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Actualités - OPINION

Partez tous et laissez-nous pleurer nos morts

À part ce qui annonçait aux Libanais dans les campaniles des églises la mort de l’un des leurs, il y avait autre chose en ce 21 novembre dans le ciel du Liban. Une question, qui revenait sur toutes les lèvres au Liban et ailleurs, reste en suspens. Certains évitant délibérément d’y répondre d’autres craignant la lapidation s’ils exprimaient franchement leur opinion. Cette question est élémentaire, comme dirait un enquêteur bien connu : à qui profite le crime ? Sûrement pas à Amine et Alexandre, les enfants de Pierre Gemayel. Sûrement pas non plus à cette grande famille libanaise qui n’en finit pas d’écrire l’histoire de ce pays avec son sang. À qui donc ce crime profite-t-il ? À l’heure où l’on peut, d’une part, légitimement constater que les ex-prosyriens et leurs alliés « antisyriens depuis toujours » regroupés sous le terme majorité, sont en perte de vitesse. À l’heure où, d’autre part, on pourrait tout aussi légitimement considérer que la position des néoprosyriens et de leurs alliés « prosyriens depuis toujours » avait besoin d’un coup de pouce pour lui permettre d’éliminer la hantise d’un régime qui nous a déjà prouvé qu’il pouvait être sanguinaire. C’est le sujet du tribunal international qui revient toujours sur le tapis. Un tapis maculé du sang de nos martyrs. Mais à quoi ce tribunal, cause de tous les extrémismes, pourrait-il servir s’il n’y a plus personne pour y assister et se réjouir de son jugement final qu’il portera et qui semble d’ores et déjà connu ? Il servira peut-être à remplacer des prisonniers politiques d’un bord par des prisonniers politiques d’un autre bord, dans les mêmes sous-sols du même ministère, mais servira-t-il à unir les Libanais de tous bords ? L’éternel malheur de ce pays ne réside-t-il pas dans le fait que les Libanais comptent indéniablement sur des courants extérieurs pour résoudre leurs différents internes ? Les résistants libanais d’aujourd’hui sont les résistants palestiniens des années 70 et les loyalistes d’aujourd’hui sont les milices chrétiennes des années 70. Le général président d’aujourd’hui est le général président des années 50 (toutes proportions gardées) tous deux ayant été perçus par certains comme œuvrant pour le compte de courants régionaux arabo-islamiques… Et le Pierre Gemayel d’aujourd’hui ressemble étrangement au Béchir Gemayel des années 80. D’une décennie à l’autre, les Libanais agissent toujours comme des moutons, changeant de berger au gré des saisons, dans un climat de conflit régional et international qui n’a toujours pas changé. Ne devons-nous pas comprendre qu’il ne changera pas ? Que c’est à nous de changer, de tourner la page, pour qu’au cours des décennies à venir, ce ne soit plus des Libanais qui meurent ? Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre nos grands hommes… Que ceux qui se cherchent des poux aillent le faire chez eux, n’importe où, mais plus chez nous. Aujourd’hui, nous en sommes presque à renier notre légendaire sens de l’hospitalité. Nous avons comme une envie de mettre tout le monde à la porte. La fête a assez duré comme ça ; les dégâts causés sont trop douloureux à supporter. Partez, partez donc tous, vous qui avez des ambassades dans notre cher Liban et vous qui ne voulez pas en avoir, partez et laissez-nous pleurer nos morts en paix… Marwan EL-TIBI
À part ce qui annonçait aux Libanais dans les campaniles des églises la mort de l’un des leurs, il y avait autre chose en ce 21 novembre dans le ciel du Liban.
Une question, qui revenait sur toutes les lèvres au Liban et ailleurs, reste en suspens. Certains évitant délibérément d’y répondre d’autres craignant la lapidation s’ils exprimaient franchement leur opinion.
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