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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE Fenêtre sur la paix à travers une quarantaine de toiles de Moussa Tiba

À soixante-sept ans, avec plus d’un demi-siècle de carrière dans l’art, Moussa Tiba, enfant du Sud et originaire de Cana, confesse en toute humilité et une passion avouée qu’il n’en a pas fini avec la peinture, le vitrail, la sculpture. Un parcours qui date depuis 1957 avec l’impérissable souvenir de César Gemayel donnant un cours… De Beyrouth à Paris, en passant par Londres, l’artiste ne se souvient pas du nombre précis de ses expositions. Il ajoute tout simplement: «Elles sont très nombreuses…» Résidant à Chartes depuis plus de vingt ans, se préoccupant bien peu d’avoir un bon français qu’il mélange naturellement avec le savoureux accent des gens du Sud, le peintre affirme qu’il «parle surtout la langue des couleurs»… Aujourd’hui, retour aux sources, à la terre des origines, pour exposer une quarantaine de toiles à la salle de l’Association des artistes libanais au Wakf druze, rue Verdun. Rencontre pour parler d’une œuvre, d’un événement, d’une inspiration. D’abord, pourquoi le choix de cette salle? « Après cinquante ans, c’est important pour moi un retour à ma famille: celle de l’art! C’est une exposition itinérante qui va de Bint-Jbeil à Ichwaya, en passant par Beyrouth, Tripoli et Chmestar (à côté de Baalbeck ). Si je l’ai intitulée “Sana Allah Loubnan” (Que Dieu protège le Liban), c’est que je refuse le cauchemar de la guerre. Ce sont des œuvres pour la paix, nées de la guerre des trente-trois jours cet été alors que, de Chartres, je vivais le drame du Liban. En 1976, j’ai déjà perdu ma maison à Kfarchima… Beaucoup de peintres ont vécu, tels Bacon, Dali, Da Vinci, Goya, Picasso, des situations de guerre. Cela a engendré une production marquée par les horreurs et les atrocités. Leur témoignage, comme le mien, est une fenêtre pour la paix. Et comment un être humain voit la paix? Une terre qui ne doit pas être blessée. La paix doit permettre à l’humanité de travailler. Et cette humanité est bien plus grande que le commerce de la guerre. Le Liban est terre de bien et non de misère. Cette exposition est une prière en faveur du Liban…» Le peintre est connu pour son style abstrait, éminemment éloquent, avec une palette extrêmement riche. Pour parler de la paix, témoigner d’une guerre, même vécue de loin, Moussa Tiba a-t-il eu recours à une expression différente? «Non, je suis toujours un peintre abstrait avec toutefois des tentatives pour m’exprimer diversement. Ici j’ai utilisé surtout les couleurs de la terre: l’ocre, le gris, le noir et parfois l’espoir dans le vert ou le rouge. Mes toiles sont un acte de résistance. L’essentiel est de s’exprimer. Et j’ai mis tous mes sentiments, toutes mes sensations d’un vécu troublé dans ces toiles. Je suis un peintre moderne qui partage son humanité avec l’univers. Je dis mon mot par un trait. Je parle de moi, bien entendu, tout en parlant des autres, mais à ma manière. Je suis surtout un citoyen du monde. Voir ces toiles pour le public est surtout aussi une invitation à visiter mon musée à Cana. Il y a là plus de quatre cents. Deux cent cinquante portent ma signature et les autres sont des œuvres où voisinent artistes libanais, arabes et étrangers. De Khaled Rahhal ou Ali Chaker aux gravures de Picasso et Dali, en passant par les œuvres de Buffet, Mathieu et Delaunay, le déplacement est une rencontre pour découvrir l’art moderne.» Edgar DAVIDIAN
À soixante-sept ans, avec plus d’un demi-siècle de carrière dans l’art, Moussa Tiba, enfant du Sud et originaire de Cana, confesse en toute humilité et une passion avouée qu’il n’en a pas fini avec la peinture, le vitrail, la sculpture. Un parcours qui date depuis 1957 avec l’impérissable souvenir de César Gemayel donnant un cours… De Beyrouth à Paris, en passant par Londres,...