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AUTEURS EN DIRECT - Un café littéraire sur les « Récits de journalistes » Jean Rolin, écrivain scrutateur d’un lieu ou d’une société

Journaliste, Jean Rolin était en reportage au Liban cet été, à Baalbeck plus précisément, où il était venu couvrir pour un quotidien français la guerre de juillet. Cette fois, c’est en tant qu’écrivain qu’il est revenu à Beyrouth, où il a participé, le week-end dernier, dans le cadre de la programmation d’«Auteurs en direct», à un café littéraire au Centre culturel français, rue de Damas. Illustration parfaite de l’écrivain-voyageur, Jean Rolin ? C’est justement cette étiquette qu’il s’est acharné à réfuter, face à Iskandar Habache (écrivain et journaliste au Safir) au cours d’une rencontre placée sous le thème des « Récits de journalistes ». Auteur, entre autres, de L’homme qui a vu l’ours (éditions POL) – un recueil de textes de reportages effectués à travers le monde –, de L’Organisation (Gallimard), récompensé du prix Médicis 1996, et de Chrétiens (éditions POL), Jean Rolin ne reconnaît dans son œuvre qu’un seul pur récit de voyage : La ligne de front (éditions Quai Voltaire / prix Albert Londres 1988). Pour le reste, dit-il, « j’ai écrit des livres où le narrateur est en mouvement. Est-ce que cela caractérise la littérature de voyage ? » Cette classification d’écrivain-voyageur lui paraît d’autant plus infondée que « tous les écrivains voyagent désormais ». Il considère par contre qu’il y a une réelle différence entre écrire pour un journal et écrire pour un livre. « Ce sont deux genres. Dans un reportage, on ne s’exprime pas à la première personne, pas plus qu’on ne fait part de ses divagations. Tandis qu’il y a toutes sortes de réflexions qui nourrissent l’écriture d’un roman qui ne sont pas à l’œuvre dans un reportage », affirme-t-il, estimant que « la seule chose qui peut être véritablement commune, c’est le style ». Du maréchal Ney aux chrétiens de Palestine Pour cet écrivain qui peut se « servir au départ d’un thème comme d’un prétexte », les chiens errants (sujets de son livre à venir) ou l’observation d’une porte de Paris peuvent indifféremment donner naissance à un roman. « Ma démarche littéraire se nourrit généralement de l’observation aussi soutenue que possible d’un lieu », soutient-il d’ailleurs. Pour écrire La Clôture (éditions POL) par exemple, il a exploré, en piéton, pendant plus d’un an, l’extrême nord de Paris, aux environs de la Porte de La Chapelle. À l’origine de ce vagabondage, une démarche expérimentale : « Évoquer la vie du maréchal Ney, tout en décrivant ce qui se passe aujourd’hui le long du boulevard du XVIIIe arrondissement qui porte son nom. En travaillant à ce roman, j’ai fini par me convaincre de l’adéquation absolue de la personnalité du maréchal avec le boulevard. » Idem pour Chrétiens (publié aux éditions POL en 2003), à travers lequel Jean Rolin fait le récit d’un séjour de deux mois, parmi des chrétiens, en Palestine. À Iskandar Habache qui l’interrogeait sur ce qui a poussé un homme de formation marxiste, comme lui, à écrire un livre sur les chrétiens d’Orient, Jean Rolin a déclaré qu’ayant reçu une éducation catholique et étant passé du christianisme au marxisme, il était «sorti indemne des deux, mais en ayant conservé une imprégnation religieuse ». En fait, dit-il, il avait été interpellé lors d’un passage à Bethléem, durant la première guerre du Golfe – au cours de laquelle il était l’envoyé spécial d’un journal français en Israël et en Palestine – par « le silence des chrétiens palestiniens et les craintes qu’ils ont de tous côtés». Il avait donc voulu comprendre « comment ces chrétiens vivaient leur condition spécifique au sein d’un peuple qui, comme chacun le sait, a d’énormes difficultés de survie». « Lors de mon séjour là-bas, on a imaginé toutes sortes de choses, notamment que j’étais un agent secret. Ce qui, en soi, est une condition très propice pour l’écriture romanesque », déclare très pince-sans-rire cet auteur qui associe sa démarche littéraire à celle du cinéma du réel. Ou, quand les récits d’écrivain se nourrissent des expériences journalistiques... Zéna ZALZAL
Journaliste, Jean Rolin était en reportage au Liban cet été, à Baalbeck plus précisément, où il était venu couvrir pour un quotidien français la guerre de juillet.
Cette fois, c’est en tant qu’écrivain qu’il est revenu à Beyrouth, où il a participé, le week-end dernier, dans le cadre de la programmation d’«Auteurs en direct», à un café littéraire au Centre...