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Actualités - CHRONOLOGIE

En termes de superficie, la production a connu une croissance de 310 % en un an Le boom de l’agriculture biologique au Liban

Dans un pays où l’agriculture conventionnelle peine à se faire de la place, l’agriculture biologique commence à prendre de l’ampleur même si sa part dans le secteur reste modeste avec près de 0, 31 %. Ainsi, ce mode de culture connaît environ une croissance de 30 % par an dans le monde. L’appétit des grands groupes européens (Danone, Céréal, Bjork, etc) pour ce marché est la preuve de son potentiel de développement. Au Liban, le marché double tous les ans et la production en termes de superficie a connu en un an une croissance de 310 % (185 hectares en 2003 à 758 hectares en 2004). Cette tendance croissante a également contaminé des pays voisins tels que l’Égypte (4 167 hectares), la Turquie (44 552 hectares) et Israël (5 000 hectares). Agriculture bio = certificat L’agriculture biologique prête toujours a confusion dans son mode, sa nature et ses finalités. En réalité, il ne suffit pas de cultiver sans pesticides pour qualifier la semence de biologique. Ce mode exige une longue préparation des terrains et des suivis particuliers. Aux États-Unis, par exemple, un terrain doit être contrôlé pendant trois ans avant d’être reconnu comme biologique. Globalement, le produit final doit être certifié soit par un organisme international, soit via un intermédiaire local qui représente cet organisme, ou par une entité de certification locale. Outre l’intérêt écologique et sanitaire de ce mode de production, l’agriculture biologique présente une approche de productivité de long terme. Ainsi, l’initiateur du marché de Souk el-Tayeb, Kamal Mouzawak, explique que deux perspectives de production se présentent : une perspective de productivité durable, telle que l’agriculture traditionnelle ou biologique, et une autre à résultat immédiat, comme la culture d’OGM. Économiquement, il affirme que le mode biologique est le plus profitable puisqu’il permettra d’utiliser le terrain plus longtemps et de mieux le rentabiliser. En termes de coûts, malgré les apparences, l’agriculture biologique est également aussi compétitive que la culture conventionnelle. Certes, une culture biologique exige plus d’employés et de contrôle en raison du non-usage de pesticides. De plus, elle est souvent limitée en termes de superficie et s’avère très coûteuse en termes de certifications. Mais, d’un autre côté, la culture conventionnelle présente un grand nombre d’externalités négatives dues au mauvais usage du terrain, à l’excès de pesticides, aux conséquences négatives sur la santé, etc. Ainsi, plusieurs études de faisabilité ont montré que si ces externalités étaient intégrées dans le calcul, la production biologique est au moins aussi coûteuse qu’une production conventionnelle. Problèmes du bio au Liban Malgré la création récente d’une entité de certification locale, Libancert, toutes ces procédures continuent de passer par des organismes internationaux. Ceci rend le processus de contrôle et de certification plus coûteux en termes financiers et de temps. Au problème de certification s’ajoute celui de l’absence de législations. Au niveau de la recherche, le nombre d’études réalisées est limité et ce mode de culture est peu intégré dans les programmes académiques. Quant aux débouchés sur le marché local, ces produits souffrent aussi d’une méconnaissance de la part des consommateurs. L’agriculture biologique et ses modalités restent un concept peu connu. Des adeptes de ce mode de culture ont récemment commencé à vulgariser ce concept à travers des foires, des campagnes, mais surtout à travers le contact direct avec l’agriculteur et les consommateurs Pour Rami Zurayk, enseignant a l’AUB, le problème va au-delà de la vulgarisation, c’est un problème d’habitude et de réflexes de consommation. « Le problème essentiel est la définition des priorités de dépenses », souligne-t-il. En effet, cette culture a toujours une connotation « bourgeoise », sachant qu’elle cible majoritairement les citoyens à revenu moyen et élevé. Un produit biologique est effectivement 20 à 50 % plus cher qu’un produit ordinaire. Mais « il faut mettre le prix dans son contexte général, un produit biologique exige plus de temps, de savoir-faire, de contrôle, etc », a relevé M. Mouzawak. Au-delà du marché local, M. Zureyk souligne ainsi le potentiel des exportations biologiques vers les pays du Golfe, plus aisés, ou de l’Union européenne, dont les consommateurs sont plus sensibilisés à ce type de production. Toutefois, l’exportation de ces produits reste tributaire du caractère saisonnier de la production, contrairement à d’autres modes de culture qui permettent de contourner les effets climatiques. Autre problème dont souffre ce secteur encore embryonnaire par rapport à d’autres est l’absence de soutien étatique. « Il est impossible de développer l’agriculture sans subventions. Aux États-Unis, plus de 300 milliards de dollars sont offerts sous forme de subventions. En Europe également, les agriculteurs reçoivent des aides pour chaque hectare cultivé biologiquement », explique-t-il. Pour lui, l’agriculture biologique ne devient signifiante que lorsqu’elle fait partie intégrante d’une politique économique. « Il faut déclarer le pays entièrement bio », estime M. Zurayk, qui reconnaît que ce « rêve peut paraître absurde ». Ceci est malheureusement le cas, surtout dans un pays où l’agriculture tout court est délaissée et ne figure toujours pas dans les priorités gouvernementales. Magali GHOSN
Dans un pays où l’agriculture conventionnelle peine à se faire de la place, l’agriculture biologique commence à prendre de l’ampleur même si sa part dans le secteur reste modeste avec près de 0, 31 %.
Ainsi, ce mode de culture connaît environ une croissance de 30 % par an dans le monde. L’appétit des grands groupes européens (Danone, Céréal, Bjork, etc) pour ce marché est la...