la seconde entre le printemps 2006 et début 2007. Durant le chantier, financé par le groupe Vinci pour une somme de 12 millions d’euros, les lieux sont demeurés ouverts à la visite, les échafaudages ayant été dissimulés par un élégant décor. « La première partie de la galerie, la moitié nord, était plus abîmée que la seconde à cause d’infiltrations provenant des combles », explique Cinzia Pasquali. Les structures en fer de certains stucs, sculptures de plâtre recouvert de dorure, étaient oxydées, leur volume ayant quadruplé. La restauration des 1 000 mètres carrés de peintures, exécutées par Charles Le Brun (1619-1690) sur toiles marouflées ou directement sur l’enduit pour la partie décorative, a mis en jeu plusieurs techniques. Des clichés infrarouges ont permis de distinguer les dessins d’origine. Les vernis apposés au cours des différentes phases de restauration ont été révélés quant à eux par l’emploi d’ultraviolets. Enfin, les restaurateurs ont extrait des fragments de toiles afin d’identifier les différentes couches de peintures superposées et d’analyser les couleurs employées. Ils ont ainsi mis au jour des « repentirs », des personnages que Charles Le Brun avait décidé de gommer ou de déplacer. « Ces repentirs montrent que Charles Le Brun a changé d’avis à de nombreuses reprises. Il était très perfectionniste. Il était également un merveilleux coloriste », confie Véronique Sorano-Stedman, chargée de la restauration des couches picturales. Charles Le Brun avait choisi notamment l’emploi d’un bleu lapis-lazuli qui a très bien résisté au temps. Le dépoussiérage des peintures a révélé aussi que les toiles s’éclaircissent au fur et à mesure que l’on se déplace vers le sud de la galerie : « Cet éclaircissement des peintures va de pair avec les scènes qu’elles représentent et la résolution des conflits menés par Louis XIV », souligne Véronique Sorano-Stedman. « Nous avons fait en sorte que la galerie des Glaces retrouve un aspect le plus proche possible de son état d’origine qui avait été gommé par les restaurations successives », poursuit la restauratrice. Un autre travail important a été effectué sur les lumières puisque 220 sources lumineuses « froides » vont être chargées de mettre en valeur le monument, dont le décor architectural (marbres, bronzes d’art, miroirs) a également été restauré.