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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Des femmes d’âges, de religions et de classes sociales différents abordent les sujets les plus intimes Parlons de sexe... un cinéaste sud-africain brise les tabous

Âgées de 20 à 70 ans, certaines sont musulmanes, d’autres chrétiennes, hippies ou femmes d’affaires, blanches ou noires, mais elles parlent toutes de sexe. Le dernier film de Jo Menell est un documentaire de 30 minutes sur des femmes d’Afrique du Sud qui abordent les sujets les plus intimes sans fausse pudeur. « Il s’agit de donner une voix aux femmes », a expliqué à l’AFP le cinéaste, revenu l’an dernier dans son pays natal après plus de vingt ans aux États-Unis. « Il s’agit de donner aux femmes la capacité d’être maîtresses de leur vie et de leur sexualité », a ajouté Menell, 69 ans, nominé aux oscars pour le film Mandela il y a dix ans. Son documentaire vise à encourager les femmes à prendre le contrôle de leur vie sexuelle dans l’un des pays du monde les plus touchés par le VIH-sida et le viol. Devant la caméra, une vingtaine de femmes n’hésitent pas à briser les tabous, parlant godemichés, sexe anal et oral, pornographie, échangisme, etc. « Notre société ne parle pas de sexe, lance une trentenaire. Mais, nous les femmes, nous parlons de sexe tout le temps. Et nous parlons de tout ce qui a rapport avec le sexe. » Certaines donnent leur prénom, la plupart ne sont pas identifiées. La majorité déplore ne pas avoir pu parler de sexualité avec ses parents étant jeune, et décrit de douloureuses et choquantes premières expériences. « Dans ma famille, le sexe n’existait pas et je pense que c’est toujours le cas », raconte une jeune femme, qui confie avoir fait l’amour avec trois hommes en même temps. Choqué par l’ampleur de la pandémie du sida dans son pays, Menell a voulu faire un documentaire sur le sujet. « Plus je m’informais et plus je déprimais. L’épidémie est hors de contrôle et nous avons un gouvernement au mieux récalcitrant, au pire criminel », condamne le cinéaste. Des « masses » d’argent sont dépensées, le pays compte « pléthore d’ONG », mais le but n’est pas atteint. « Une ampoule s’est allumée dans ma tête : j’ai réalisé que le sida concerne le sexe, les hommes et les femmes. Et nous sommes dans un pays où les femmes ont peu de droits sur leur propre corps. » Il publie une annonce dans les journaux en quête de femmes prêtes à parler de sexe devant une caméra. Plus d’une centaine répondent. Il les a filmées discutant entre elles, devant un café ou un verre de vin, de la taille du pénis ou de la masturbation. « C’est tabou pour l’islam. Mais... c’est la vie », lance une musulmane à propos des plaisirs solitaires. Sous les rires gênés de ses compagnes, une jeune fille d’une vingtaine d’années raconte qu’elle adore la sodomie. « Une amie m’a offert un vibromasseur pour mon anniversaire, dit une autre. C’est génial. Mon petit ami n’était pas enthousiaste. Il s’est senti menacé. Il n’a jamais voulu que je m’en serve. » Elles échangent des conseils sur la fellation, le cunnilingus ou la façon de prévenir l’éjaculation précoce. Une femme, la soixantaine, avoue sans rougir : « J’ai quelquefois fait l’amour à trois. » Plusieurs ont été violées, y compris par un proche, et beaucoup connaissent des hommes qui refusent le préservatif. « Le système permet aux hommes d’avoir un accès sans limite à nos corps, dénonce l’une. On apprend aux femmes à être passives. Et si elles montrent qu’elles aiment faire l’amour, on les traitera de putes. » Mais certaines femmes sont décidées à changer ça : « Quand on commence à penser comme un homme, on s’éclate davantage en faisant l’amour, parce qu’on a le pouvoir. On peut dire oui, là, maintenant et comme ça, sans se sentir coupable. » Sur le générique de fin, une autre lance : « J’ai découvert la meilleure raison d’être une femme et c’est l’orgasme multiple ! » Le film, actuellement sur les écrans au Cap, a coûté 2 000 dollars et Menell entend en vendre les copies environ 30 rands (quatre dollars) l’une avec la mention : « Copier SVP. »
Âgées de 20 à 70 ans, certaines sont musulmanes, d’autres chrétiennes, hippies ou femmes d’affaires, blanches ou noires, mais elles parlent toutes de sexe.
Le dernier film de Jo Menell est un documentaire de 30 minutes sur des femmes d’Afrique du Sud qui abordent les sujets les plus intimes sans fausse pudeur. « Il s’agit de donner une voix aux femmes », a expliqué à l’AFP le...