ARCHÉOLOGIE L’île aux esclaves naufragés de l’océan Indien garde son secret

L’île aux esclaves naufragés de Tromelin, dans l’océan Indien, où un navire s’était échoué en 1761, conserve une partie de ses secrets en dépit d’une première campagne de fouilles menée en octobre et novembre, ont reconnu mercredi à Paris les responsables de la mission. Les chercheurs n’ont notamment pas trouvé les sépultures des naufragés qui auraient pu les renseigner sur cet îlot situé à 500 km de Madagascar et de la Réunion et qui a été « un laboratoire de refabrication d’une société humaine à partir de presque rien », selon le président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Jean-Paul Demoule. Les recherches, menées à la fois sur terre et sous la mer, ont toutefois permis de mettre au jour un four, des soubassements d’habitation et divers objets issus de l’épave du navire l’Utile qui s’y était échoué le 31 juillet 1761. Une partie de l’équipage et soixante esclaves originaires de Madagascar avaient réussi à prendre pied sur cet îlot d’un kilomètre carré. L’équipage parvint à construire une embarcation de fortune et quitta les lieux en promettant aux esclaves de venir les rechercher. La promesse ne sera tenue que quinze ans plus tard et seuls sept femmes et un bébé purent être sauvés. Les chercheurs ont également retrouvé des structures de pierre construites par des mains humaines. « Les naufragés ont réinventé une culture matérielle et probablement spirituelle que nous pourrons appréhender lorsqu’on aura retrouvé les nécropoles », a souligné M. Demoule. Le promoteur de l’expédition, Max Guérout, du groupe de recherche en archéologie navale (Gran), a souligné qu’une nouvelle expédition était difficilement envisageable avant 2008.