Terrorisme Le Pakistan va miner sa frontière avec l’Afghanistan pour empêcher le passage des talibans

Le Pakistan a annoncé hier sa décision d’installer une clôture et de miner une partie de sa frontière avec l’Afghanistan pour empêcher les infiltrations d’extrémistes dans ce pays, malgré l’opposition de Kaboul qui ne reconnaît pas le tracé de cette frontière. «Il a été demandé à l’armée pakistanaise de définir les modalités d’installation d’une clôture et de minage sélectif de la frontière » longue de 2 500 km, a déclaré à la presse le secrétaire aux Affaires étrangères Riaz Mohammad Khan, sans préciser quand commenceraient les travaux. « Ces mesures viendront en complément de mesures déjà appliquées pour empêcher les activités en Afghanistan de rebelles depuis le Pakistan », a ajouté le diplomate pakistanais. « Des points de passage seront établis et étroitement surveillés », a-t-il précisé. Les zones tribales pakistanaises, à majorité pachtoune, sont accusées par les autorités afghanes de servir de base arrière aux militants afghans, notamment aux talibans, ainsi que de refuge à des membres du réseau terroriste el-Qaëda d’Oussama Ben Laden, lui-même toujours en fuite. Pressées d’agir, les autorités pakistanaises avaient déjà proposé cette solution il y a deux mois, mais le président afghan Hamid Karzaï l’avait catégoriquement rejetée. M. Khan a souligné hier que la décision pakistanaise était connue à Kaboul et que le Pakistan n’avait « besoin de l’accord d’aucun autre pays pour installer une clôture ou pour prendre toute mesure qu’il juge nécessaire du côté pakistanais de la frontière ». À Kaboul, la présidence a aussitôt dénoncé la décision pakistanaise sans pouvoir dire dans l’immédiat si des mesures seraient prises pour tenter d’empêcher sa mise en œuvre. « Plutôt que de tourner autour du pot, nous devons affronter véritablement les terroristes. Installer une clôture ou miner la frontière ne nous aidera en rien. C’est pourquoi nous sommes contre » les mesures annoncées par Islamabad, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la présidence, Khaleeq Ahmad. Selon la presse afghane gouvernementale, le projet d’Islamabad vise en fait à faire reconnaître par Kaboul « la ligne Durand » comme étant la frontière entre les deux pays.