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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Une année de souffrances pour les Palestiniens de Gaza

Épuisés, appauvris et sans grand espoir de jours meilleurs, les Palestiniens de la bande de Gaza ont vécu une année des plus sombres depuis la victoire électorale des islamistes du Hamas en janvier 2006. Dans le quartier Rimal, en plein centre de Gaza, Nidal Mohammad, 32 ans, sort de son travail au ministère de la Santé, la mine fermée. Le bilan qu’il dresse de l’année écoulée est sans appel : « Nous vivons depuis un an sans salaires, sans sécurité, sans stabilité et avec la peur au ventre. » Déjà en déliquescence, l’Autorité palestinienne est aujourd’hui paralysée par une lutte au pouvoir entre le Hamas, à la tête du gouvernement, et la présidence contrôlée par le Fateh, alors que l’Occident a cessé ses aides financières directes pour punir le Hamas qui refuse de reconnaître Israël. La détérioration de la situation humanitaire et la crise politique ont achevé de plonger les territoires palestiniens dans l’anarchie peu après l’élection surprise du Hamas aux législatives du 25 janvier 2006. Des affrontements ont éclaté entre membres du Fateh et du Hamas, alors que l’armée israélienne a intensifié ses opérations dans la bande de Gaza après le rapt d’un de ses soldats fin juin. Selon des statistiques de l’ONU, 856 Palestiniens au total sont morts en 2006 dans ces violences, contre 242 en 2005. « Nos vies sont devenues très noires. Nous ne savons pas quand les choses vont s’améliorer et quelle est la solution. Nous ne voyons pas le bout du tunnel », soupire Nidal, le fonctionnaire qui ne reçoit que très irrégulièrement son salaire depuis un an. Épouse d’un ouvrier en bâtiment, Manal, 38 ans, se désespère aussi de la situation, que beaucoup de Palestiniens décrivent comme la plus mauvaise depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994. Son mari ne travaille plus, dit-elle, depuis février en raison de la dégradation de la situation économique. « La vie est devenue très dure. La plupart du temps, nous nous nourrissons de pain et de thym. » « Le propriétaire de notre appartement veut nous expulser car nous ne pouvons plus payer le loyer », ajoute-t-elle. Sa famille n’est pas éligible aux aides alimentaires distribuées par l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (Unrwa) à quelque 830 000 Palestiniens de la bande de Gaza, qui compte environ 1,4 million d’habitants. « La plupart des foyers reçoivent des coupons d’aide. Mais pas nous. Nous ne savons pas à qui demander de l’aide », lâche-t-elle. « Auparavant, les gens allaient voir Abou Ammar (Yasser Arafat, le défunt leader palestinien) et il les aidait. Aujourd’hui, toutes les portes sont fermées. » En septembre, la Banque mondiale avait prévenu que 2006 pourrait être la pire année pour l’économie palestinienne. Selon ses projections, si cette situation persiste, 47 % de la population active sera au chômage en 2008 (contre 23 % en 2005 et 40 % en 2006,) et le taux de pauvreté atteindra 74 % (44 % en 2005, 67 % en 2006). Conséquence parmi tant d’autres de la situation difficile, de nombreux Palestiniens ont dû renoncer même à se marier faute d’argent. « Je suis fiancé depuis un an et trois mois, mais je ne parviens pas à organiser mon mariage. Je n’arrive par à finir la construction de mon appartement », explique Achraf Achour, 25 ans. « Cela pose des problèmes sociaux importants. »

Épuisés, appauvris et sans grand espoir de jours meilleurs, les Palestiniens de la bande de Gaza ont vécu une année des plus sombres depuis la victoire électorale des islamistes du Hamas en janvier 2006.

Dans le quartier Rimal, en plein centre de Gaza, Nidal Mohammad, 32 ans, sort de son travail au ministère de la Santé, la mine fermée. Le bilan qu’il dresse de...