Tête-à-tête de deux heures hier à Paris entre le leader du PSP et le chef du Courant du futur pour préparer le dialogue de lundi Hariri et Joumblatt fourbissent leurs armes et définissent une stratégie de confrontation face aux menées de l’opposition

PARIS, d’Élie MASBOUNGI Retour des États-Unis où il a eu pendant plusieurs jours d’importants entretiens sur la situation au Liban avec les dirigeants américains, M. Walid Joumblatt a rencontré hier après-midi dans un palace parisien M. Saad Hariri, leader du Mouvement du futur. Ce tête-à-tête de deux heures (de 14h30 à 16h30, heure de Paris) a permis aux deux leaders de faire le point de la situation au Liban et d’unifier dans les moindres détails leurs vues sur la crise actuelle afin d’y faire face en parfaite harmonie, a indiqué une source proche de M. Hariri. Il s’agissait, selon cette source, d’envisager toutes les formes que pourrait prendre la confrontation actuelle avec les détracteurs du gouvernement de manière à soutenir de la manière la plus ferme le cabinet Siniora. M. Joumblatt, qui semble avoir obtenu l’aval de Washington pour adopter cette ligne dure face à l’opposition, aurait souligné durant la réunion que le Liban fait face actuellement à un véritable complot de la part de l’opposition, alliée, selon ses propres termes, à Damas et à Téhéran. Il a souligné dans ce contexte que c’est au mouvement du 14 Mars de faire face à la situation et de relever tous les défis qui en découleraient, y compris le recours à des manifestations de rue pour soutenir M. Siniora et son équipe et défendre ainsi l’indépendance et la souveraineté du Liban. On apprend qu’au cours de cette réunion, M. Joumblatt a rendu compte en détail à M. Hariri de sa visite aux USA et de tous ses entretiens avec les responsables à Washington. M. Hariri a posé plus d’une question sur la teneur de ces entretiens et sur le soutien des États-Unis et de la communauté internationale au gouvernement libanais. MM. Joumblatt et Hariri ont estimé qu’en tant que principaux pôles du mouvement du 14 Mars, ils se doivent de définir une seule et même ligne d’action face aux menées de leurs adversaires et que seule une alliance solide entre eux peut constituer le ciment de l’unité des forces du 14 Mars, et par conséquent une garantie contre les tentatives de déstabilisation du Liban. La question du tribunal international a été bien entendu évoquée et longuement discutée durant ce tête-à-tête. MM. Hariri et Joumblatt ont estimé que le processus de formation de cette instance est lancé contre vents et marées affirmant, selon des personnes proches de Joumblatt et Hariri, que les deux leaders ont affirmé explicitement que « quiconque tente de s’opposer à la formation de ce tribunal s’accuse lui-même de contribution à l’assassinat de Rafic Hariri ». Les deux leaders auraient par ailleurs confirmé leur participation au dialogue qui doit s’ouvrir lundi à Beyrouth sur la base des attitudes fermes discutées et approuvées au cours de cette réunion parisienne et dont les grandes lignes pourraient être rendues publiques lors d’une émission spéciale de la LBCI, dimanche, avec Saad Hariri comme invité. MM. Hariri et Joumblatt resteront à Paris au cours du week-end et pourraient avoir des contacts avec des personnalités françaises et étrangères. Signalons par ailleurs que le Liban était à l’ordre du jour des entretiens qu’a eus hier à Paris le nouveau secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, qui a conféré dans la matinée avec le ministre des Affaires étrangères, M. Philipe Douste-Blazy, avant d’être reçu à l’Élysée par le président Jacques Chirac, qui l’a retenu à déjeuner. Il s’est en outre entretenu dans l’après-midi avec le Premier ministre, M. Dominique de Villepin.