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Actualités - REPORTAGE

Près de 850 morts en 38 ans de guerre contre l’État espagnol L’ETA, fer de lance du séparatisme basque Carine MANSOUR

L’organisation indépendantiste basque ETA, qui a perpétré le 30 décembre un attentat à l’aéroport de Madrid, entraînant la mort de deux personnes, a tué près de 850 personnes en 38 ans de lutte armée contre l’État espagnol pour l’indépendance du Pays basque. Le nationalisme basque est né à la fin du XIXe siècle « sur la base de l’idéologie raciste, ultracatholique et anti-espagnole de Sabino Araña », selon la définition des spécialistes. Son particularisme est d’être à cheval sur deux États, l’Espagne et la France. Ses partisans revendiquent l’indépendance d’Euskal Herria, un territoire comprenant la région autonome du Pays basque espagnol, la Navarre et le Pays basque français. La volonté d’unifier les 7 provinces « historiques » basques ne s’appuie sur aucun précédent historique : le Pays basque, à la différence de la Catalogne, n’a jamais constitué une nation, excepté avec la très éphémère République basque, durant la guerre civile. En revanche, une réelle parenté linguistique et culturelle rassemble l’ensemble des Basques. La langue basque, l’euskara, est un des piliers essentiels du nationalisme basque, son véritable ciment. Depuis l’instauration de l’autonomie au pays basque espagnol en 1979, la reconnaissance du caractère officiel de la langue basque, son introduction dans l’enseignement public et privé et la mise en place d’une radio et d’une télévision en basque visent à inverser le processus de « débasquisation ». Certains, toutefois, ne se sont pas suffi de ces mesures, et ont décidé de prendre les armes pour défendre l’indépendance de la nation basque. Figure de proue de cette tendance, ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Patrie basque et Liberté), qui figure depuis 2001 sur la liste européenne des organisations terroristes. Depuis son premier attentat le 7 juin 1968, elle a causé la mort de plus de 850 personnes, selon le ministère espagnol de l’Intérieur. La police et l’armée sont les cibles privilégiées d’ETA. Dans le même temps, ETA a perdu près de 200 membres, selon les indépendantistes. Plus de 90 % des victimes d’ETA ont été tuées après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975 et depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne. ETA ne pratique pas l’attentat aveugle massif et le bilan de son action la plus meurtrière (21 morts dans un supermarché de Barcelone en 1987) est attribué par les indépendantistes à une erreur de coordination logistique. ETA, dont le symbole est une hache entrelacée d’un serpent, a été fondée le 31 juillet 1959 par des étudiants nationalistes d’inspiration marxiste-léniniste, qui accusaient le Parti nationaliste basque (PNV, modéré, au pouvoir au Pays basque depuis 1980) d’« immobilisme » face au franquisme. L’organisation a connu des scissions en cascade. Notamment en 1973, entre ETA politico-militaire et ETA militaire, cette dernière étant constituée des éléments les plus durs. Une ligne de fracture qui se dessine aussi bien sur les objectifs que sur les moyens pour les atteindre. Les modérés se satisferaient d’une réforme constitutionnelle garantissant le droit à l’autodétermination du peuple basque, alors que les radicaux campent sur leur exigence d’un rattachement de la Navarre et d’une unification du Pays basque français. Ces derniers pensent que seule la lutte armée peut amener l’État espagnol à négocier. Même si ces dernières années, ETA a souffert de difficultés économiques, elle s’est réarmée. Côté logistique, elle aurait des réserves conséquentes d’explosifs, la principale arme du groupe. Qui plus est, ses artificiers savent confectionner des engins d’une redoutable efficacité bien que simples et artisanaux (à base de produits agricoles). L’émanation politique d’ETA est le parti Batasuna, qui recueille 12 % à 18 % des voix selon les scrutins successifs. Déclaré illégal par le Tribunal suprême espagnol en mars 2003, ce parti est considéré comme terroriste par l’Union européenne et les États-Unis. Jusqu’à la mort du général Franco en 1975, ETA a présenté sa lutte non seulement comme un combat pour la libération du peuple basque, mais aussi comme un engagement antifasciste en faveur de la démocratie. Cette dimension lui a valu d’être appuyée par la gauche espagnole, mais aussi par de nombreux milieux libéraux européens. Un soutien qui a, aujourd’hui, disparu.
L’organisation indépendantiste basque ETA, qui a perpétré le 30 décembre un attentat à l’aéroport de Madrid, entraînant la mort de deux personnes, a tué près de 850 personnes en 38 ans de lutte armée contre l’État espagnol pour l’indépendance du Pays basque.
Le nationalisme basque est né à la fin du XIXe siècle « sur la base de l’idéologie raciste, ultracatholique et...