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Un « petit Irak » en plein cœur de Amman

Les estimations sur le nombre de réfugiés irakiens en Jordanie varient entre « plus de 700 000 » selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) ou « plus d’un million » selon des sources indépendantes, alors que le gouvernement jordanien affirme que leur nombre ne dépasse pas 500 000. L’écrasante majorité des Irakiens réside à Amman, doublant la population de la capitale, qui comptait un peu plus d’un million d’habitants en 2003, l’année de l’invasion américaine de l’Irak. Les autres sont établis à Zarqa (20 km à l’est de Amman), localité qui a donné son nom à Abou Moussab al-Zarqaoui, un Jordanien à la tête de la branche irakienne d’el-Qaëda tué en juin 2006 par l’armée américaine en Irak. « Ils ont créé une communauté dans la communauté. En fait, il existe aujourd’hui un petit Irak en Jordanie, ce qui ne peut être qu’inquiétant à terme », déclare à l’AFP un économiste jordanien, sous le couvert de l’anonymat. À Amman, les quartiers bourgeois de Rabiyeh et Khalda, où les Irakiens sont majoritaires, ont été rebaptisés Karrada et Jadriyeh, en référence à des quartiers de Bagdad. Là, ils peuvent savourer leur fameux maskouf, un poisson d’eau douce, ou le « Kebab al-Falloujah » un plat de viande très prisé, ou encore faire la tournée des boîtes de nuit, dans lesquelles se produisent danseurs et chanteurs irakiens. Les artistes ont pu également trouver des galeries où exposer. « Avec la détérioration de la situation sécuritaire en Irak, il n’y avait plus de place pour l’art », confie ainsi Sirwan Aref, enseignant d’art qui a quitté son pays en 2004. Mais alors que certains Jordaniens avaient vu d’abord dans l’arrivée de leurs voisins une manne, nombre d’entre eux se plaignent aujourd’hui de l’inflation provoquée, selon eux, par leur présence. « Les Irakiens (...) ont provoqué l’inflation et n’ont pas fait de vrais investissements dans le royaume », estime l’économiste. « Ils ont acheté des maisons ou construit des immeubles réservés aux Irakiens. Ils ont ouvert des restaurants où ils n’emploient que des Irakiens et ils se mélangent rarement aux Jordaniens, tout cela ne peut être sain », déplore-t-il. Selon les chiffres officiels, le prix des maisons, des appartements et des terrains a triplé à Amman en 2005. Abdel Rahmane, un fonctionnaire, prévoyait d’acheter un logement en 2005. « Le temps de garantir un prêt, le propriétaire m’a dit que le prix n’était plus de 35 000 USD mais de 115 000 USD », raconte-t-il. La hausse vertigineuse du coût de la vie a poussé la classe moyenne jordanienne à s’éloigner de Amman pour y trouver des prix plus abordables. En outre, « des milliers d’ouvriers et artisans irakiens travaillent au noir et acceptent des salaires bien moindres que les Jordaniens qui se retrouvent au chômage », affirme un responsable syndical, sous le couvert de l’anonymat. « Chaque fois que je demande un jour de congé à mon employeur, il menace de me remplacer par un Irakien », témoigne Izzat, un mécanicien. Officiellement cependant, le discours est tout autre. « La présence des Irakiens est bien sûr un fardeau pour les ressources nationales, mais ils sont les bienvenus ici », déclare le porte-parole du gouvernement Nasser Jawdeh. Cependant, depuis les attentats meurtriers contre trois hôtels à Amman, menés par des Irakiens membres d’el-Qaëda en 2005, le contrôle aux frontières a été renforcé. Et même si les autorités affirment qu’elles ne veulent pas fermer les frontières, des Irakiens sont parfois interdits d’entrée. Randa HABIB/AFP
Les estimations sur le nombre de réfugiés irakiens en Jordanie varient entre « plus de 700 000 » selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) ou « plus d’un million » selon des sources indépendantes, alors que le gouvernement jordanien affirme que leur nombre ne dépasse pas 500 000.
L’écrasante majorité des Irakiens réside à Amman, doublant la...