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THÉÂTRE - « Kelemtein aal Waëf » avec Tony Baroud, à l’Athénée (Jounieh) Paroles, paroles, paroles et parlotes…

Il était un présentateur de sport. À la voix sympa. Il faisait rouler au micro les «r» et les mots comme des cailloux dans un torrent. C’est-à-dire en cascades, avec énergie et une certaine fraîcheur. Et puis la caméra du petit écran lui a fait un clin d’œil. Il a galamment répondu à l’appel. Alors on a découvert un visage, lui aussi sympa, un physique un rien de play-boy et du bagout. Enfin juste ce qu’il faut pour se tirer d’affaire avec les vedettes locales et arabes qu’il invite sur le plateau et où ensemble ils font les patachons... Car quoi de plus que paroles, paroles, paroles et parlotes sur nos petits écrans qui gavent le public de talk shows, presque toujours d’une qualité plus que discutable. Mais de toute évidence, cela ne suffisait pas à Tony Baroud, puisque, vous l’avez reconnu, c’est de lui qu’il s’agit. Aujourd’hui, le voilà qu’il présente en cavalier solitaire un one-man-show au théâtre de l’Athénée, à Jounieh. Sur un texte de Camille Salameh et une mise en scène de Dany Boustany. Tout de noir vêtu, avec chemise col Mao baba cool et pantalon assorti, Tony Baroud est dans la flaque de lumière. En décor de fond, un écran géant avec des spots aux tons rouges (parfois bleus), un tabouret pour se poser le temps d’un répit et la scène toute nue où s’agite et gesticule un présentateur du petit écran qui se veut sans nul doute aussi acteur. Un acteur comique de surcroît. Mais un acteur, cela ne s’improvise pas. Même si on a le don de flirter avec bonheur avec le micro ou la caméra. Son spectacle, intitulé Kelemtein aal Waëf (deux mots en vitesse), est une «stand up comedy». Traduction littérale en arabe de ses deux mots lancés debout… Sur un ton badin et familier, Tony Baroud refait le monde à sa façon, c’est-à-dire selon le texte taillé sur mesure qu’il lui a été écrit et qu’il récite avec application certes, mais sans grande inspiration ou conviction personnelles. Très sagement, même un peu crispé, tout au long d’un spectacle qui s’étend sur plus d’une heure, Tony Baroud va tenter de garder le public en éveil et le faire rire ou du moins le faire sourire. De quoi parle-t-on dans «Stand Up Comedy»? Apparemment, de tout et de rien, de la pluie et du beau temps, du sexe (beaucoup, beaucoup trop de grivoiseries) et de politique (en l’effleurant du bout des lèvres)… Tout cela en vrac. En tapant fort sur la bagatelle sexuelle, avec un tic répétitif, aux redondances presque agaçantes, dans le genre «N’est-ce pas madame»? Un texte bavard, aux explications inutiles (quand un simple mot peut faire rire aux éclats), qui jette ses embranchements dans tous les sens et que tente de défendre un acteur en herbe, de toute évidence encore intimidé par son auditoire. Des petites blagues salaces faciles (on reste braqué un peu ici au-dessous de la ceinture pour des clins d’œil d’un sexisme appuyé) aux histoires amusantes du zapping, en passant par le triangle (érotisme quand tu nous tiens) de Mimi, tout cela n’est pas d’un humour corrosif, ni d’un esprit qui vole très haut. Le mariage acteur/texte devra macérer un peu plus longtemps pour donner quelque couleur à un spectacle verbeux et scéniquement sans grande consistance. Tony Baroud, tout en étant égal à lui-même, a raté son rendez-vous avec le monde des planches. On l’attend pour d’autres prestations, plus inventives, plus vivantes, plus drôles. Comme à ses débuts où il y avait plus d’authenticité, plus de spontanéité, plus de simplicité. Edgar DAVIDIAN
Il était un présentateur de sport. À la voix sympa. Il faisait rouler au micro les «r» et les mots comme des cailloux dans un torrent. C’est-à-dire en cascades, avec énergie et une certaine fraîcheur. Et puis la caméra du petit écran lui a fait un clin d’œil. Il a galamment répondu à l’appel. Alors on a découvert un visage, lui aussi sympa, un physique un rien de...