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Actualités - CHRONOLOGIE

France - Deux cents tentes installées le long du canal Saint-Martin en solidarité avec les SDF À Paris, « Les enfants de Don Quichotte » s’attaquent à l’exclusion

Peu nombreux et jusqu’alors inconnus, « Les enfants de Don Quichotte » ont réussi, en installant un camping sauvage en plein Paris, à mobiliser les médias et la classe politique sur le dossier de l’exclusion. Leur demande : que des mesures soient prises pour sortir les SDF de la rue. Tout a commencé à l’automne avec « la prise de conscience » d’Augustin Legrand, comédien de 31 ans, sur le sort des SDF. « Il a estimé que si on est des milliers à camper en France, cela fera prendre conscience du problème », raconte son frère, Jean-Baptiste Legrand, un juriste de formation, qui s’est également lancé dans l’aventure en tant que président de l’association. Augustin Legrand se met alors « à la rue », avec un ami comédien, Pascal Oumakhlouf. Du 23 octobre au 2 décembre, les deux amis prennent contact avec ceux qui dorment dans la rue. À cette occasion, Jean-Baptiste, 30 ans, qui travaille également dans la production cinématographique, tourne des portraits de SDF, qui sont diffusés sur un site Internet. Le 2 décembre, le « clan » veut frapper un grand coup et camper place de la Concorde, mais il en est empêché par les forces de l’ordre. Il décide alors de s’installer « là où on ne peut pas nous déloger », le long du canal Saint-Martin, en raison du risque de chute des campeurs en cas d’intervention des CRS. Le 16 décembre, environ 80 amis et quelques SDF s’établissent le long du canal. C’est une histoire de famille. On trouve sur place six Legrand : trois frères, deux sœurs et la maman, qui aide dans la journée. Les repas ? Ils sont assurés le soir par l’association « La chorba pour tous », explique Jean-Baptiste Legrand, en ajoutant que le midi, « on se débrouille ». Il dit avoir perdu six kilos. « Nous avons créé l’association début novembre comme un moyen juridique d’obtenir des autorisations d’installer les tentes que nous n’avons d’ailleurs pas eues », raconte à Reuters Jean-Baptiste Legrand. « Nous ne sommes que deux, mais tous les gens qui sont indignés et manifestent sont des “enfants de Don Quichotte”, fait-il valoir. Il y a un vrai souffle citoyen derrière nous. » Selon le site Internet de l’association, 4 368 personnes avaient adhéré au 28 décembre à la charte du canal Saint-Martin qui reprend les doléances des exclus et des associations soutenant leur action, soulagées de ne plus avoir à s’époumoner dans le vide. Certains sympathisants du mouvement présents sur le quai du canal Saint-Martin travaillent d’ailleurs parallèlement pour des associations d’aide aux SDF. C’est le cas d’un des porte-parole, qui est salarié à mi-temps du Secours catholique. Âgé de 31 ans, il se définit comme « un travailleur social lassé d’être témoin de la maltraitance des SDF provoquée par le système de l’errance » et réconforté par la spontanéité du mouvement, une « volonté très forte de tourner la page ». Et tant pis si certains, comme le président de France terre d’asile Pierre Henry, parle d’un « SDF show ». « Tant qu’il y aura des gens qui mourront dans la rue, on va continuer le SDF show, si c’est la manière de faire changer les choses », promet Jean-Baptiste Legrand. Du côté des pouvoirs publics et des partis politiques, on s’interroge ou on salue leur capacité à mobiliser rapidement, grâce à Internet et au téléphone mobile. « Ils sont très organisés pour des gens pas organisés. Ce sont des méthodes très fashion, bobo, tendance », estime-t-on dans un cabinet ministériel. Avec le temps, les dirigeants politiques ont toutefois commencé à prendre au sérieux les « enfants de Don Quichotte ». Les dirigeants des deux principaux partis, Nicolas Sarkozy (UMP) et François Hollande (PS), ont annoncé leur intention d’étudier ou de signer la charte du canal Saint-Martin. Hier, Ségolène Royal, candidate PS à la présidentielle, est également entrée en contact avec l’association. Le président Jacques Chirac a, pour sa part, demandé à la ministre déléguée à la Cohésion sociale, Catherine Vautrin, d’amplifier les mesures gouvernementales annoncées à l’automne dernier. Aujourd’hui, 200 tentes sont installées le long du canal Saint-Martin, et les « enfants de Don Quichotte » ont appelé les associations à étendre le mouvement à d’autres villes de France.

Peu nombreux et jusqu’alors inconnus, « Les enfants de Don Quichotte » ont réussi, en installant un camping sauvage en plein Paris, à mobiliser les médias et la classe politique sur le dossier de l’exclusion. Leur demande : que des mesures soient prises pour sortir les SDF de la rue.
Tout a commencé à l’automne avec « la prise de conscience » d’Augustin Legrand, comédien de...