SCÈNE - « La guerre de Troie n’aura pas lieu » au théâtre Silvia Monfort (Paris) Intemporel Giraudoux

Depuis sa mort en 1944, Jean Giraudoux est épisodiquement remonté en France et pourtant La guerre de Troie n’aura pas lieu, une des quinze pièces de ce dramaturge-diplomate, reste intemporelle et peut encore parler au public, 71 ans après sa création par Louis Jouvet. La production de cette œuvre, depuis le 23 novembre à Paris au théâtre Silvia Monfort, en témoigne dans la mise en scène de Nicolas Briançon qui sera à l’affiche jusqu’au 14 janvier 2007. L’été dernier, le spectacle a ouvert le 57e Festival d’Angers et a été notamment repris aux 55es Jeux du théâtre de Sarlat. Nicolas Briançon a renoncé à jouer la pièce en costumes antiques préférant situer l’action dans les années 20 et 30 du XXe siècle. Il souligne ainsi combien Giraudoux était un intellectuel engagé en écrivant cette pièce. Le texte est une dénonciation de la guerre et de ses justifications plus ou moins légitimes, dans une Europe où l’Allemagne se réarme et où le régime nazi commence à s’installer outre-Rhin. Il nous montre des Troyens qui dansent, s’amusent, s’étourdissent, une société de gens bien élevés mais aveugles, « tandis que le rouleau compresseur de la barbarie et de la guerre est en marche et que rien n’arrêtera » commente le metteur en scène. «Au-delà, ajoute Nicolas Briançon, il s’agit d’une civilisation qui ne tire aucune leçon du passé, de l’histoire, même la plus récente... une civilisation qui va mourir et pourtant nous n’y pouvons rien.» L’œuvre s’inspire largement d’Homère, mais prend quelque liberté avec la légende. On y retrouve cependant autour du personnage d’Hector, joué par Nicolas Briançon qui s’efforce de sauvegarder la paix, son épouse Andromaque (Valentine Varela), le roi Priam et son épouse Hécube (Pierre Maguelon et Lucienne Hamon), leur fille Cassandre (Emma Colberti) et son frère Paris (Thibaut Lacour), ainsi que la fameuse Hélène (Elsa Mollien) et Ulysse (Bernard Malaka) qui apporte la revendication légitime des Grecs à reprendre Hélène.