« Je suis en retard à cause du pape ! »

Bouchons monstres, Stambouliotes contraints d’aller à pied à leur travail ou experts autoproclamés cherchant frénétiquement à se faire interviewer par des journalistes du monde entier : Istanbul ne peut pas échapper à la visite du pape Benoît XVI. La visite du souverain pontife hier dans la première métropole turque de plus de 12 millions d’habitants a bouleversé la vie quotidienne. La population fulminait non pas en raison des déclarations controversées du pape sur l’islam qui ont provoqué la colère du monde musulman en septembre, mais à cause des routes fermées sans préavis et du trafic routier paralysé dans des quartiers entiers. Des milliers de personnes ont dû traverser à pied les deux ponts qui relient les deux rives de la Corne d’or. Les Stambouliotes utilisent presque tous les mêmes mots en parlant à leur téléphone portable : « Je serais en retard à cause du pape. » À l’extérieur de Sainte-Sophie, une ancienne église transformée en mosquée puis en musée, la police et une armée de journalistes sont sur les dents. Alors que Sainte-Sophie attendait le pape, des tireurs d’élite avaient pris position sur ses minarets. Certains profitent de la visite du pape pour se faire entendre des médias. « J’ai une fille infirme et c’est tout ce que le gouvernement nous a donné », lance une femme, en agitant ce qui semble être une paire de chaussures orthopédiques. Quatre membres d’une organisation défendant les droits des prisonniers qui ont tenté de franchir un barrage de sécurité ont vite été interpellés. Un homme affirmant être un chercheur irakien s’est approché d’un correspondant de l’AFP lui demandant s’il serait intéressé par une interview : « Je parle quatre langues »...