Rechercher
Rechercher

Actualités

Le verdict « marque la fin d’une période noire », déclare Maliki ; les sunnites crient au complot US Saddam Hussein condamné à la mort par pendaison pour le massacre de Doujaïl

Un tribunal irakien a condamné hier à la pendaison un Saddam Hussein visiblement ému par la sentence mais toujours prêt à braver la cour, criant « Longue vie à l’Irak » alors qu’on l’emmenait hors de la salle d’audience. Le juge a ordonné aux gardiens d’obliger le président déchu, tremblant, un exemplaire du Coran à la main, à se lever pour entendre la sentence de mort, prononcée contre lui et deux de ses lieutenants après le massacre dans les années 1980 de 148 villageois chiites. « Ne me tordez pas les bras », a répété par deux fois à ses gardes l’ancien président, dont la sentence ne sera pas immédiatement exécutée en raison d’une procédure d’appel automatique. Ce verdict « marque la fin d’une période noire », a déclaré le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, dans une déclaration télévisée, tandis que dans les quartiers chiites de Bagdad, comme au Koweït, envahi par l’ancien dictateur lors de la première guerre du Golfe, retentissaient des cris de joie. Des mouvements de protestation par contre étaient observés dans les bastions sunnites. « Le verdict rend justice aux familles de Doujaïl et à toutes celles qui ont subi l’injustice du dictateur. Il marque la fin d’une période noire de l’histoire de ce pays et en ouvre une autre, celle d’un Irak démocratique et libre », a dit M. Maliki. La procédure d’appel débute aujourd’hui La procédure d’appel, engagée automatiquement après la condamnation à mort de trois accusés et la condamnation à la prison à vie d’un quatrième, débute aujourd’hui, a indiqué le juge Raëd Jouhi, du Haut tribunal pénal, au cours d’une conférence de presse tenue aussitôt après le verdict. « L’appel contre le verdict démarre demain (lundi) et va durer 30 jours », a dit ce juge. Selon lui, la chambre d’appel n’a cependant pas de date limite pour rendre sa décision. Si elle estime que l’appel est fondé, un nouveau procès doit avoir lieu. Lors de l’énoncé du verdict, Saddam Hussein a constamment tenté d’interrompre le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane en criant « longue vie à l’Irak ». Il est apparu visiblement secoué par la condamnation. « Dieu est plus grand que l’occupant », a-t-il clamé, alors que quatre gardes l’emmenaient de la salle d’audience, les mains liées dans le dos. Tikriti et Bandar condamnés à mort Barzan Ibrahim al-Tikriti, l’un des trois demi-frères de Saddam Hussein, et l’ancien président du tribunal révolutionnaire, Awad Ahmad al-Bandar, ont également été condamnés à la peine capitale par le tribunal, siégeant dans le secteur fortifié de la zone verte à Bagdad. À l’énoncé de sa condamnation, M. Bandar a lancé « Allah Akbar pour tous les traîtres » avant d’être expulsé. Pour sa part, Barzan al-Tikriti, dont les imprécations ont provoqué de nombreux incidents de séance au cours des 40 audiences du procès, a clamé à plusieurs reprises : « Vive le Baas, le parti des valeurs », en référence à l’ancien parti unique aujourd’hui dissous, alors que le juge lui demandait de se taire. L’ancien vice-président irakien, Taha Yassine Ramadan, un dur parmi les durs de l’ancien régime, a été condamné à la prison à vie, alors que la peine de mort avait été requise contre lui par le procureur général Jaafar al-Moussaoui. Trois anciens dirigeants locaux du Baas, Abdallah Kadhem Roueid, son fils Mezhar Abdallah Roueid et Ali Daeh Ali, ont été condamnés à 15 ans de prison. Un quatrième, Mohammad Azzam al-Ali, a été acquitté, conformément aux réquisitions du procureur général. Joie à Sadr City L’ambassadeur américain en Irak, Zalmay Khalilzad, a salué le verdict et invité les Irakiens à « tourner la page » et à s’unir pour un avenir meilleur. « Ce jour marque une étape importante pour l’Irak, qui vient de franchir un nouveau pas vers la construction d’une société libre fondée sur le respect de la loi », a estimé l’ambassadeur américain. L’audience a duré moins de 40 minutes et clôture un procès qui s’est tenu du 19 octobre 2005 au 27 juillet 2006. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue à Sadr City, fief des milices du chef radical Moqtada Sadr, enfreignant le couvre-feu, pour exprimer leur joie. Brandissant des drapeaux irakiens dans une ambiance de fête, la foule a salué le verdict, faisant le V de la victoire, et réclamé « que le tribunal livre Saddam au peuple pour qu’il l’exécute lui-même ». Dans le reste de Bagdad, où le couvre-feu est plus strictement appliqué, il n’y a pas eu de grands rassemblements, mais les habitants donnaient volontiers leur point de vue. Quelques rafales éparses marquaient de discrètes célébrations de joie. Mais le ton était tout autre dans la province de Salaheddine, dont la capitale, Tikrit, est un ancien fief de Saddam Hussein. « La condamnation à la pendaison de l’ancien président fait partie du complot américain. Saddam Hussein était un symbole de la libération de l’Irak », juge le Dr Mouzahim Allaoui, professeur d’université. « Le verdict avait été préparé de longue date à Washington et à Tel-Aviv », renchérit Qoussaï Addai, fonctionnaire. Parallèlement, dans le cadre des mesures de sécurité adoptées par le gouvernement en ce jour, l’agence officielle jordanienne Petra a annoncé que l’Irak a décidé de fermer sa frontière avec la Jordanie, sans fournir d’explication. « Les autorités irakiennes ont décidé de fermer leur poste-frontière d’al-Karameh au trafic de camions et de voitures, une mesure concernant à la fois les arrivées et les départs, à compter de dimanche et jusqu’à nouvel avis », a indiqué l’agence de presse jordanienne.
Un tribunal irakien a condamné hier à la pendaison un Saddam Hussein visiblement ému par la sentence mais toujours prêt à braver la cour, criant « Longue vie à l’Irak » alors qu’on l’emmenait hors de la salle d’audience. Le juge a ordonné aux gardiens d’obliger le président déchu, tremblant, un exemplaire du Coran à la main, à se lever pour entendre la sentence de mort,...