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Actualités - CHRONOLOGIE

INITIATIVE - Aider, par l’action artistique, à mieux comprendre l’image du pays du Cèdre Jean Merhi mobilise des photographes français pour le Liban

Photographe, réalisateur-vidéaste et responsable des archives vidéos à la Maison européenne de la photographie, Jean Merhi vit depuis plus de vingt ans à Paris, sans oublier, pour autant, ses racines libanaises. Un attachement au pays qui se traduit chez lui en actions culturelles menées dans un objectif de promotion d’une certaine image du Liban. Instigateur en 1998, avec Henri Chapier (président de la Maison européenne de la photographie), du Mois de la photo au Liban, qui avait fait connaître, ici puis en France, nombre de jeunes photographes de talent, il avait également monté, l’année suivante (en collaboration avec le ministère libanais de la Culture et l’Unesco – Paris), une expo-photo collective et itinérante, intitulée «Un autre regard sur le patrimoine». Toujours concerné par ce qui se passe dans son pays natal, Merhi ne pouvait rester passif face aux événements de juillet dernier – auxquels est venue se greffer la crise actuelle. Il a donc décidé de mobiliser des collègues photographes français pour qu’à travers des travaux – hors reportage – ils contribuent à donner à leurs compatriotes un éclairage senti de la situation au Liban. Portraits «électrocathodiques» Pour mieux encadrer son action, le photographe-vidéaste libanais a fondé une association, «Artistes pour le Liban», à laquelle ont souscrit en tant que membres d’honneur Amin Maalouf, Charlotte Rampling ou encore Abdel-Rahman el-Bacha... Actuellement en cours d’enregistrement, cette association entamera officiellement ses activités en février 2007, à Paris, par une soirée de projection vidéo qui sera suivie au cours du même mois par une double exposition photos. Une exposition qui montrera justement les travaux exécutés, début décembre, par deux photographes français, Pierre Giorgio Lomascolo et Anne-Françoise Pelissier, lesquels étaient venus passer une dizaine de jours à Beyrouth, pour réaliser, chacun, un projet personnel. Le premier a fait une série de portraits. «Pierre Giorgio a choisi de photographier des Libanais de tous âges et de différentes confessions et tendances. Il les a fait poser les yeux fermés, avec des électrodes sur le front, en leur demandant de rêver à leur propre Liban. Puis d’établir, chacun, l’année au cours de laquelle la vision de leur Liban idéal pourra être concrétisée. Un procédé par lequel il cherche à transmettre une impression de connexions de pensées entre sujets photographiés et spectateurs, indique Merhi. Quant au travail d’Anne-Françoise Pelissier, il s’inscrit en quelque sorte dans le registre d’une mémoire des lieux, puisqu’elle est partie, pour sa part, à la rencontre des familles libanaises qui avaient accueilli chez eux les déplacés de la guerre de juillet». Christine Spengler en février à Beyrouth C’est à l’instigation de Serge Akl, directeur de l’Office libanais du tourisme à Paris (qui participe à la production de cet événement), que le choix s’est porté sur ces deux photographes, «qui connaissaient déjà le Liban pour y avoir réalisé des brochures touristiques», explique Jean Merhi. Qui, pour sa part, a convaincu Christine Spengler, la fameuse reporter de guerre (elle a couvert, entre autres, pour l’agence Sipa-Press, les événements du Cambodge, du Vietnam, d’Iran, d’Irlande du Nord, d’Irak après la chute de Saddam), de revenir en février 2007 au Liban où, durant les années quatre-vingts, elle avait été kidnappée par les Mourabitoun et sauvée de justesse grâce à l’intervention de Walid Joumblatt. Cette grande photographe – qui a été nommée, il y a quelques mois, chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres et dont les clichés ont fait la une des plus prestigieuses revues et quotidiens, Le Figaro, Time, Newsweek, El-Païs, Paris-Match, etc. – est sensible à la condition de la femme dans les pays arabes. C’est là une des motivations de sa venue à Beyrouth en février prochain pour réaliser un projet «porteur d’un regard d’espérance», à travers une approche des femmes et des familles dans les villages touchés par les derniers bombardements israéliens. Par ailleurs, au cours de la soirée de lancement, qui se déroulera donc en février à la Maison européenne de la photographie, Jean Merhi présentera un diaporama retraçant «l’évolution sur le terrain des projets des deux photographes» ainsi qu’un documentaire (52mn) qu’il a lui-même signé, incluant une série de rencontres avec différents intervenants de la scène artistique – et même politique – libanaise. «Le paysage politique libanais est tellement complexe et changeant qu’il fallait offrir aux gens de l’extérieur une vision plus juste, des impressions plus directes, notamment à travers ces œuvres photographiques», indique Merhi. Si, dans un premier temps, l’objectif de cette association est de faire parler du Liban, à travers les œuvres des photographes et plasticiens français, à moyen terme, il s’agira également de promouvoir les photographes, vidéastes et plasticiens libanais par le biais d’expositions collectives en Europe. Pour ce faire, l’association, qui financera ses activités en prélevant la moitié des bénéfices des ventes des œuvres qu’elle expose, compte également sur le soutien des donateurs. «Cela en attendant de réorganiser le plus rapidement possible, dès que la situation le permettra à nouveau, le Mois de la photo au Liban», soutient, plein d’espoir, Merhi. Zéna ZALZAL

Photographe, réalisateur-vidéaste et responsable des archives vidéos à la Maison européenne de la photographie, Jean Merhi vit depuis plus de vingt ans à Paris, sans oublier, pour autant, ses racines libanaises.
Un attachement au pays qui se traduit chez lui en actions culturelles menées dans un objectif de promotion d’une certaine image du Liban.

Instigateur en 1998, avec Henri...