EXPOSITION - Jusqu’au 16 février, au Goethe-Institut (Manara) «Blind Date avec l’Allemagne» de Jad Semaan: images d’un pays longtemps rêvé...

De platonique, la relation de Jad Semaan avec l’Allemagne s’est concrétisée durant l’automne 2006, à la suite d’un «Blind Date» réussi. Une rencontre heureuse qui a, entre autres, donné naissance à une expo-photos (intitulée justement «Blind Date») qui se tient jusqu’au 16 février au Goethe-Institut de Beyrouth (Manara). Féru de culture allemande, ce jeune journaliste (notre collaborateur), qui étudie l’allemand depuis dix ans «afin de pouvoir lire les grands philosophes dans le texte», n’avait jamais été au pays de Goethe et de Nietzsche. Invité par l’IFA (Institut allemand pour les relations culturelles à l’étranger), à la fin de l’été dernier, à participer à son programme de «Stages CrossCulture» en travaillant durant trois mois à la radio berlinoise Multikulti, Jad Semaan a saisi l’occasion de confronter son rêve d’Allemagne, sa perception purement «intellectuelle», avec la réalité contemporaine de ce grand pays européen. Comme un premier rendez-vous... Une rencontre, un peu comme un premier rendez-vous avec un être fantasmé, lorsqu’on est partagé entre enthousiasme et appréhension, et qui se révèle encore mieux en vrai. «J’appréhendais un peu le contact humain avec les Allemands, à cause de leur image de raideur véhiculée par le cinéma. J’avais aussi été marqué par une phrase du prix Nobel Primo Levi, dans Si c’est un homme, son livre témoignage sur les camps de concentration, qui dit: “Ces aboiements typiques aux Allemands quand ils ordonnent”. Ce voyage m’a démontré le contraire. Je n’ai eu que de belles expériences. Les Allemands se sont révélés chaleureux... avec sincérité. C’est-à-dire qu’ils ont un premier abord réservé, mais quand ils apprécient une personne, leur comportement devient beaucoup plus cordial.» Clichés vs clichés Le voilà donc qui met à profit son séjour pour sillonner le pays du Rhin de fond en comble. Le regard curieux et la caméra à la main, il s’est baladé de grandes villes en bourgades, de capitales portuaires (telle Hambourg, deuxième port européen) ou industrielles (comme Stuggart, où se trouve le siège de Mercedes-Benz) en cités médiévales (dont Heildelberg et son magnifique château), de villages de Bavière (Schleersee) en villes d’eau (Aix-la-Chapelle), d’Est (comme Dresde quasi entièrement reconstruite à l’identique après la guerre) en Ouest... De cette tournée, il a rapporté des impressions et des images toutes à la fois touristiques et personnelles. Des photos qui racontent «l’immensité de Berlin, deux fois plus grande que Paris avec deux fois moins d’habitants, son cœur qui est un immense parc, la jeunesse de sa population cosmopolite, ses squats d’artistes venant de toute l’Europe». Des photos qui témoignent du charme «catholique, conservateur et bourgeois de Munich, de la richesse des villes industrielles comme Düsseldorf ou Cologne...». Des clichés qui battent en brèche certains... clichés en montrant, par exemple, l’humour des publicités allemandes. Des images qui mettent l’accent sur l’immense sentiment de culpabilité des Allemands, à travers les inscriptions et monuments dédiés à la Shoah qui ponctuent l’ensemble du territoire. Et des vues majestueuses de monuments architecturaux ou historiques, des panoramas alpins et verdoyants ainsi que des instantanés bruissant de vie quotidienne... L’Allemagne dans sa rigueur et son romantisme, dans ses souvenirs noirs et ses ex-voto de rédemption. L’Allemagne radieuse, moderne, unie et tournée vers l’avenir. L’Allemagne puissance économique et terre des artistes et des penseurs... Ce sont toutes ces facettes que Jad Semaan a voulu montrer à travers la sélection de soixante-quinze photos en couleurs (de format moyen) accompagnées de légendes qu’il expose, jusqu’au 16 février, au Goethe-Institut, Manara. Un « Blind Date » qui se révèle plus que séduisant: intéressant... Zéna ZALZAL