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Ambassadeur à 35 ans, six fois ministre, romancier et académicien, amoureux de la mer et des grandes causes Jean-François Deniau, le baroudeur de la politique, n’est plus

L’ancien ministre et académicien Jean-François Deniau est mort hier à Paris à l’âge de 78 ans, a-t-on appris auprès de l’Académie française. Jean-François Deniau avait mené de front une carrière politique et littéraire tout en assumant son goût de l’aventure comme globe-trotter ou marin. «Homme politique, diplomate, artisan de la construction de l’Europe, il avait voué son énergie inépuisable et l’ardeur de son engagement au service de la France et des valeurs universelles qu’elle porte dans le monde », a déclaré Jacques Chirac. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a salué un homme qui a été « l’acteur des grandes causes de son temps : la politique avec la construction de l’Europe et la coopération ; le combat des droits de l’homme et des droits des peuples (...), la littérature et la mer ». Le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, a salué « un citoyen du monde » qui « incarnait la France des lumières ». Ambassadeur à 35 ans, six fois ministre, romancier et académicien, amoureux de la mer et des grandes causes, Jean-François Deniau, qui vient de mourir à l’âge de 78 ans, était un baroudeur de la politique. « J’ai horreur des hypocrites et des empaillés, des pédants et des solennels », aimait à répéter celui qui n’a jamais désarmé, même face à la maladie, un cancer du poumon, qu’il avait révélé en 1991. En 1995, il traversait l’Atlantique à bord d’un catamaran en compagnie du champion olympique Nicolas Hénard, trois mois après un triple pontage coronarien. Après une fulgurante carrière dans la diplomatie – il est nommé ambassadeur en Mauritanie à l’âge de 35 ans –, ce brillant énarque, qui a rédigé le préambule du traité de Rome (1957), occupera six fonctions ministérielles entre 1973 et 1981. Secrétaire d’État (Coopération, Agriculture et enfin auprès du ministre des Affaires étrangères) entre 1973 et 1978, il était nommé ministre du Commerce extérieur en 1978, puis de la Réforme administrative en 1980. Entre-temps, il a de nouveau été ambassadeur de France, dans l’Espagne postfranquiste, en 1976. Élu au Parlement européen en 1979, président (UDF) du conseil général du Cher de 1981 à 1998, M. Deniau a été député de ce département de 1978 à 1981, puis de 1986 à 1997. En 1998, il démissionne de l’UDF après l’élection de cinq présidents de région avec les voix du Front national. Homme cultivé, autant à l’aise en « battling-dress » qu’en costume trois-pièces, ce fidèle de Valéry Giscard d’Estaing n’a pas fait que des voyages officiels. Durant deux ans, il a franchi clandestinement quatorze frontières pour partager la vie des « maquis de la liberté » : Afghanistan, Érythrée ou Angola. Une expérience racontée pour « porter témoignage » dans Deux heures après minuit (1985). Apôtre du « devoir » d’ingérence lorsque des peuples sont menacés dans leur propre État, il s’était rendu à plusieurs reprises dans l’ex-Yougoslavie, notamment dans Sarajevo assiégé, et s’est consacré pendant de longues années à la libération d’otages et de prisonniers politiques (Afrique du Sud, Liban, Inde...). Habile navigateur dans les eaux tumultueuses de la politique – « gouverner et gouvernail ont la même racine », disait-il –, Jean-François Deniau était un vieux loup de mer qui plaçait sa passion de la voile (« la meilleure des écoles ») au-dessus de tout. Son ouvrage La mer est ronde (1975) est une variation pleine d’humour sur les tribulations des amateurs de mâts et de haubans. En 1999, il avait été élu à l’Académie de marine en remplacement d’Éric Tabarly et son action au sein du groupe des Écrivains de marine, qu’il avait fondé en 2003, lui a valu le Grand Prix de la mer en 2004. Chroniqueur au Figaro et éditorialiste à L’Express, il a signé des essais et des ouvrages économiques, dont un best-seller de la collection Que sais-je sur le Marché commun. Entré en 1992 à l’Académie française, il est également l’auteur de romans à succès, comme La désirade (1988), conte philosophique sous couvert d’aventures d’un flibustier voulant fonder une société utopique au XIXe siècle, Un héros très discret (1989), qui évoque un « combattant du petit malheur » dans la France d’après-guerre, ou encore L’empire nocturne (1990). En 1994, il a publié le premier tome de ses Mémoires de 7 vies, Les temps aventureux, suivi en 1997 de Croire et oser. Avec son dernier ouvrage autobiographique, Survivre, publié en 2006, il disait avoir laissé « quelques souvenirs monter, d’enfance et d’aventures ».

L’ancien ministre et académicien Jean-François Deniau est mort hier à Paris à l’âge de 78 ans, a-t-on appris auprès de l’Académie française. Jean-François Deniau avait mené de front une carrière politique et littéraire tout en assumant son goût de l’aventure comme globe-trotter ou marin.

«Homme politique, diplomate, artisan de la construction de l’Europe,...