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Actualités - CHRONOLOGIE

HOMMAGE Un soupçon de rêve américain dans la vie de Jeanne d’Arc

Une exposition à Washington célèbre l’inattendu héritage américain de Jeanne d’Arc, dont l’image d’héroïne patriotique, de féministe et sainte a été très populaire au début du XXe siècle outre-Atlantique. «Jeanne d’Arc est un personnage réel, né vers 1412 à Domrémy», avertit l’exposition présentée à la Corcoran Gallery of Art. «Beaucoup d’Américains aujourd’hui pensent que Jeanne d’Arc est un mythe», s’excuse Laura Coyle, commissaire de l’exposition qui, avec une autre historienne d’art, Nora Heimann, s’est passionnée pour Jeanne-la-Pucelle. «Mais elle est très populaire parce qu’il y a un peu du rêve américain dans cette héroïne partie de rien», ajoute-t-elle. Livres, gravures, affiches, tableaux, sculptures, assiettes: l’exposition, qui dure jusqu’au 21 janvier, présente uniquement des objets américains ou conservés dans des collections américaines. L’exposition est bâtie autour de deux trésors du peintre illustrateur français Louis-Maurice Boutet de Monvel (1850-1913). Une édition de luxe de la vie de Jeanne d’Arc (1896) égrène ses planches d’aquarelle tout au long de la présentation. Mais surtout l’exposition met en valeur six grands tableaux légués à la Corcoran Gallery et commandés en 1905 à cet artiste français par un richissime sénateur américain, banquier et roi du cuivre, William Clark, pour décorer dans un style «gothique» le fumoir de son manoir à la française sis sur la 5e avenue à New York. Ces huiles de plusieurs mètres de large, enluminées à la feuille d’or, reproduisent les grands épisodes de la vie de Jeanne, de ses visions parmi les moutons en Lorraine jusqu’à son procès à Rouen, en passant par ses batailles et le sacre de Charles VII à Reims. À l’époque, Boutet de Monvel «est un des plus célèbres artistes français en Amérique», affirme Laura Coyle. Des cartes postales d’Orléans, dont Jeanne d’Arc a levé le siège, des planches de Nadar montrant Sarah Bernhardt dans le rôle de la martyre, des poupées de papier à découper à son effigie, un tableau Art Nouveau de Mucha sont sortis des bibliothèques universitaires ou de celle du Congrès ainsi que des musées d’art moderne de New York ou de la National Gallery de Washington. En Amérique même, l’image de Jeanne est récupérée dès la fin du XIXe siècle. L’écrivain Mark Twain publie en feuilleton dans le magazine Harper’s de New York en 1896 la vie romancée de l’héroïne patriotique, son «plus grand livre» d’après lui, un avis que n’ont jamais partagé les critiques. Des cirques américains célèbrent, avec force trapèzes, costumes et feux d’artifice, la courte vie héroïque de Jeanne. Les suffragettes en 1913 se saisissent de son image moderne de jeune fille habillée en homme pour défiler sur le dos d’un cheval blanc dans les manifestations devant le Capitole. Une statue équestre de Jeanne d’Arc a été érigée en 1922 dans un parc de Washington. Copie de celle située à côté de la cathédrale de Reims, elle a été offerte par les femmes de France aux femmes d’Amérique. «En Amérique, on admire Jeanne d’Arc d’abord pour sa sainteté (elle a été canonisée dans les années 1920), mais aussi pour son courage, son patriotisme et parce qu’elle a bousculé la loi des sexes», conclut la commissaire de l’exposition. Virginie MONTET (AFP)

Une exposition à Washington célèbre l’inattendu héritage américain de Jeanne d’Arc, dont l’image d’héroïne patriotique, de féministe et sainte a été très populaire au début du XXe siècle outre-Atlantique.
«Jeanne d’Arc est un personnage réel, né vers 1412 à Domrémy», avertit l’exposition présentée à la Corcoran Gallery of Art.
«Beaucoup d’Américains...