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Actualités - OPINION

Éclairage Vers des accords de Munich version persane ? Antoine AJOURY

Des événements passés, il faut d’habitude tirer les conséquences pour qu’ils ne se reproduisent plus, conseillent les optimistes. Pour les autres, l’histoire se répète inlassablement. En septembre 1938, les Occidentaux – Britanniques, Français et Italiens – capitulent devant l’Allemagne en signant les accords de Munich, « offrant » ainsi la Tchécoslovaquie au régime nazi. Ces discussions, qualifiées de « lâches » par certains, visaient à éloigner le spectre de la guerre en Europe alors que ces pays se savaient mal préparés pour affronter militairement Adolf Hitler qui menait une politique de réarmement de l’armée allemande. À cette époque, le président du Conseil français, Édouard Daladier, et le Premier ministre britannique, Arthur Chamberlain, furent accueillis en héros de la paix en retournant chez eux. L’Anschluss de l’Autriche et du IIIe Reich, la même année, avait même été accepté par la France. La suite, tout le monde la connaît. L’illusion d’avoir évité la guerre fut vite réduite à néant, et le pire était devenu inévitable : le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui engendra la mort de millions de personnes et la destruction de centaine de villes. Aujourd’hui, les Européens estiment avoir tiré les leçons d’une guerre atroce en privilégiant l’usage du concept de coopération, fondé essentiellement sur les négociations, dans leurs relations internationales, d’une part, et l’application du droit international, d’autre part. De la guerre en Irak jusqu’au dossier nucléaire iranien, en passant par le conflit israélo-palestinien et la situation au Liban, l’Union européenne s’insurge contre toute solution coercitive et prône des discussions pour sortir des différentes crises qui secouent le Moyen-Orient actuellement. Face à l’enlisement de ces conflits et cherchant des solutions nouvelles pour sortir la région du cercle vicieux de la violence endémique, certains dirigeants européens proposent actuellement de mener des discussions avec deux pays-clés qui ont une influence considérable sur le déroulement des événements, à savoir l’Iran et la Syrie. Ces deux régimes sont soupçonnés par les pays occidentaux d’alimenter politiquement, financièrement, militairement et même idéologiquement la terreur en Irak, au Liban et dans les territoires palestiniens afin d’étendre leur hégémonie sur cette partie du monde. Ainsi, la semaine dernière, le Premier ministre britannique a lancé un appel à l’Iran et à la Syrie pour qu’ils deviennent des partenaires dans la recherche de la paix au Moyen-Orient, alors que le président du Conseil italien Romano Prodi s’est déclaré, cette semaine, ouvert au dialogue avec Damas et Téhéran sur un processus de stabilisation et de paix au Proche-Orient. Hier, l’Allemagne et l’Espagne ont adopté une position similaire. Confirmant donc leur incapacité et leur faiblesse face à la République islamique iranienne et son allié stratégique syrien, certains dirigeants occidentaux, pour des raisons électorales ou économiques, semblent refaire la même erreur que leurs prédécesseurs en s’inclinant devant des régimes totalitaires et expansionnistes qui cherchent par la guerre et la haine de l’Autre à asseoir leur idéologie dans la région. Alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad – qualifié récemment de Hitler persique par un dirigeant israélien – pousse la communauté internationale vers la confrontation sur le dossier nucléaire, l’Europe semble choisir la politique de l’autruche, invitant les pyromanes à éteindre le feu qu’ils ont eux-mêmes nourri. En jouant la colombe face à l’épervier, l’Europe, qui espère ainsi éviter une confrontation militaire avec ces régimes autoritaires, ne fait que leur offrir plus de temps pour s’armer, bien s’implanter dans la région et achever un programme nucléaire suspect. Une perspective qui menace non seulement le Proche-Orient, mais également l’UE qui semble insouciante du danger qui la guette. Déjà, le glorieux Empire romain était tombé face aux invasions barbares. En baissant aujourd’hui le ton face aux radicaux, l’Europe risque, encore une fois, de subir le même sort.
Des événements passés, il faut d’habitude tirer les conséquences pour qu’ils ne se reproduisent plus, conseillent les optimistes. Pour les autres, l’histoire se répète inlassablement.
En septembre 1938, les Occidentaux – Britanniques, Français et Italiens – capitulent devant l’Allemagne en signant les accords de Munich, « offrant » ainsi la Tchécoslovaquie au régime nazi....