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Patrimoine - Une invention à laquelle les Hollandais doivent leur prospérité et leur mode de vie En 2007, les Pays-Bas célèbrent les moulins auxquels ils doivent tant

Au commencement était l’eau. Puis les Hollandais créèrent leur terre. Une tâche accomplie lentement, au fil des siècles, grâce aux moulins qui ont asséché lacs, marécages, voire portions de la mer. La ministre néerlandaise de la Culture, Maria Van der Hoeven, lançait officiellement ce week-end « l’Année des moulins », pour célébrer cette invention à laquelle les Pays-Bas doivent leur prospérité et jusqu’à leur mode de fonctionnement social, mais qui est menacée par le temps, l’urbanisme ou simplement le désintérêt. La première trace de moulin hollandais, aujourd’hui disparue, remonte en effet à 1407. « C’est le moulin qui nous a mis les pieds au sec », explique Leo Endedijk, président de l’Association des moulins de Hollande, rappelant que lors de la tempête sur le nord de l’Europe le 19 janvier, de vénérables installations avaient été remises en route pour protéger le nord du pays de la montée des eaux. « Nous lui devons d’avoir pu nous étendre sur des terre récupérées à l’eau, les polders, mais aussi la richesse du Siècle d’or (XVIIe), par exemple : ce sont les immenses scies actionnées par les moulins qui ont permis de fabriquer les navires grâce auxquels les Pays-Bas ont établi leur suprématie commerciale », raconte-t-il. « Son rôle dans notre organisation sociale est capital », renchérit Ingeborg Pouwels, chargée de mission pour cette association. « Pour assécher des terres, il fallait que les moulins travaillent en coordination, c’était une question de survie », explique-t-elle. « Ce sont des organisations locales qui géraient ces moulins, engageaient les meuniers, décidaient de vider tel ou tel lac (...) Cette nécessité du consensus et ce rôle des citoyens, nous les retrouvons dans la société néerlandaise d’aujourd’hui », souligne-t-elle. La région de Schemerhorn, à une trentaine de kilomètres au nord d’Amsterdam, témoigne de ces siècles d’irrigation comme un livre grandeur nature. À la fin du XVIe siècle, il fut décidé d’y construire une digue circulaire de 32 km et d’assécher les lacs qu’elle enfermait. Un quadrillage de canaux fut creusé et 52 moulins à eau construits. « Ils fonctionnaient généralement en groupe, car un seul moulin ne parvenait pas à faire remonter l’eau sur une hauteur de 5 mètres, raconte Fred Oudejans, le guide haut en couleur du Musée du moulin. Ils pompaient de canal en canal jusqu’à faire passer l’eau de l’autre côté de la digue, dans un canal de déversement ». Jusqu’à 1928, ces moulins ont protégé les terres, puis sont apparues les stations de pompage électrique. Seuls onze ont survécu, illustrant la nécessaire mission de protection que s’est assignée l’association. « On compte encore 1 050 moulins aux Pays-Bas, contre 9 000 il y a un siècle et demi », explique Leo Endedijk. La moitié appartient à des associations, les autres se partagent entre communes et particuliers. Les moulins disparus ont été abandonnés, chassés par les citadins venant construire leurs pavillons ou par les immeubles trop hauts qui ont coupé leur source de vent. « Environ 30 % des rescapés ont besoin d’être restaurés, et si nous voulons ramener ce chiffre à 10 %, il nous faut 40 millions d’euros sur les cinq années à venir. » La fondation Année des moulins a lancé diverses opérations, comme « Adoptez un moulin », pour recréer le lien avec les Néerlandais. Au musée de Bois-le-Duc (Sud) seront notamment présentées deux expositions, l’une sur l’histoire des moulins, l’autre intitulée « Maîtres et moulins, de Rembrandt à Mondriaan ». « C’est un endroit merveilleux pour vivre, assure Fred Oudejans, qui retrouve sa femme et ses trois jeunes adolescents dans le moulin familial après sa journée dans le moulin-musée. En pleine nature, personne autour de vous... et puis maintenant, on peut avoir un toit de chaume et une liaison Internet à haut débit ! »
Au commencement était l’eau. Puis les Hollandais créèrent leur terre. Une tâche accomplie lentement, au fil des siècles, grâce aux moulins qui ont asséché lacs, marécages, voire portions de la mer.
La ministre néerlandaise de la Culture, Maria Van der Hoeven, lançait officiellement ce week-end « l’Année des moulins », pour célébrer cette invention à laquelle les Pays-Bas...