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Actualités - OPINION

Aphorismes Fitna

Voyant avec effarement les chefs de partis échanger entre eux malédictions et accusations et regardant, impuissant, un nombre croissant de gens répondre aux provocations des factieux et prêter une oreille attentive aux propos incendiaires des va-t-en-guerre, un passage de l’historien Thucydide me vient à l’esprit. «Les hommes, écrit-il, en vinrent, pour qualifier les actes, à modifier arbitrairement le sens habituel des mots. La témérité insensée passa alors pour du courage, l’attentisme prudent pour de la poltronnerie et la modération pour de la lâcheté (...) La candeur, qualité première de toute âme généreuse, devint un objet de risée et finit par disparaître (...) Les citoyens, séparés en deux camps, s’observaient avec défiance. Pour assurer leur réconciliation, il n’y avait pas d’arguments assez forts, pas de serments assez puissants. Tous avaient fini par se persuader qu’il n’y avait aucun règlement à espérer et, incapables désormais de se fier à autrui, ils préféraient prendre les devants pour ne pas être parmi les victimes (…) Partout, des heurts se produisirent (…) et chacun des deux partis put alors compter sur une alliance extérieure pour abattre ses ennemis. Tous les moyens leur étaient bons pour triompher de leurs adversaires (…) Quand il s’agissait de se venger, ils allaient plus loin encore, accumulant les crimes sans se soucier de la justice et du bien public, et sans autre règle que leur caprice (…) prêts qu’ils étaient à tout pour assouvir leurs haines du moment (...) C’est ainsi que toutes les formes de dépravation se répandirent dans le pays (…)» Dans ce passage tiré du Livre III de La Guerre du Péloponnèse, Thucydide nous décrit la sédition qui s’abattit sur la Grèce à la fin du cinquième siècle avant notre ère. Mais le tableau effrayant qu’il en dresse vaut aussi, aujourd’hui, pour le Liban. Alors, à ceux-là qui sont séduits par les propos aussi fielleux que mielleux des séditieux, je rappellerai qu’en arabe, les mots séducteur et séditieux ont la même racine étymologique et qu’en latin, la séduction partage avec la sédition le même préfixe marquant la séparation. Percy KEMP Article paru le Jeudi 30 novembre 2006
Voyant avec effarement les chefs de partis échanger entre eux malédictions et accusations et regardant, impuissant, un nombre croissant de gens répondre aux provocations des factieux et prêter une oreille attentive aux propos incendiaires des va-t-en-guerre, un passage de l’historien Thucydide me vient à l’esprit.
«Les hommes, écrit-il, en vinrent, pour qualifier les actes,...