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PATRIMOINE - Le Palais de la culture a été érigé en 1955 sur les décombres d’un quartier populaire anéanti par les Allemands Le cadeau de Staline à Varsovie devient monument historique

Le Palais de la culture, offert jadis par Joseph Staline à Varsovie, un gratte-ciel qui trône au centre de la capitale polonaise, devient monument historique malgré une controverse sur sa valeur symbolique et architecturale. Le conservateur de Varsovie a décidé jeudi d’octroyer à ce spécimen du réalisme socialiste, haut de 230 mètres, un statut qui le protégera désormais de toute modification arbitraire, alors qu’après la chute du communisme il y a 17 ans, certains étaient allés jusqu’à proposer sa démolition. Pour entrer dans les faits, sa décision doit encore obtenir l’approbation du préfet de Varsovie. Inauguré en juillet 1955, le « Palais de la culture et de la science Joseph Staline » avait été érigé sur les décombres d’un quartier populaire de Varsovie, pratiquement anéanti par les Allemands qui avaient systématiquement détruit la ville après une insurrection antinazie en 1944. Tout y est grandiose. La superficie totale du bâtiment correspond à celle de 16 terrains de football. Sur ses 42 étages surplombés d’une flèche hérissée d’antennes, le Palais de la culture renferme plusieurs théâtres et cinémas, restaurants et salons d’exposition, une piscine et de nombreux bureaux, ainsi qu’une salle des congrès. Cette salle de près de 3 000 places avait accueilli tous les congrès du Parti communiste polonais, dissous en 1990, mais aussi des spectacles mémorables : concerts des Rolling Stones, de Marlène Dietrich ou de Charles Aznavour. Ressemblant aux sept gratte-ciel staliniens de Moscou comme l’Université Lomonossov, le Palais de la culture de Varsovie se dresse au milieu d’une immense place, la plus grande d’Europe dans un environnement urbain. Baptisée « place des Défilés », elle avait servi à l’époque communiste aux manifestations du régime. Aujourd’hui, elle accueille des commerces de fortune et des fêtes populaires. Les adversaires et les amis du Palais de la culture ne cessent de s’affronter depuis l’affranchissement de la Pologne de la tutelle de Moscou et son retour à la démocratie en 1989. « Je suis assez jeune pour que toute la symbolique stalinienne n’ait plus d’importance pour moi. Le Palais de la culture m’intéresse uniquement en tant qu’œuvre d’architecture d’une classe bien supérieure à celle de 95 % des constructions actuellement réalisées à Varsovie », affirme l’architecte Marcin Grabacki. « Qu’on le veuille ou non, il est devenu symbole de Varsovie », a-t-il souligné lors d’un débat organisé par le quotidien Gazeta Wyborcza. Pour Lech Klosiewicz, un professeur d’architecture, « faire de ce bâtiment un monument historique relève d’une approche populiste ». « C’est tout à fait absurde. N’en faisons pas une œuvre d’art ! Il a bloqué le centre de la ville et en même temps il en reste coupé. Il n’est pas intégré dans la cité », a-t-il affirmé à l’AFP. Les adversaires du palais disent craindre que son statut de monument historique permette de financer son entretien avec des fonds de la municipalité. Selon Lech Isakiewicz, président du conseil d’administration du Palais de la culture, c’est exclu. « Le palais gagne suffisamment pour s’autofinancer et génère encore un bénéfice annuel d’un million de zlotys (250 000 euros) », souligne-t-il. Le débat se poursuit aussi sur Internet. « Pour moi, le symbole de Varsovi,e ce sont ses terrains verts, ses nouveaux ponts, et non cette bâtisse grise avec son environnement horrible », a confié un internaute. « Il faut qu’il soit classé monument, il est merveilleux, exceptionnellement beau ! » a rétorqué un autre. Et un troisième s’est écrié : « Ohé, Varsoviens, qu’est-ce que vous auriez montré aux touristes si vous n’aviez pas le Palais de la culture ? »

Le Palais de la culture, offert jadis par Joseph Staline à Varsovie, un gratte-ciel qui trône au centre de la capitale polonaise, devient monument historique malgré une controverse sur sa valeur symbolique et architecturale.

Le conservateur de Varsovie a décidé jeudi d’octroyer à ce spécimen du réalisme socialiste, haut de 230 mètres, un statut qui le protégera...