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Actualités - CHRONOLOGIE

La Chine et Placido Domingo réunis pour une création grandiose à New York

Un metteur en scène chinois célébré au cinéma, un compositeur qui aime autant la musique de l’eau que celle des violons et un monstre sacré dans le rôle-titre: The First Emperor, la nouvelle création du Metropolitan Opera de New York promet de faire parler d’elle. L’œuvre, dont la première est prévue le 21 décembre, a nécessité dix ans de travail, entre Shanghai et New York, pour Tan Dun, compositeur et coauteur du livret, Zhang Yimou, Placido Domingo et bien d’autres. Le résultat est un mélange d’opéra occidental classique, depuis les chœurs jusqu’au texte en anglais, et d’influence orientale, du narrateur grimé issu de l’Opéra de Pékin, aux baguettes de tambours remplacées par des pierres, en passant par la cithare chinoise. Tan Dun parle d’un «formidable voyage spirituel». «Il y a 500 ans, Marco Polo a amené tant d’idées en Orient. C’est formidable de revivre l’expérience de l’Orient vers l’Occident», a expliqué le frêle et jovial musicien à la presse, juste avant une répétition. Né en 1957 dans un village du Hunan, contraint à travailler dans des rizières sous la Révolution culturelle, il a découvert tardivement le répertoire occidental. Depuis, «j’en ai vu presque toutes les productions, et aussi toutes celles de l’opéra pékinois. Pour moi, les deux sont désormais mêlés», dit-il. Installé depuis des années à New York, il est entre autres l’auteur de musiques de films célèbres, notamment celle de Tigre et dragon d’Ang Lee (qui lui valut un Oscar). Mais «mon rêve de toujours était d’écrire des opéras pour Placido!» ajoute-t-il. Le ténor espagnol aux 120 rôles, mais qui n’en avait pourtant créé aucun en 39 ans de présence au MET, a été dès le départ impliqué dans le projet, chantant parfois depuis le bout du monde ses suggestions au téléphone à Tan Dun. Placido Domingo interprète le premier empereur de Chine, Qin Shi Huang, qui unifia l’empire et édifia la Grande muraille. Dans cet opéra coécrit par l’écrivain chinois de Boston Ha Jin, le despote cherche un hymne pour son pays, mais finit par ruiner la vie de sa fille et de son meilleur ami. Imposant en costume d’empereur guerrier et longues tresses noires, Domingo, 65 ans, a dit «espérer que le public sera touché: le livret est émouvant, nous avons beaucoup de plaisir à répéter, et il y a cette communion de la scène et du cinéma». Pour la mise en scène, Tan Dun a appelé son ami Zhang Yimou, réalisateur d’Épouses et concubines et du Secret des poignards volants. Zhang se réjouit de cette «communication des cultures», et s’il ne parle pas anglais, il explique avoir voulu d’abord «servir la musique». Connu pour ses fresques spectaculaires, le réalisateur, qui mit en scène Turandot dans la Cité interdite de Pékin en 1998, a imaginé pour ce First Emperor une impressionnante Muraille de Chine où évoluent les acteurs. La costumière est Emi Wada, récompensée aux Oscars pour les costumes de Ran d’Akira Kurosawa. «Je veux que cet opéra soit à la fois mélodique et dramatique, romantique et difficile, je veux que le cœur du public tremble!» dit Tan Dun. Le MET de son côté espère «à la fois un succès artistique et populaire», selon les termes de son nouveau directeur général, Peter Gelb. Depuis son arrivée, le directeur mène une offensive déclarée pour tenter d’élargir le public de l’art lyrique. Cet automne, Madame Butterfly a été montrée en direct sur les écrans géants de Times Square, tandis que le MET lançait sa première campagne d’affichage dans le métro et les bus en 30 ans. La première du First Emperor sera aussi retransmise en direct sur le site www.metopera.org et la matinée du 13 janvier présentée dans plusieurs cinémas d’Europe et d’Amérique du Nord. Les neuf représentations elles-mêmes affichent complet, avec juste quelques places à 600 dollars encore disponibles. Catherine HOURS (AFP)
Un metteur en scène chinois célébré au cinéma, un compositeur qui aime autant la musique de l’eau que celle des violons et un monstre sacré dans le rôle-titre: The First Emperor, la nouvelle création du Metropolitan Opera de New York promet de faire parler d’elle.
L’œuvre, dont la première est prévue le 21 décembre, a nécessité dix ans de travail, entre Shanghai et New York,...