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Les deux pays s’entendent sur une coopération en matière de sécurité Après 26 ans de rupture, Damas et Bagdad renouent les liens diplomatiques

L’Irak et la Syrie ont rétabli hier leurs relations diplomatiques après une rupture d’un quart de siècle, marquant un rapprochement historique entre les deux voisins qui renforce la pression sur l’Administration américaine pour changer de politique à l’égard de Damas. L’Irak et la Syrie ont annoncé la normalisation complète de leurs relations au dernier jour d’une visite à Bagdad du chef de la diplomatie syrienne Walid Moallem, dont le pays est accusé de déstabiliser l’Irak en proie à une violence endémique. La Syrie est accusée de soutenir certaines milices irakiennes et de laisser entrer des combattants qui viennent grossir les rangs de la guérilla, dont les attaques incessantes tuent des Irakiens quotidiennement. Selon l’armée américaine, 50 à 70 combattants traversent tous les mois la frontière irako-syrienne. D’ailleurs, les autorités irakiennes, dont le Premier ministre Nouri al-Maliki, ont tenu à signifier à M. Moallem que Damas devrait faire plus pour aider à rétablir la sécurité en Irak, et ce dernier s’est engagé à contribuer à une pacification. Le chef de la diplomatie syrienne, dont le séjour à Bagdad est le premier d’un responsable de ce rang depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, a exprimé l’espoir que sa visite ouvrirait de « nouvelles perspectives de coopération et d’entente ». M. Moallem a ajouté qu’il « ne voulait pas revenir sur ces accusations, car notre visite a pour objectif de bâtir un nouveau mécanisme de coopération ». Tout au long de sa visite, il a, en outre, condamné « le terrorisme visant le peuple et les institutions irakiens ». Selon le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, les deux parties sont toutefois convenues de « coopérer en matière de sécurité » et des experts des deux pays vont se rencontrer pour discuter de ces questions. Dans ce contexte, le président Jalal Talabani est attendu samedi en Iran, allié de Damas et également accusé de soutenir les insurgés irakiens. Il y restera jusqu’à lundi, a indiqué à l’AFP le responsable du service de presse de la présidence iranienne, Ehfam Jahandideh. Ce dernier a ajouté que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait « invité à la fois » son homologue irakien et le président syrien, Bachar el-Assad. « Il se peut que le président Assad soit présent à Téhéran dimanche », a dit à l’AFP un haut responsable iranien ayant requis l’anonymat, alors qu’une autre source iranienne, proche de la présidence, a précisé qu’un tel déplacement « n’est pas au programme ». M. Zebari a également démenti une visite du président syrien. La Syrie et l’Iran sont les deux bêtes noires des États-Unis dans la région, mais les appels se sont multipliés, au sein même des États-Unis, récemment pour des discussions directes entre Washington et ces deux pays. Dans une première réaction, la Maison-Blanche a appelé la Syrie à faire preuve d’un « engagement constructif » envers le gouvernement irakien et à faire cesser l’infiltration en Irak de combattants étrangers rejoignant l’insurrection contre les troupes américaines. Le Premier ministre britannique Tony Blair a salué cette reprise, voyant dans l’attitude syrienne le « potentiel pour une relation différente » avec la communauté internationale. La volonté affichée par la Syrie de travailler à la pacification de l’Irak renforce encore la pression sur l’Administration Bush. Scott Lasensky, du centre de recherche Institute for Peace, estime qu’il y a « des aspects de la visite qui vont à la fois stimuler et donner plus de poids à un réexamen de la politique ici et à l’argument en faveur de contacts avec les Syriens ». Jusqu’ici, l’Administration Bush, qui a rappelé son ambassadeur en Syrie l’an dernier en raison des soupçons de l’implication de Damas dans l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri, a refusé cette option. Mais face à la détérioration de la situation en Irak, les difficultés du gouvernement libanais et l’impasse du processus de paix israélo-palestinien, Bush pourrait avoir du mal à maintenir sa position envers la Syrie. Parallèlement, les experts et analystes estiment que Damas a marqué des points en rétablissant ses relations avec Bagdad. Un analyste syrien, Élias Mourad, a souligné que des contacts existaient depuis « près d’un an » pour une reprise des relations. « Mais il y avait des pressions américaines, ainsi que des parties gouvernementales irakiennes qui ne souhaitaient pas non plus une amélioration des relations », a-t-il indiqué. Selon M. Mourad, rédacteur en chef du quotidien al-Baas, organe du parti au pouvoir en Syrie, les tentatives de normalisation « ont réussi » en raison des « évolutions intervenues » dans le monde et dans la région. En Syrie, on évoque « l’enlisement militaire américain en Irak » et les résultats des élections parlementaires américaines. Entre-temps, la violence continue de tuer en Irak, où 20 personnes ont péri, dont onze à Baaqouba, région rebelle au nord de Bagdad, dans des attaques de la guérilla ou des violences interconfessionnelles.

L’Irak et la Syrie ont rétabli hier leurs relations diplomatiques après une rupture d’un quart de siècle, marquant un rapprochement historique entre les deux voisins qui renforce la pression sur l’Administration américaine pour changer de politique à l’égard de Damas.

L’Irak et la Syrie ont annoncé la normalisation complète de leurs relations au dernier jour d’une visite...