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Les immigrants de l’ex-URSS en terre hostile en Russie

Ils étaient citoyens d’un même État. Mais quinze ans après l’effondrement de l’URSS, les immigrants des ex-républiques soviétiques apparaissent comme des étrangers indésirables en Russie. « Je vois cela tous les jours », déclare Gavkhar Djouraïeva, directrice d’une organisation qui vient en aide à des milliers d’ouvriers immigrés en provenance de l’ex-URSS. Beaucoup de Russes parlent de leurs anciens frères soviétiques avec un mépris ouvert, les rendant responsables de la criminalité et de la saleté des rues. Les immigrants d’Asie centrale sont traités de « tchourki » (« idiots »), ceux du Caucase de « khatchi » (« simplets »). Mais Mme Djouraïeva, qui a fui le Tadjikistan lorsqu’une guerre civile a éclaté dans ce pays d’Asie centrale en 1992, ne peut se défaire de l’idée qu’elle doit être bien accueillie en Russie. « Il m’est très difficile de changer et de voir la Russie comme un pays différent. J’ai gardé une mentalité soviétique », explique-t-elle. Des centaines de milliers de migrants quittent chaque année leur foyer dans les ex-États soviétiques pauvres afin de trouver du travail en Russie et envoyer de l’argent à leur famille. Ils travaillent sur les nombreux chantiers qui fleurissent dans les grandes villes russes, sont balayeurs de rues, tenanciers d’étals de marchés, déblaient la neige la nuit. Ils mènent une existence précaire dans des conditions de logement insalubres, proies faciles de la violence policière, de la criminalité organisée et du racisme. Un des cas les plus retentissants et les plus récents de violence raciste est survenu en août, quand un groupe d’ultranationalistes russes a fait exploser une bombe sur un marché fréquenté par des immigrés du Caucase et d’Asie centrale, tuant 11 personnes. « Le Moscou ethnique » « Ces étrangers sont considérés comme des citoyens de seconde classe du fait de leur apparence physique », souligne Alexandre Verkhovski, dirigeant du centre de recherche Sova de Moscou, spécialisé dans le racisme en Russie. Mais quelle que soit la façon dont ils sont traités, ces immigrants transforment Moscou en une ville multiethnique. Entre 1989 et 2002, le pourcentage de Russes dans la capitale est tombé de 93 % à 85 %, tandis que la proportion d’immigrants des pays du Caucase (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie) a été multipliée par cinq à 4,5 %, selon l’Institut de géographie de l’Académie de sciences de Russie. « Les immigrants s’efforcent de s’intégrer » et l’apparition de « ghettos ethniques » est en fait liée à la pauvreté, explique Olga Vendina, experte de l’institut et auteur d’un rapport intitulé « Le Moscou ethnique ». Le président Vladimir Poutine a déclaré cette année que le nombre d’immigrés pourrait s’élever à 15 millions en Russie, soit un des plus forts taux d’immigration au monde. Le pays compte 140 millions d’habitants. Cette tendance est encouragée par le régime sans visa existant entre la plupart des pays de l’ex-URSS. Cela conduit beaucoup en Russie, des groupes ultranationalistes à certains responsables politiques en vue, à remettre en question l’absence de visas. Mais nombre de Russes, en particulier parmi les générations les plus anciennes, restent attachés à l’idéal d’« amitié des peuples » prôné en Union soviétique. En juillet, 33 % des personnes interrogées par le centre d’opinion publique Vtsiom disaient considérer les citoyens des anciennes républiques socialistes soviétiques comme des « compatriotes ». Dario THUBURN (AFP)
Ils étaient citoyens d’un même État. Mais quinze ans après l’effondrement de l’URSS, les immigrants des ex-républiques soviétiques apparaissent comme des étrangers indésirables en Russie.
« Je vois cela tous les jours », déclare Gavkhar Djouraïeva, directrice d’une organisation qui vient en aide à des milliers d’ouvriers immigrés en provenance de l’ex-URSS. Beaucoup de...