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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES - Un Américain et une Japonaise spécialistes du video art Gary Hill et Tabaimo, deux artistes multimédias à la Fondation Cartier

La Fondation Cartier à Paris accueille jusqu’au 4 février deux artistes multimédias, l’Américain Gary Hill et la Japonaise Tabaimo qui, chacun à sa manière, interpellent le spectateur, considéré comme partie intégrante de leurs œuvres. Précurseur de l’introduction de la vidéo dans l’art, Gary Hill, 55 ans, a conçu spécialement pour la Fondation Cartier deux installations monumentales qui explorent certains des thèmes récurrents de son œuvre : le corps comme instrument de compréhension, les relations entre langage et image, les notions de point de vue et de valeur. Dans Guilt, Hill met en scène sa propre agression physique et prend à partie le spectateur dans sa réflexion sur la notion de culpabilité individuelle et collective. L’installation est composée de cinq puissantes lunettes braquées sur autant de pièces d’or sur lesquelles sont gravées des images de l’artiste battu ou flagellé. Chaque pièce est illustrée de maximes en latin et en anglais qui évoquent la nature ou la valeur de l’art, multipliant les lectures de l’œuvre. Audibles uniquement au niveau des lunettes, des «douches sonores» déversent un monologue vif et cru de l’artiste, qui prolonge la réflexion sur le processus de création. Plus politique, la seconde installation, intitulée Frustrum et particulièrement spectaculaire, questionne aussi bien les ressorts de la société de consommation que l’impérialisme américain. Dans cette installation multimédia, un gigantesque aigle en image de synthèse semble vouloir s’échapper du pylône électrique dans lequel il est enfermé, au bord d’un véritable bassin rempli de 7000 litres d’huile noire. À intervalles réguliers, ses vigoureux battements d’ailes virtuels, ponctués de saisissants claquements de fouet, provoquent à la surface du liquide de réelles ondes qui viennent se briser sur un bloc d’or qui affleure au centre du bassin. «Étoile montante» de l’art vidéo, Tabaimo, 32 ans, qui a été à 23 ans la plus jeune artiste à recevoir le prestigieux Kirin Contemporary Art Award, récompensant les artistes japonais émergents, présente pour la première fois son travail en France. Ses œuvres, qui associent l’esthétique des estampes à la technologie numérique et se jouent des stéréotypes japonais, offrent une vision plutôt sombre de la société nipponne contemporaine. Les trois installations vidéos présentées entraînent le spectateur dans un univers où l’étrangeté et le malaise s’infiltrent dans l’apparente normalité du quotidien. Les écrans de Japanese Commuter Train (2001), où l’artiste met en scène «des informations passées par le filtre des médias», embarquent littéralement le visiteur à bord d’un train de banlieue où des scènes incongrues surgissent sous le regard impassible des passagers: un homme pond un œuf, une écolière est transformée en sushi, un enfant est pendu à un anneau, tandis que des voyageurs tombent des quais. Dans Haunted House (2003), le visiteur, placé en position de voyeur, découvre d’inquiétantes scènes, étranges ou cruelles, au gré d’un faisceau lumineux qui balaie des façades d’immeubles. Plus intime, Midnight Sea (2006), qui associe une esthétique épurée à des références traditionnelles, explore les correspondances linguistiques et culturelles entre la mer et le corps : surface et peau, vagues et rides dissimulent des abysses où palpitent des entrailles.
La Fondation Cartier à Paris accueille jusqu’au 4 février deux artistes multimédias, l’Américain Gary Hill et la Japonaise Tabaimo qui, chacun à sa manière, interpellent le spectateur, considéré comme partie intégrante de leurs œuvres.
Précurseur de l’introduction de la vidéo dans l’art, Gary Hill, 55 ans, a conçu spécialement pour la Fondation Cartier deux installations...