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Actualités - REPORTAGE

Comme le Royaume-Uni, d’autres pays d’Europe s’interrogent sur le voile

Le débat actuel sur le « niqab » au Royaume-Uni prolonge celui entamé dans de nombreux autres pays européens, où le voile islamique est devenu le symbole des interrogations sur l’intégration des musulmans. France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Suède... les pays européens sont confrontés à des degrés divers à la même question, face à des voiles qui se sont fait plus nombreux ces dernières années et sont devenus parfois la marque la plus visible d’une « séparation » des communautés, selon les termes du Premier ministre britannique Tony Blair. « Dans la plupart des pays européens, un débat similaire est en cours », a-t-il récemment souligné, ajoutant que derrière la question du voile se dessinait un débat plus large, « sur la relation entre notre société et comment la communauté musulmane s’y intègre ». Au Royaume-Uni, où les attentats du 7 juillet 2005 ont remis en cause le modèle « multiculturel » cher aux Britanniques, le débat s’est concentré ces derniers jours sur le « niqab », tenue islamique pourtant marginale, qui ne laisse voir que les yeux : une institutrice de 24 ans, Aishah Azmi, a été suspendue après avoir refusé de l’enlever en classe. Les prud’hommes locaux ont refusé l’argument qu’elle avait été victime de discrimination, mettant en avant l’intérêt des enfants. Comme dans d’autres pays européens, le gouvernement a laissé aux autorités locales la responsabilité de la décision. Quelque 1,6 million de musulmans vivent au Royaume-Uni, majoritairement pakistanais et bangladais. La France, les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique... La France, pays européen avec la plus forte proportion de musulmans (environ 5 millions, principalement du Maghreb), est à ce jour l’un des rares à avoir légiféré au niveau national, interdisant en mars 2004 le port de signes religieux ostentatoires à l’école publique, dont le hijab, voile qui laisse l’essentiel du visage dégagé. Le niqab y reste très minoritaire, mais commence également à susciter un malaise. Un député UMP (droite/majoritaire), Jacques Myard, a ainsi déposé en avril une proposition de loi préconisant deux mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende en cas de violation du principe selon lequel « toute personne allant et venant sur le territoire de la République doit avoir le visage découvert permettant aisément sa reconnaissance ou son identification ». Selon lui, le niqab « est une violation de l’égalité des sexes, un très grave danger pour le vouloir- vivre ensemble ». Aux Pays-Bas, où 5,8 % de la population est musulmane et où les fonctionnaires peuvent porter le voile sauf « si celui-ci interfère avec la sécurité, la fonctionnalité ou l’impartialité », le débat se concentre également désormais sur la « burqa » (version afghane du niqab), même si elle ne concerne qu’une minorité. Le Parlement, il y a un an, a voté pour l’interdire dans les lieux publics, mais la mesure n’est pas encore appliquée, le ministère de la Justice estimant qu’elle est en contradiction avec la loi antidiscrimination. En Italie, où vivent environ un million de musulmans, la question du voile a été relancée la semaine dernière par une déclaration du chef du gouvernement Romano Prodi. « Si une femme veut porter le voile, très bien », mais le « bon sens » demande que son visage ne soit pas caché, a-t-il dit. En Belgique, où les musulmans, pour l’essentiel d’origine marocaine ou turque, représentent 4,5 % de la population, la question du voile revient aussi régulièrement, mais la réglementation en incombe aux autorités locales. Un petit nombre de communes, en Flandre (Nord) et à Bruxelles, ont interdit la burqa ou d’autres vêtements masquant entièrement le visage, en se basant sur des règlements de police prévus pour... le port des masques de carnaval. Barroso critique le voile Et le débat fait également rage en Turquie, pays musulman à 99 % mais strictement laïc, où les voiles sont interdits depuis des années dans les universités et la fonction publique. Le pays est profondément divisé sur la question. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, est par ailleurs intervenu dans le débat sur le voile islamique en affirmant que cette tradition pouvait constituer un obstacle à une bonne communication. « Il y a des questions de simple bon sens, explique M. Barroso. Je vous donne un exemple : une enseignante qui se présente devant ses élèves le visage entièrement voilé ne fait pas quelque chose de raisonnable dans notre société. » « Et, en général, si une personne veut communiquer, elle ne peut pas se présenter avec un voile qui lui couvre entièrement le visage sauf un petit espace pour les yeux. Il est clair que c’est un obstacle » à la communication, ajoute le chef de la Commission européenne.
Le débat actuel sur le « niqab » au Royaume-Uni prolonge celui entamé dans de nombreux autres pays européens, où le voile islamique est devenu le symbole des interrogations sur l’intégration des musulmans.
France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Suède... les pays européens sont confrontés à des degrés divers à la même question, face à des voiles qui se sont fait plus...