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CORRESPONDANCE - «Les sept âges du mime» par Mark Jasper Un coup de chapeau aux grands maîtres de l’art du silence WASHINGTON – d’Irène MOSALLI

Au fil des années, le mime Marceau était devenu un des artistes français les plus connus dans le monde, notamment aux États-Unis où, dans les années 50, il avait créé une vraie révolution théâtrale. Le temps a passé, mais sa parole porte encore, cette «parole» qui, pour lui, «n’est pas nécessaire pour exprimer ce qu’on a sur le cœur». Son silence, si éloquent et si bavard, reste le langage d’un artiste américain appelé Mark Jasper qui continue à le parler, alors que l’univers des planches résonne des arts les plus bruyants et les plus tumultueux qui soient. Et c’est là une grande performance. Mark Jasper vient de se produire à Washington devant une salle comble. Son spectacle, intitulé Les sept âges du mime, n’a rien à voir ici avec une malicieuse mise à jour du genre, de même qu’il ne fait pas dans la parodie postmoderne. L’artiste présente une approche très personnelle de son éventail: de l’expressionnisme poétique et dramatique aux clowneries classiques de la commedia dell’arte, en passant par les Max Brothers. «Il bavarde du bout des doigts» Ainsi, en lever de rideau, il est Livius le tribun de la plèbe, grand par sa naissance et son éloquence. Mais voilà qu’il perd sa voix et qu’il doit donc s’exprimer en geste, alors que son assistante (l’actrice Sabrina Mandel, son épouse) narre la légende de Daphné, poursuivie par Apollon puis transformée en laurier. Jasper danse avec beaucoup de grâce le chasseur amoureux puis terrifié, ses pieds touchant à peine le sol, puis il devient rivière, ses bras ondulant comme l’eau. Il continue, toujours avec beaucoup de délicatesse, sur ses autres registres. Il prend son essor à travers une fenêtre et retombe les quatre fers en l’air dans une acrobatique arlequinade. Et dans la scène unique où il prononce quelques mots, notamment «Macaroni! Tiramisu!», il tortille son estomac, comme le ferait un enfant qui attend sa nourriture. On le retrouve ensuite en «Charlot» fanfaronnant des Temps modernes. Il joue avec égal bonheur la vulnérabilité apparente d’un David confrontant Goliath ou d’un simple cabotin. Mark Jasper a étudié l’art du mime avec Étienne Décroux et Marcel Marceau. Il a plusieurs cordes à son arc: il est mime, acteur, danseur, musicien et spécialiste du théâtre pour enfants. À son actif dans ce dernier domaine des spectacles, des ateliers et la création de plusieurs œuvres. Une autre de ses caractéristiques, son énergie et sa flexibilité corporelles qui sont, comme chez Chaplin et Marceau, un outil inestimable. Son dernier spectacle, Les sept âges du mime, est un coup de chapeau aux grands de cet art, «un langage universel, selon Marcel Marceau, une grammaire qui n’a pas besoin de traduction», joliment défini par Freud: «Quand ses lèvres se taisent, il bavarde du bout des doigts.»
Au fil des années, le mime Marceau était devenu un des artistes français les plus connus dans le monde, notamment aux États-Unis où, dans les années 50, il avait créé une vraie révolution théâtrale. Le temps a passé, mais sa parole porte encore, cette «parole» qui, pour lui, «n’est pas nécessaire pour exprimer ce qu’on a sur le cœur». Son silence, si éloquent et...