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Message, oui ; missive, non, Nahi LAHOUD

Né à Amchit dans le caza de Jbeil, d’un père politicien, Raphaël, et d’une mère très pieuse et portée sur les arts, Françoise, j’ai été élevé dans la pratique de la langue française grâce à ma sœur aînée, Aline. Cette langue qui était celle de l’intelligentsia du Liban au début du mandat. J’ai été confronté dès mon plus jeune âge au problème confessionnel. Je suis maronite et j’en suis fier, mais je suis pour la laïcité de notre système politique (si on peut appeler cela « système »). Je n’ai jamais adhéré à un parti politique, car je suis individualiste et je déteste recevoir des ordres. Je remplissais donc les conditions nécessaires pour être souverainiste, indépendant, libre. Je dédaigne le communisme, le socialisme et je méprise le capitalisme. Quand la guerre a éclaté en 1975, j’ai critiqué ouvertement l’émergence des milices armées, Kataëb, Mourabitoun ou socialistes. J’ai opté pour Raymond Eddé qui prônait la non-violence, refusant d’armer son parti pour ne pas avoir du sang libanais sur les mains. C’est grâce à mon père et à Raymond Eddé que je suis devenu un homme engagé pour la dignité humaine et non un homme engagé dans le meurtre aveugle. Les Syriens, les Palestiniens, les milices chrétiennes et musulmanes ont détruit mon pays. 200 000 morts, 1 million de déplacés. Damour, Sabra-Chatila, Beit-Mellat, Nabaa, Zahlé, etc. ont été un grand génocide pour nous tous. Beaucoup de chrétiens ont été chassés du Chouf, beaucoup de musulmans ont subi le même sort à Beyrouth, au Metn et au Nord. Au Liban, l’irréparable était arrivé. On ne peut pas revenir en arrière. Le modèle libanais, par la folie de purification confessionnelle, attisée par les voisins et l’Occident, avait été assassiné. Aujourd’hui plus qu’hier, les tensions sont exacerbées grâce à l’insouciance et l’égoïsme intelligents de nos politicards. Aujourd’hui, plusieurs problèmes obscurcissent l’horizon des Libanais. Le premier est l’expansionnisme sioniste, le second est l’hégémonie syrienne et le troisième est l’influence grandissante de l’Iran. Le quatrième, c’est le manque de discernement des États-Unis et de la Communauté européenne entre bons et méchants. Ces multiples stratégies sont indéfendables et explosives. Les 14 « févrieristes » ont pris le pouvoir, quoique maladroitement, et imposent à une majorité de vivre misérablement. Et quand je parle de majorité, il ne s’agit pas du Hezbollah et du général orange, mais bien d’une majorité silencieuse, qui, elle, n’a jamais tué personne, n’a jamais détruit une maison, n’a jamais volé un denier public, n’a jamais empiété sur les droits du citoyen. Le Liban, après la guerre du Golfe, a été livré aux Syriens, avec la bénédiction d’Israël, par les Ponce-Pirates outre-atlantistes. J’ai dénoncé cette libération tronquée en 2005 et cette guerre destructive du 12 juillet dernier. La plus grande erreur de l’Occident a été de ne jamais rien comprendre à la politique libanaise et de vouloir toujours appuyer une partie contre une autre au lieu de prôner l’union, la vraie, pas celle qu’on nous susurre quotidiennement dans les médias. Comme le disait si bien Jean-Paul II, le Liban n’est pas une nation, c’est un message. Préservez-le, je vous en supplie, à moins que vous ne sachiez pas lire. Si le Liban disparaît, c’est une plate-forme intégriste et aveugle qui va s’y implanter, et le pays du Cèdre ne sera plus qu’une missive.
Né à Amchit dans le caza de Jbeil, d’un père politicien, Raphaël, et d’une mère très pieuse et portée sur les arts, Françoise, j’ai été élevé dans la pratique de la langue française grâce à ma sœur aînée, Aline. Cette langue qui était celle de l’intelligentsia du Liban au début du mandat. J’ai été confronté dès mon plus jeune âge au problème...