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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Le Liban existe-t-il ? Alors que certains reprochent à l’opposition d’être au service de la Syrie et de l’Iran, qu’observe-t-on ? Que pour résoudre une crise politique intérieure, les mêmes font appel à des médiations extérieures. En d’autres termes, on nie l’identité et la capacité des Libanais à prendre eux-mêmes leur destin politique en main. Un consensus interne est-il si difficile à atteindre alors que tout le monde au pays du Cèdre revendique la démocratie consensuelle ? Au vrai, pour un Français résidant et travaillant au Liban, cela est à la fois attristant et stupéfiant. Pire, ceux qui au nom de la sécurité et de l’ordre public appellent l’opposition à contenir les risques de débordement de ses manifestants sont à mes yeux ceux qui, par l’image, en invitant les ulémas sunnites au Sérail pour les soutenir, attisent le risque de conflit interethnique ou interconfessionnel. Dans ce chaos, grâces soient pour le moment rendues aux chrétiens des deux camps qui, à mes yeux, font encore preuve de sagesse. Qu’il s’agisse en particulier du général Aoun, du Dr Samir Geagea ou d’Amine Gemayel, chacun a montré dans les heures tragiques qui ont affecté le Liban qu’ils étaient capables de dialoguer. Si, au moins, le gouvernement de Fouad Siniora pouvait les entendre et les imiter. Peut-être, pourraient-ils reconstruire un pays, celui que j’aime, riche de sa diversité. En attendant, le sentiment d’appartenance nationale et de solidarité qui avait, malgré tout, prévalu pendant les trente-trois jours de conflit avec Israël pendant l’été, semble s’être bel et bien envolé. À l’époque, la gestion de la crise par M. Siniora était, de l’avis de la plupart, juste et équilibrée. Qu’en est-il aujourd’hui ? J’espère encore que les Libanais sauront une fois de plus m’étonner. Dr Thierry LEVY-TADJINE Logique d’État et compromis Le Liban se trouve aujourd’hui en unité de soins intensifs, son état est jugé très sévère. Le rôle du médecin est de donner un diagnostic sur les raisons qui ont conduit à cet état et les moyens thérapeutiques assurant la guérison. Le diagnostic dans ce cas pourrait être un état hémorragique sévère : hémorragies politique, économique, culturelle et surtout ces jours-ci, hémorragie de toutes les valeurs humaines et morales. Pourquoi notre patient est-il arrivé à cet état de gravité ? Les causes sont nombreuses, bien connues de tous et pouvant être débattues pendant des jours, mais une cause majeure doit être retenue : absence de logique d’État et compromis. La logique d’État consiste à placer l’intérêt public au-dessus de tout intérêt personnel, confessionnel, racial ou social. Malheureusement, ce comportement a manqué et manque toujours à l’immense majorité des Libanais, hommes politiques ou simples citoyens. La complexité du tissu social libanais dans sa diversité, qui aurait pu être une source de richesse énorme pour notre pays, a nécessité des compromis dans les décisions politiques majeures, décisions contrant la logique d’État, et conduisant à la situation actuelle. En fait, le compromis n’est pas étranger au Libanais, puisque, depuis la nuit des temps, il est présent dans toutes nos décisions ; n’a-t-on pas essayé de faire un compromis sur la mort en ressuscitant Adonis après son tragique destin ? L’absence de logique d’État, associée à des compromis injustifiables, continue de faire des dégâts dans notre société. La guerre des portraits n’en est pas le moindre. De quel droit autorise-t-on des partis politiques, des associations ou même des personnes à utiliser des lieux publics, qui nous appartiennent à tous, pour afficher leurs idées, slogans ou photos ? Le traitement de cette maladie, qui semble incurable, est un traitement de longue durée qui doit être basé sur deux remèdes : justice et éducation, qui sont les seuls moyens pour qu’on puisse construire un État pour tous, avec des citoyens qui raisonnent en termes de logique d’État et sans compromis. Dr Élie CHAMMAS Mazout alors ! Que deux camps résolument déterminés s’affrontent de cette manière, on peut appeler cela de la démocratie, à la rigueur. Malheureusement, on oublie entre-temps que les entreprises touristiques (entre autres...) sont au bord de la faillite et attendent toujours le décret du gouvernement qui doit préciser les conditions des facilités bancaires et financières qui leur avaient été promises... Bien entendu, ceux qui misaient sur la saison des fêtes pour « se refaire » doivent se féliciter d’avoir eu confiance, une fois de plus, en ce pays. Mais permettez-moi d’être encore plus terre à terre : où en est le nettoyage du mazout, toujours collé sur nos rochers, de Jiyeh à Saadiyate par exemple, et attendant les désormais impossibles signatures du ministre de l’Industrie (pour réemployer le mazout déjà extrait de la mer dans les fours des cimenteries) et du ministre du Tourisme (pour procéder au nettoyage desdits rochers) ? Allo ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Georges BOUSTANY
Le Liban existe-t-il ?

Alors que certains reprochent à l’opposition d’être au service de la Syrie et de l’Iran, qu’observe-t-on ? Que pour résoudre une crise politique intérieure, les mêmes font appel à des médiations extérieures. En d’autres termes, on nie l’identité et la capacité des Libanais à prendre eux-mêmes leur destin politique en main. Un consensus...