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Actualités - REPORTAGE

L’ancien camp de concentration transformé en musée Auschwitz, pour ne jamais oublier l’horreur nazie AUSCHWITZ – Antoine AJOURY

Le mémorial d’Auschwitz fut établi en 1947, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est le Parlement polonais qui l’a instauré et il a toujours été sous la direction de l’État polonais. Le but initial de cette décision « était de conserver le site et tout ce qui se trouve à l’intérieur, et par la suite d’enseigner ce qui s’est passé dans cet endroit afin de ne jamais oublier » l’horreur qui a eu lieu à Auschwitz, explique à « L’Orient-Le Jour » Jarek Mensfelt, responsable du département d’information et de publication du musée. «Ce qui est arrivé ici, déclare M. Mensfelt, c’est qu’au moins 1,1 million de personnes sont mortes à cause des nazis allemands. » « Un million étaient des juifs venus de plusieurs pays sous l’occupation nazie, et près de 100 000 n’étaient pas juifs, mais des catholiques polonais, des Tziganes, des soldats faits prisonniers sur les fronts ou encore d’autres résistants à l’occupation allemande de diverses nationalités », précise-t-il. Mais malgré les preuves et les faits historiques qui prouvent incontestablement l’existence de l’Holocauste, certains continuent de contester cette vérité. Selon M. Mensfelt, la plupart des pays européens sanctionnent les thèses révisionnistes concernant l’Holocauste, allant même jusqu’à des peines d’emprisonnement. C’est essentiellement pour faire face à toute forme d’ignorance et de fausses informations, que le musée d’Auschwitz existe. Toutefois, les activités du musée se concentrent principalement sur le site lui-même. « Notre travail consiste à instruire les gens qui viennent ici », explique le responsable polonais, « non seulement à travers les visites guidées, mais aussi en organisant des séminaires et des conférences. » « Nous avons également une large panoplie de livres et de brochures destinés à la vente, sans oublier notre site Internet, ajoute-t-il. Ceux qui sont intéressés pourront donc se procurer nos publications, ou joindre notre site sur le Web. » Revenant sur les multiples déclarations du président iranien Mahmoud Ahmadinejad concernant son refus de reconnaître l’Holocauste et sa suggestion d’envoyer à Auschwitz une équipe d’historiens iraniens pour venir discuter du sujet, M. Mensfelt précise que le musée considère leur présence malvenue. « Contester la mort de tous ces gens, qui est un fait historique, est comparable ici à la profanation d’un cimetière. Dans la culture occidentale, un tel acte est considéré comme un crime et une offense », insiste-t-il, ajoutant que la liberté d’expression ne doit pas être utilisée impunément par ceux qui refusent d’admettre des faits historiques. M. Mensfelt récuse, par ailleurs, l’idée d’une poussée de l’antisémitisme en Pologne actuellement. « Si vous faites un tour dans le monde, vous verrez que le peuple polonais n’est pas plus antisémite que les Français ou les Allemands ou les Hongrois. Les personnes qui haïssent les juifs sont présentes partout dans le monde, bien qu’il soit aujourd’hui plus difficile d’être ouvertement antisémite après tout ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale », explique-t-il, ajoutant que « ce qui est vraiment important, c’est de combattre et de faire tout notre possible pour faire diminuer la xénophobie dans le monde. Non seulement concernant les juifs, mais également les Gitans ou les Arabes ». Concernant le Proche-Orient, M. Mensfelt appelle les différents belligérants à ne pas émettre de jugements influencés uniquement par le dur conflit qui a lieu dans cette région du monde, et leur demande de venir visiter cet ancien camp de concentration. « Nous sommes là pour nous rappeler d’Auschwitz, rien de plus. Pour tirer la leçon suivante : voilà ce qui se passe quand une idéologie devient dominante et quand le totalitarisme remplace la démocratie. Les conséquences seront toujours les mêmes, à savoir souffrances, morts et destructions. » Le responsable du musée polonais revient d’autre part sur la démarche de Benoît XVI à Auschwitz l’année dernière. « La visite du pape est très importante, surtout qu’il est allemand et qu’il fut membre des jeunesses hitlériennes durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est par ailleurs assez significative pour les catholiques. » Selon M. Mensfelt, « cette visite avait plutôt une dimension spirituelle, théologique. Certains s’attendaient à un discours plus fort. Mais c’est toujours pareil quand il s’agit d’une visite aussi sensible. Les gens exigent que le pape dise ce qu’ils veulent entendre. Certains désiraient par exemple une condamnation claire de l’antisémitisme, alors que d’autres exigeaient l’utilisation explicite du terme génocide ». Pratiquement, pour le musée, cette visite fut d’une extrême importance : « Durant toute une journée, Auschwitz fut le centre d’intérêt des médias et du monde grâce à Benoît XVI », se réjouit M. Mensfelt estimant que cette visite « a contribué directement à l’objectif du musée, à savoir instruire les gens sur la réalité de l’Holocauste, pour ne jamais oublier ce qui s’est passé à Auschwitz ».
Le mémorial d’Auschwitz fut établi en 1947, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est le Parlement polonais qui l’a instauré et il a toujours été sous la direction de l’État polonais. Le but initial de cette décision « était de conserver le site et tout ce qui se trouve à l’intérieur, et par la suite d’enseigner ce qui s’est passé dans cet endroit afin...