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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE Six mois de festivités shakespeariennes à Washington

WASHINGTON - d’Irène MOSALLI «Je tiendrai dans une coquille de noix; je m’y croirais au large et le roi d’un empire sans limites... si je n’avais pas de mauvais rêves.» Pas besoin de rêves, bon ou mauvais pour Shakespeare, qui s’exprimait ainsi, puisque depuis 400 ans on ne se lasse pas de le célébrer. À présent, il règne sur Washington le temps d’un festival qui lui est dédié et qui, du jamais-vu pour un festival, s’étalera sur six mois d’affilée. De plus, cette grand-messe a été mise au point par des géants de la culture. Le président du Centre Kennedy, Michael Kaiser, et le directeur artistique de la Shakespeare Theatre Company en sont les concepteurs. Se sont joints à leur projet, la Librairie du Congrès, la Folger Library (la plus grande bibliothèque consacrée au célèbre dramaturge anglais), le Smithsonian Institution et plus de 60 formations (orchestres, troupes de théâtre, ballets, exposants, etc.) qui présenteront une centaine de spectacles et d’installations. La Shakespeare Theatre Company a donné le grand coup d’envoi en offrant gratuitement au public une lecture-mise en scène de Twelfth Night (La Nuit des rois) au Centre Kennedy. Parallèlement, les cimaises du musée Phillips Collection accueillent, à travers une série de tableaux d’éminents peintres, Shakespeare sur toile. Ailleurs, c’est Othello sur grand écran ou encore en chorégraphie et le Roi Lear vu par le Théâtre classique de Harlem. Les mélomanes ont trouvé leur compte en écoutant les musiques de deux compositeurs contemporains de Shakespeare, William Byrd’s John et Dowland’s Robert. Réinventer un théâtre du Globe Le pic de cette première partie du festival est une exposition organisée par le National Building Museum sous le thème «Réinventer le Globe»: un théâtre shakespearien pour le XXIe siècle. À noter que c’est dans ce théâtre qu’avaient été créées la plupart des pièces de Shakespeare et qu’il y avait même établi sa troupe. Le théâtre du Globe avait été détruit en 1613 à la suite d’un incendie qui s’était produit durant une représentation de Henry VIII de Shakespeare. Reconstruit immédiatement sur la rive opposée de la Tamise et rouvert l’année suivante, il avait été fermé par les puritains, comme tous les théâtres, en 1642. Il fut démoli en 1664 pour faire place à des logements. Depuis, partout dans le monde (de Stratford jusqu’en Suède, en passant par l’Ontario), on a tenté de le refaire dans sa forme polygonale initiale et surtout en lui insufflant l’inspiration shakespearienne. Dans cet esprit, le National Building Museum a demandé à cinq grandes firmes d’architecture de concevoir un théâtre qui, tout en étant moderne, reflète l’essence du célèbre dramaturge. Ces créations sur commande ont beaucoup tablé sur la technologie et elles sont toutes spectaculaires et projetées dans l’avenir. L’une, signée H3 Hardy Collaboration Architecture et qui propose de faire venir le théâtre vers les gens, a planté ses tréteaux shakespeariens en plein Times Square à New York. Ailleurs, chez David Rockwell, la salle de spectacle est en verre et elle repose sur un système d’échafaudage pour que la scène soit ouverte sur le ciel et le paysage environnant. Il y a aussi un théâtre ambulant très original en provenance d’un bureau de Los Angeles pour le design mobile: il s’agit d’un tracteur pouvant se transformer en scène et qui peut se transporter de ville en ville à la manière des caravanes des anciens ménestrels. Et c’est une approche toute poétique et aérienne que développe l’architecte californien d’origine iranienne Michel Saee, qui suggère l’utilisation de moniteurs électroniques pour suivre les mouvements de Roméo et Juliette, mouvements qu’il place ensuite dans un ordinateur pour générer des formes fantastiques qui finiront par être un théâtre. Il suffit de penser Shakespeare pour que les artistes laissent exploser leur imagination. Pour l’auteur de Hamlet, «le monde entier est un théâtre». «Et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles ». Et toutes les scènes sont aujourd’hui son théâtre du Globe.

WASHINGTON - d’Irène MOSALLI

«Je tiendrai dans une coquille de noix; je m’y croirais au large et le roi d’un empire sans limites... si je n’avais pas de mauvais rêves.» Pas besoin de rêves, bon ou mauvais pour Shakespeare, qui s’exprimait ainsi, puisque depuis 400 ans on ne se lasse pas de le célébrer. À présent, il règne sur Washington le temps d’un festival...